Mauril Bélanger | l'Encyclopédie Canadienne

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Mauril Bélanger

Mauril Adrien Jules Bélanger, homme politique (né le 15 juin 1955 à Mattawa, Ontario; décédé le 16 août 2016 à Ottawa, Ontario). Député fédéral de la circonscription d’Ottawa-Vanier de 1995 à 2015, il est successivement ministre responsable des Langues officielles, ministre associé de la Défense nationale, ministre responsable de la Réforme démocratique et ministre du Commerce intérieur. Il a notamment été le promoteur d’une réécriture non sexiste des paroles de l’hymne national canadien, le « Ô Canada ».
Mauril Bélanger
Bélanger lors du forum public Open mike / \u00ab \u00c0 micro ouvert \u00bb, Ottawa, 21 octobre 2010

Éducation et début de carrière

Mauril Bélanger est le deuxième d’une famille de cinq enfants. Il fait son cours secondaire à North Bay, dans une école francophone se trouvant à 60 kilomètres de la résidence familiale de Mattawa, un petit village de bûcherons situé dans le moyen-nord de l’Ontario, aux confluents de la rivière Mattawa et de la rivière des Outaouais. Il étudie ensuite la littérature anglaise à l’Université d’Ottawa, où il obtient un Baccalauréat ès Arts.Au milieu des années 1970, il siège pendant deux ans à la Fédération étudiante de l’Université d’Ottawa.

C’est en travaillant de 1980 à 1983 comme adjoint de Jean-Luc Pépin, ministre des Transports dans le gouvernement libéral de Pierre Elliott Trudeau, que Mauril Bélanger amorce sa carrière sur la colline parlementaire. Dans les années 1980, il est aussi conseiller financier et courtier en valeurs mobilières. Au début des années 1990, il est chef de cabinet du président de la Municipalité régionale d’Ottawa-Carleton.

Carrière en politique fédérale

En février 1995, Mauril Bélanger arrive en politique fédérale en remportant une élection partielle visant à remplacer le député libéral Jean-Robert Gauthier, nommé au Sénat par le premier ministre Jean Chrétien. Élu au total huit fois dans la circonscription d’Ottawa-Vanier (en 1995, 1997, 2000, 2004, 2006, 2008, 2011 et 2015), il est député pendant un peu plus de 20 ans (1995-2015).

Chrétien, Jean (1997)
Jean Chrétien à la veille des élections de 1997, au cours des quelles le Parti libéral et lui-même défendent leur majorité (avec la permission de Maclean's).
Copps, Sheila
Sheila Copps démisionne en mai 1996. En effet, elle avait promis de le faire si les libéraux n'abolissaient pas la TPS. Toutefois, elle se présente de nouveau et reprend son siège (avec la permission de Maclean's).
Martin, Paul Edgar Philippe
Le très honorable Paul Martin, ancien premier ministre du Canada et ancien chef du Parti libéral du Canada, 2003-2006 (avec la permission du Parti libéral du Canada).
Michael Ignatieff, homme politique

Comme député dans le gouvernement Chrétien, Mauril Bélanger est président du Comité mixte permanent sur les langues officielles et membre du Comité mixte permanent de la Bibliothèque du Parlement. Entre 1998 et 2000, il est secrétaire parlementaire de la ministre du Patrimoine canadien, Sheila Copps. En décembre 2003, lorsque Paul Martin succède à Jean Chrétien, il fait son entrée au Cabinet à titre de leader adjoint du gouvernement à la Chambre des communes et de whip du parti. À la suite des élections générales de juin 2004, il est à nouveau nommé au Conseil des ministres, où il exerce de nombreuses fonctions ministérielles, notamment comme ministre responsable des Langues officielles, ministre associé de la Défense nationale, ministre responsable de la Réforme démocratique et ministre du Commerce intérieur.

Lors de l’élection des conservateurs, en 2006, Mauril Bélanger est réélu dans sa circonscription. Dorénavant dans l’Opposition officielle, il est successivement critique des questions touchant Patrimoine canadien (2006-2007), Infrastructures et Collectivités (2007), de même que les Langues officielles, Patrimoine canadien et la Francophonie (2007-2008). En 2010, on lui confie à nouveau le rôle de porte-parole du caucus libéral en matière de langues officielles, une fonction qu’il conserve après l’élection générale de 2011. En mai 2012, il devient également « défenseur libéral des coopératives », un rôle crucial dans sa carrière politique. Il est réélu dans sa circonscription d’Ottawa-Vanier le 4 novembre 2015 lors de la victoire du Parti libéral de Justin Trudeau.

