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Mennonites

Mennonites. Le terme « mennonite » peut s'appliquer à la fois aux membres des diverses églises mennonites et, à un niveau plus général, aux descendants non pratiquants des mennonites.

Mennonites

Mennonites. Le terme « mennonite » peut s'appliquer à la fois aux membres des diverses églises mennonites et, à un niveau plus général, aux descendants non pratiquants des mennonites. L'église mennonite se forma en Europe Centrale au XVIe siècle, à partir du mouvement anabaptiste lancé dans la foulée de la réforme luthérienne par Menno Simons (1492-1559), qui devint l'un des premiers chefs de cette église. Les mennonites ne baptisent que les adultes, refusent de prêter serment ou de partir à la guerre, et préconisent la séparation de l'Église et de l'État.

Les premiers mennonites vinrent de la Pennsylvanie au Canada à la fin du XVIIIe siècle et s'établirent surtout en Ontario, particulièrement dans les comtés d'Essex, de Lincoln, de Perth, de Waterloo et d'York (quelques petits groupes se rendirent jusqu''en Saskatchewan et en Alberta, et d'autres s'installèrent plus tard dans l'est du Québec). Ces mennonites dits de l'Est ou de « Pennsylvanie » étaient d'origine suisse alémanique ou allemande méridionale (d'où l'appellation commune « mennonites suisses »), et le dialecte qu'ils utilisaient était foncièrement du haut allemand, considérablement mêlé d'anglais. Alors qu'aujourd'hui, l'anglais est utilisé à la fois à la maison et à l'église par la plupart des mennonites de ce groupe, les mennonites conservateurs de Pennsylvanie (Old Order et autres communautés) utilisent toujours le dialecte à la maison et l'allemand presque exclusivement à l'église. D'autres mennonites venus au Canada émigrèrent directement d'Europe (principalement de Russie, d'où leur nom de « mennonites russes ») au cours des années 1870 et 1920 et après la Deuxième Guerre mondiale, établissant des communautés dans les provinces de l'Ouest (en particulier à Winnipeg, la localité qui compte le plus de mennonites au monde) et, à un degré moindre, en Ontario, dans le comté de Waterloo, la péninsule de Niagara, et sur les rives du lac Érié. En 1991, les germanophones étaient minoritaires, et leurs églises offraient aussi l'office en anglais. En 1990, on comptait près de 1000 congrégations mennonites au Canada, soit 200 000 individus environ, dont plus de 108 000 baptisés. Une partie des mennonites (91 p. cent en 1941, mais seulement 15 p. cent en 1990) demeure dans des zones rurales, l'agriculture étant leur principale occupation. Parmi ceux-ci, on compte moins de 5000 amish et mennonites de l'Old Order et quelque 4000 mennonites de l'Old Colony (estimations de 1990). Vivant en marge de la société canadienne, ils portent des vêtements traditionnels distinctifs, fréquentent des écoles séparées et évitent le progrès technologique et les divertissements « mondains ». Quant aux groupes canadiens les plus importants, ils comprennent notamment les Old Mennonites (ou mennonites « suisses », regroupés au sein de l'église mennonite; 14 000 membres se réunirent en 1990 lors de la Mennonite Conference of Eastern Canada), la General Conference - ou Conference of Mennonites in Canada - et la Mennonite Brethren (quelque 30 000 et 26 000 membres respectivement en 1990, « russes » pour la plupart). Moins stricts, ces groupes s'intègrent davantage à la société.

La seule musique permise dans les églises amish, ainsi que dans celles de l'Old Colony et de l'Old Order, est le chant interprété par les fidèles à l'unisson et sans accompagnement. La tradition remonte à la Réforme et se base en particulier sur l' Ausbund (Suisse, 1564; souvent réédité), un hymnaire d'airs sacrés et séculiers accompagnant des textes qui évoquent souvent les persécutions dont les premiers anabaptistes furent victimes. Les mennonites de l'Old Colony utilisent un hymnaire mennonite russe du XIXe siècle, d'abord imprimé sous le titre Geistreiches Gesangbuch en Prusse (« Spiritual Kingdom Songbook », Königsberg 1767 et Marienwerder 1780), puis révisé sous le titre Gesangbuch, Eine Sammlung Geistlicher Lieder zur Allgemeinen Erbauung und zum Lobe Gottes (« Songbook : A Collection of Spiritual Songs... », Mennonitisches Verlagshaus 1977). Pour chacun des hymnes, le livre propose une mélodie « longue » (lange Weise) lente et ornée et une mélodie brève (kurze Weise) aussi appelée « mondaine ». Malgré la désapprobation officielle, quelques jeunes gens de l'Old Colony exécutent également des chants profanes et s'adonnent aux danses carrées. Les mennonites de l'Old Order utilisent un hymnaire intitulé Die Gemeinschaftliche Liedersammlung (« Congregational Song Collection », Berlin, Ont. 1836 et éditions ultérieures). La plupart de ses 205 hymnes sont tirés de l'hymnaire mennonite amér. Unpartheyisches Gesang-Buch (« Non-denominational Songbook », Johann Bärs, Lancaster, Penn., 4e éd. 1829) qui inclut lui-même des hymnes appartenant à l'hymnaire Neu-Vermehrt und Vollständiges Gesangbuch (s.é. 1753) de l'église réformée. Les jeunes gens de l'Old Order chantent des hymnes « rapides » et des chansons country et western durant leurs « soirées de chant » du dimanche (destinées avant tout à encadrer les rencontres sentimentales). D'autres s'adonnent à des danses folkloriques accompagnées à l'harmonica.

