Morley Callaghan | l'Encyclopédie Canadienne

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Morley Callaghan

Ses deux romans suivants, It's Never Over (1930) et A Broken Journey (1932), mettent en évidence sa perception de deux mondes apparemment inconciliables, celui de la jungle matérialiste où l'individu tente de se retrouver et le royaume spirituel de la confiance et de la foi.

Morley Edward Callaghan, romancier, nouvelliste et animateur de radio et de télévision (Toronto, 22 févr. 1903 -- id., 25 août 1990). Après des études à l'U. de Toronto et à l'école de droit Osgoode Hall, Callaghan publie ses premières nouvelles dans Paris in This Quarter (1926) et Transition (1927). Son premier roman, Strange Fugitive, paraît en 1928. Ezra Pound lui achète deux nouvelles pour un numéro de la revue Exile, et dès 1929, Callaghan publie régulièrement dans Atlantic Monthly, Harper's Bazaar, Scribner's et The New Yorker, tout en travaillant comme journaliste à Toronto et à Montréal.

Ses deux romans suivants, It's Never Over (1930) et A Broken Journey (1932), mettent en évidence sa perception de deux mondes apparemment inconciliables, celui de la jungle matérialiste où l'individu tente de se retrouver et le royaume spirituel de la confiance et de la foi. Dans Such is my Beloved (1934; trad. Telle est ma bien-aimée, 1974), on fait face sans ambiguïté à ce même problème. Le protagoniste, le père Dowling, gagne la confiance de deux prostituées, mais est mis à l'écart par tout son entourage, y compris son évêque. Avec They Shall Inherit the Earth (1935), on progresse dans la résolution de ce conflit fondamental. Les personnages centraux, un homme et une femme, arrivent à réconcilier amour spirituel et amour physique. Dans un autre roman tout à fait remarquable, More Joy in Heaven (1937), un pilleur de banques repenti est accueilli par la communauté comme un fils prodigue, mais paie de sa vie quand il essaie de prévenir un vol de banque. De 1937 à 1950, Callaghan garde le silence, sauf pour Luke Baldwin's Vow (1948; trad. La Promesse de Luke Baldwin, 1980), une histoire pour enfants, et The Varsity Story (1948), un volume sur l'U. de Toronto. Puis, en 1951, il publie un roman qui constitue probablement son chef-d'oeuvre : The Loved and the Lost. Il y revient de façon intense, dans le cadre de Montréal, sur le thème du conflit entre éternité et univers matériel, univers sacré et espace profane. Après la richesse et la complexité de ce roman, Callaghan publie un recueil de nouvelles, Morley Callaghan's Stories (1959), puis le roman The Many-Coloured Coat (1960), où l'on décèle dans un environnement montréalais des échos du récit biblique de Joseph et de ses frères. Dans A Passion in Rome (1961; trad. Cette belle faim de vivre, 1976), des amants trouvent au sein du monde profane une solution au conflit entre monde physique et espace spirituel à l'occasion de l'élection et de l'accession au trône pontifical d'un nouveau pape. Dans tous ces romans, Callaghan revient sur sa recherche constante d'une signification spirituelle au monde temporel.

S'il publie relativement peu dans les années 50, il n'est pas oisif pour autant. En effet, il s'affirme dans les médias électroniques comme une personnalité aimée du public. En 1960, le critique américain Edmund Wilson affirme qu'il est victime d'une « négligence injustifiée » et le compare à Tchekhov et à Tourgueniev. Cette déclaration est incontestablement la cause de réimpressions multiples des oeuvres de Callaghan, qui a déjà été publié en France, en Allemagne, en Italie, au Japon, en Suède et en Chine, où son intérêt pour les « petites gens » séduit les lecteurs. That Summer in Paris (1963; trad. Cette été-là à Paris, 1976), rédigé à partir de ses souvenirs de 1929, est un des ouvrages les plus remarquables du genre dans la littérature canadienne. En 1975, Callaghan publie A Fine and Private Place (trad. Clair obscur, 1983), roman dans lequel un écrivain est à la fois l'idole et la victime d'une nouvelle génération. Enfin, dans A Time for Judas (1983), Callaghan aborde le problème majeur de la dichotomie entre sainteté et faiblesse humaine. Judas est peut-être le symbole le plus réussi de ce conflit entre le temporel et le spirituel qui parcourt toute son oeuvre. À ses yeux, Judas se sentait terriblement isolé. « La mort, affirme Callaghan, est mystérieuse, mais on est capable d'orienter sa vie dans le sens que l'on choisit. C'est cela qui constitue notre vérité. »

Serait-ce à cause de ses préoccupations métaphysiques à l'égard du temps et de l'éternité? Toujours est-il que l'entreprise littéraire de Callaghan n'a pas obtenu auprès des Canadiens l'accueil qu'elle méritait, alors que, dans le monde littéraire, il est devenu un véritable classique. Couronné de prix et de récompenses diverses, honoré à divers titres, Callaghan a reçu le prix du Gouverneur général pour The Loved and the Lost en 1951 ainsi que le prix de la Banque Royale et l'Ordre du Canada.

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