Justin Trudeau

Dans les semaines qui suivent, toutefois, Mauril Bélanger apprend qu’il est atteint de la sclérose latérale amyotrophique (SLA, également appelée la maladie de Lou Gehrig ou la maladie de Charcot). Ceci l’oblige à retirer sa candidature au poste de président de la Chambre des communes, qu’il a pourtant d’excellentes chances d’obtenir. Il devient alors porte-parole honoraire national de la Marche pour la SLA, une campagne annuelle menée à travers le Canada afin d’appuyer la recherche sur cette maladie neurodégénérative incurable. Il en meurt le 16 août 2016.

Activisme

Mauril Bélanger est cofondateur de l’Association parlementaire Canada-Afrique, créée en 2003. Cette association, qu’il copréside pendant plusieurs années, vise à favoriser les échanges entre parlementaires canadiens et africains en créant des groupes d’amitié avec l’un ou l’autre des 53 pays d’Afrique inclus dans le partenariat. À partir de mai 2012, il est aussi membre du conseil d’administration du Centre parlementaire, une organisation non gouvernementale vouée au renforcement de la démocratie parlementaire au Canada et à l’étranger.

Au cours de l’année 2016, Mauril Bélanger réclame que la Ville d’Ottawa devienne officiellement bilingue à temps pour les célébrations de 2017 marquant le 150e anniversaire de la Confédération canadienne. Le 27 janvier 2016, ayant perdu la voix en raison de la maladie, il utilise un outil de synthèse vocale électronique pour communiquer avec la Chambre des communes. Le discours écrit sur sa tablette est transposé en paroles et diffusé par une voix électronique dans la tribune. Il s’agit d’une première historique. Le projet de loi d’initiative parlementaire qu’il redépose ainsi a également une valeur hautement symbolique, car il vise à remplacer une phrase sexiste dans la version anglaise de l’hymne national « Ô Canada» afin de le rendre inclusif. Le projet de loi Bélanger propose en effet de remplacer true patriot love in all thy sons command (« un vrai amour de la patrie anime tous tes fils ») par true patriot love in all of us command (« un vrai amour de la patrie nous anime tous »). Le premier projet de loi avait été rejeté en deuxième lecture en avril 2015. Ce nouveau changement au texte est accepté par la Chambre des communes, mais il n’a pas encore été ratifié par le Sénat.

Héritage

Fils d’une modeste activiste villageoise qui militait sur la scène régionale pour les droits des Franco-Ontariens, Mauril Bélanger lutte sans relâche pour l’affirmation de la communauté francophone de l’Ontario. Il veille avec constance à la promotion de la dualité linguistique canadienne et au respect de la Loi sur les langues officielles.

Comme ministre responsable des Langues officielles, il est particulièrement sensible à la question du français en situation minoritaire et met à profit toutes les occasions qui lui sont données de défendre cette cause. Avec un ironique sens de l’imagerie, il se plaît à rappeler au premier ministre Justin Trudeau que le fait d’être né à Ottawa pendant le mandat de son père fait de lui, « techniquement », un Franco-Ontarien, avec toutes les conséquences symboliques que cela entraîne. Tout au long de sa carrière, Mauril Bélanger s’associe inlassablement à des projets de loi promulguant des mesures favorables au développement des communautés de langue officielle en contexte minoritaire (notamment le projet de loi S-3 déposé par le sénateur Jean-Robert Gauthier avant le déclenchement des élections de 2006).

Les affaires autochtones lui tiennent aussi à cœur. Sur ces questions, il croit aux mesures concrètes comme l’amélioration des centres de santé autochtone et les dons de livres pour les enfants inuits du Nunavut. Il s’implique également dans le soutien aux immigrants haïtiens (voir Antillais) et dans la lutte contre la toxicomanie chez les jeunes.

À l’automne 2016, l’Université d’Ottawa a lancé en hommage à Mauril Bélanger une série de conférences traitant des enjeux en matière de politiques publiques, sous l’égide de la Chaire de recherche Jean-Luc-Pépin.

Prix et distinctions

Commandeur de l’Ordre de la Pléiade, Assemblée parlementaire de la Francophonie (2005)

Officier de l’Ordre du mérite de la République de Hongrie (2007)

Grand-Croix (« Honneur et Mérite »), République d’Haïti (2016)

Prix Bernard-Grandmaître, Association des communautés francophones d’Ottawa (2016)

Président honoraire de la Chambre des communes du Canada (2016)

Prix d’excellence, Coopératives et Mutuelles Canada (2016)

Prix pour contribution remarquable au logement coopératif, Fédération de l’habitation coopérative du Canada (2016)

Prix Boréal, Fédération des communautés francophones et acadiennes du Canada (2016)

La Médaille du 22 mars de l’Hôpital Montfort (2016)

Prix du communicateur de l’année de la section d’Ottawa de l’Association internationale des professionnels de la communication (IABC) (2016)