Dans la plupart des autres rassemblements mennonites, le chant est harmonisé à quatre voix et parfois accompagné à l'orgue ou au piano. Souvent, un tel chant est dirigé par un chef d'attaque - vieille tradition dans beaucoup de communautés mennonites. Les Old Mennonites, la General Conference et les Mennonite Brethren publient leurs propres hymnaires. The Mennonite Hymnary (General Conference of the Mennonite Church of North America 1940) et The Mennonite Hymnal (Faith and Life Press 1969) en sont des exemples. Quelques-uns de leurs hymnes ont été écrits par des mennonites, mais la plupart sont communs aux hymnaires d'autres dénominations, beaucoup ayant été retenus à cause de leurs arrangements pour quatre voix ou leurs harmonisations particulières. Presque toutes les publications du genre ont été préparées par des comités conjoints représentant les mennonites de plusieurs pays. Benjamin Horch participa, de concert avec des membres du comité du Canada, des États-Unis et de l'Amérique du Sud, à la préparation du Gesangbuch der Mennoniten Bruedergemeinde (« Songbook of the Mennonite Brotherhood », Winnipeg 1952), et George Wiebe contribua à la compilation du Gesangbuch der Mennoniten (Faith and Life Press 1965) et du Mennonite Hymnal déjà mentionné. Un hymnaire antérieur, Gesangbuch der Mennoniten (General Conference of North America 1942, édition dirigée par D.H. Epp, J.G. Rempel et David Paetkau), est reconnu comme le premier hymnaire allemand pour le Canada à avoir été entièrement produit par un comité de dir. canadiens. En 1991, un nouveau Mennonite Hymnal était en préparation. Certains des hymnes qu'on y a retenus reflètent les aspirations d'une communauté internationale mennonite qui grandit (en Amérique du Nord, Amérique centrale, Afrique et Asie). C'est ce qu'indiquaient déjà le Hymnal Sampler (Scottdale, Penn. 1989) et certains recueils antérieurs.

La qualité des choeurs mennonites « russes » au Canada peut être attribuée à une forte tradition chorale et aux nombreux festivals de chant mennonites ou « Sängerfeste », genre auquel appartiennent les rassemblements annuels en Alberta et Saskatchewan. Des hommes tels que Benjamin Horch, John Konrad, Kornelius Neufeld et David Paetkau furent parmi les premiers chefs de choeur éminents à voyager dans tout l'Ouest du Canada. Le Mennonite Children's Choir de Winnipeg, dirigé par Helen Litz, a atteint une renommée nationale. D'autres ensembles dirigés par des mennonites comprennent le choeur du Canadian Mennonite Bible College, dirigé par George Wiebe et souvent accompagné par l'Orchestre symphonique de Winnipeg; l'Inter-Mennonite Children's Choir de Kitchener-Waterloo, dirigé de 1967 à 1981 par la fondatrice, Helen Martens; les Menno Singers de Kitchener-Waterloo, dirigé par son fondateur, Abner Martin (1955-79), puis par Jan Overduin (1980-83), William Janzen (1984-86), Leonard Enns (1987-88) et Janzen à nouveau; le choeur du Mennonite Brethren Bible College de Winnipeg, dirigé par William Baerg et souvent accompagné par l'OS de Winnipeg; les Victor Martens Singers et le choeur de l'Université Wilfrid Laurier de Waterloo dirigés par Victor Martens puis Jan Overduin; les choeurs du Conrad Grebel College de l'Université de Waterloo, dirigés par Leonard Enns, Wilbur Maust et Robert Shantz; le Choeur philharmonique de Kitchener-Waterloo, dirigé par Howard Dyck qui anima aussi plusieurs émissions de radio de la SRC; les Oriana Singers of Toronto dirigés par John Ford; le Guelph Chamber Choir, à la tête duquel se trouve Gerald Neufeld. Henry Engbrecht (de Winnipeg) et Paul Klassen (mennonite canadien oeuvrant en Allemagne) sont deux autres chefs renommés. Citons aussi le Faith and Life Male Voice Choir et les Mennonite Singers de Winnipeg), le Mennonite Mass Choir (formation de Kitchener-Waterloo qui se produit chaque année sous la direction de William Janzen, accompagnée par l'Orchestre symphonique de Kitchener-Waterloo), de nombreuses grandes chorales d'église (la plupart de Winnipeg), et des choeurs informels composés de chanteurs triés sur le volet, par exemple celui que Robert Shaw dirigea en 1984 à Winnipeg, ou encore le Mennonite Festival Choir, dirigé par Helmuth Rilling (Winnipeg, 1989) et Robert Shaw (Toronto, 1989). D'autre part, bien des mennonites font partie d'ensembles « profanes ». De nombreux choristes mennonites participent à la série télévisée « Hymn Sing » de la SRC. Du côté de la musique folklorique, mentionnons les formations Dorian (New Hamburg, Ont.), le Rouge River Band (Markham, Ont.) et Just Plain Hollow. Autre formation digne de mention, le Mennonite Symphony Orchestra fut fondé et dirigé (1943-55) à Winnipeg par Benjamin Horch, et remis sur pied en 1978 sous le nom de Mennonite Community Orchestra. Constitué d'élèves avancés - appartenant à plusieurs collèges mennonites de Winnipeg - et de membres de la communauté en général, cet orchestre s'intéresse particulièrement à la commande et à l'enregistrement (à des fins historiques et archivistiques) d'oeuvres de compositeurs mennonites. Parmi ces derniers figurent Carol Dyck, Leonard Enns, Randolph Peters, Linda Schwartz, Carol Ann Weaver et Esther Wiebe. Née à Regina, Linda Schwartz fut chargée de produire le Satori Festival of Canadian music (1986). La Mennonite World Conference qui se tint en juin 1990 lui commanda une fanfare pour orchestre.

Le Canadian Mennonite Bible College et le Mennonite Brethren Bible College, tous deux à Winnipeg, offrent des cours avec grades en musique d'église. La musique y a déjà été enseignée par des professeurs d'origine mennonite enseignant aussi dans d'autres établissements, notamment John Konrad, Benjamin Horch, William Baerg, Doreen Klassen, Peter Klassen et George Wiebe. Au Canada, beaucoup d'établissements mennonites (écoles secondaires, « bible colleges », collèges enseignant les arts libéraux) s'intéressent de près à l'enseignement musical. Citons en particulier les deux collèges de Winnipeg, le Columbia Bible College (Clearbrook, C.-B.), le Steinbach (Manitoba) Bible College et le Conrad Grebel College (Université de Waterloo). Souvent liés à ces établissements, les séminaires sur la direction d'orchestre, les ateliers de chant choral et les camps de musique sont monnaie courante chez les mennonites. Mentionnons aussi les chercheurs que sont Wesley Berg, Doreen Klassen, Peter Letkemann et Helen Martens.

D'autres musiciens réputés, mennonites par conviction ou par tradition, sont les membres de la famille Armin; la pianiste Irmgard Baerg, qui créa avec l'OS de Winnipeg le Mennonite Piano Concerto de Victor Davies (1975), puis l'enregistra avec l'OS de Londres dirigé par Boris Brott (l'oeuvre constitue la bande sonore d'un film produit en 1983 sur les mennonites « russes », And When They Shall Ask...); Joyce Redekop-Fink, claveciniste et ex-membre du Manitoba University Consort; la pianiste Shirley Elias; les fameux musiciens pop Paul Janz, Art Bergmann et Curtis Driedger (qui fit partie du groupe torontois The CeeDees); les ténors Paul Frey, Dennis Giesbrecht, Ben Heppner, Arthur Janzen, Peter Koslowski, John Martens et Victor Martens; les barytons Theodore Baerg, Victor Braun, Jacob Klassen, Daniel Lichti et Alvin Reimer; les basses Mel Braun, John Ens et William Reimer; les sopranos Elizabeth Neufeld, Henriette Schellenberg, Irena Welhasch-Baerg, Edith Wiens et Ingrid (Mary) Suderman (Winkler, Man., 25 octobre 1944), élève de Teo Lindenbaum, Donald Brown, Jacob Hamm et Luigi Wood, gagnante en 1971 des auditions du Metropolitan Opera du district de l'Ouest du Canada et de la région du Nord-Ouest, demi-finaliste en 1972 au Concours international de musique de Montréal, membre de l'ensemble de musique ancienne Hortulani Musicae de Vancouver, et fréquemment soliste avec des choeurs importants de Vancouver. Harold (Irwin) Redekopp (Winnipeg, 30 octobre 1942; A.M.M. 1965, A.R.C.T. 1966, A.C.R.C.O. 1968, B.A., Manitoba, 1965, M.A., ibid., 1968, B.Éd., ibid., 1970) fut l'élève de Filmer Hubble et de Frans Niermeier, o. m. c. à l'église unie Saint Stephen's Broadway à Winnipeg (1969-73) et réalisateur d'émissions de musique sérieuse à la radio de la SRC à Toronto à partir de 1973; en 1991, il était le vice-prés. des programmes régionaux diffusés par les réseaux anglais de la SRC.

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