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Littérature populaire de langue anglaise

La littérature populaire de langue anglaise désigne des oeuvres qui ont reçu un accueil favorable et soutenu auprès d'un vaste public, comme en témoignent leurs ventes, l'imitation qu'on en fait, leurs adaptations vers d'autres formes culturelles et leur succès commercial en général.

Littérature populaire de langue anglaise

La littérature populaire de langue anglaise désigne des oeuvres qui ont reçu un accueil favorable et soutenu auprès d'un vaste public, comme en témoignent leurs ventes, l'imitation qu'on en fait, leurs adaptations vers d'autres formes culturelles et leur succès commercial en général. Par « populaire », on entend « couronné de succès », et non un antonyme de « sérieux ». Certains livres sont soigneusement conçus par les auteurs et les éditeurs dans le but de saisir l'intérêt d'un large éventail de lecteurs potentiels.

Au Canada, qu'ils s'agissent de formats de poche, d'éditions courantes ou même des deux, on considère que les livres commerciaux ou de grand public obtiennent des ventes satisfaisantes si elles s'élèvent à 1500 exemplaires pour la poésie et le théâtre, à 3000 exemplaires pour un premier roman ou à 7000 exemplaires pour une analyse politique. Si ces chiffrent doublent, il peut alors s'agir d'un BEST-SELLER. Probablement l'auteur canadien le plus vendu de tous les temps, Arthur HAILEY a vendu des millions d'exemplaires de ces romans, notamment Hotel (1965; trad. Grand Hôtel Saint-Grégory, 1966) et Airport (1968; trad. Airport, 1969). Les œuvres qui sont à succès et très attendues comme ceux des romanciers contemporains tels que Margaret ATWOOD, Anne-Marie MACDONALD, et Michael ONDAATJE peuvent être considérés comme faisant partie de la littérature populaire. Des auteurs d'essais populaires comme Farley MOWAT, Peter C. NEWMAN, et Naomi Klein qui écrivent des livres sérieux d'intérêt particulier pour les Canadiens, jouissent de ventes de 75 000 à 150 000 exemplaires par titre en édition courante. Si substantiels soient-ils, ces chiffres font piètre figure en comparaison des ventes records des Coles Notes. Cette série d'ouvrages didactiques sous forme de monographies, qui compte plus de 400 titres (depuis 1947), s'est vendue à plus de 40 millions d'exemplaires dans le monde.

Livres de référence

Certains livres de référence à contenu canadien et en un seul volume sont périodiquement revus et mis à jour. Le gouvernement du Canada compile de façon irrégulière depuis 1867 des annales statistiques officielles appelées Canada Year Book (Annuaire du Canada). Des maisons d'édition commerciales ont lancé des volumes dont les contenus se recoupent : Canadian Almanac and Directory (depuis 1847) contenant maintenant plus de 47 000 entrées. Cet almanach, également disponible sous forme de base de données électronique est publié par la compagnie américaine Gray House depuis 2006. Le Scott's Canadian Sourcebook a été publié de 1965 à 2005. The Canadian World Almanac and Book of Facts, devenu plus tard le Canadian Global Almanac, paraît annuellement de 1987 à 2005. Quick Canadian Facts, de format plus compact, s'est vendu à plus d'un million d'exemplaires de 1946 à 1987. Parmi les publications annuelles, citons le Canadian Who's Who (depuis 1910), qui rassemble quelque 14 000 biographies d'éminents Canadiens contemporains, et le Canadian Books in Print (de 1967 à 2006), qui inventorie environ 52 000 titres canadiens. Depuis 1950, Bibliothèque et Archives Canada a rassemblé un catalogue bibliographique de publications canadiennes, Canadiana, maintenant distribué sous forme de CD-ROM et de base de données électronique. The Oxford Companion to Canadian Literature (1997), édité par William Toye, est un ouvrage de référence spécialisé publié en un seul volume.

Livres de cuisine

Les livres de recettes se vendent traditionnellement bien, même si ce ne fut pas le cas de The Cook Not Mad; or Rational Cookery (1831), le premier livre de cuisine canadien (du moins « canadianisé », car il reprend des recettes américaines en leur donnant un « contenu canadien »), qui ne sera pas réimprimé avant 1972. Il s'est probablement vendu plus d'exemplaires du Canadian Cook Book que de n'importe lequel de ses concurrents canadiens. D'abord colligé par Nellie Lyle Pattison en 1923, il a été fréquemment revu et augmenté. Des titres plus récents ont enregistré des ventes importantes : The Laura Secord Canadian Cook Book (1966; trad. Recettes canadiennes de Laura Secord, 1966); Classic Canadian Cooking (1974), d'Elizabeth Baird; et de nombreux recueils de Jehane BENOÎT, en particulier Enjoying the Art of Canadian Cooking (1974) et New and Complete Encyclopedia of Cooking (1978; éd. originale en français, L'Encyclopédie de la cuisine canadienne, 1963). Les livres de cuisine régionale, comme Food that Really Schmecks (1968), d'Edna Staebler, sont un élément de base dans le monde en rapide évolution de la cuisine contemporaine.

Romans d'amour

Les romans d'amour populaires ne sont généralement publiés que pour un marché de masse et en format de poche. Leur grande popularité auprès d'un fervent lectorat nord-américain, semble-t-il majoritairement féminin, compense leur manque de profondeur et de raffinement. Le roman d'amour intéresse moins sur le plan littéraire que sur les plans social, psychologique et commercial. Le plus grand éditeur de romans d'amour au monde est HARLEQUIN, fondé à Winnipeg en 1949 et établi à Toronto depuis les années 60. Ayant trouvé un marché pour les réimpressions de romans d'amour, la compagnie met au point une formule prospère qui consiste à commander des romans d'une longueur de 65 000 mots. Actuellement, elle en publie une douzaine par mois. Nombre d'entre eux ont pour cadre des salles d'hôpital ou des châteaux gothiques. Les romans Harlequin connaissent toujours un dénouement heureux.

Au moins trois auteures canadiennes ont remporté du succès dans le roman d'amour commercial. Les romancières Joy Carroll, Joy Fielding et Charlotte Vale Allen ont été qualifiées de « princesses du livre de poche » par la chroniqueuse littéraire Beverley Slopen, parce que leurs ouvrages, qui sont peut-être calqués sur ceux de la populaire romancière américaine Jacqueline Susann, se vendent à des milliers d'exemplaires chacun. Toutefois, l'auteur de romans d'amour et de romans populaires le plus prolifique du pays est un homme : W.E. Dan Ross a écrit 342 romans sous divers pseudonymes entre 1962 et 1978.

Romans à suspense

Ce qui caractérise les récits d'intrigue et d'espionnage, les romans policiers et les romans à suspense, c'est l'idée qu'un mystère est sur le point d'être éclairci. Autrefois, il importait peu aux amateurs canadiens de romans à suspense que leurs lectures se situent au Canada ou comportent des personnages canadiens. Le premier ouvrage canadien de ce genre est vraisemblablement The Cryptogram (1871), de James DE MILLE, qui paraît trois ans après The Moonstone de l'écrivain anglais Wilkie Collin, auquel il ressemble. Grant Allen et Robert Barr, deux écrivains du tournant du siècle qui ont un intérêt pour le Canada, ont joui d'un vaste lectorat anglo-américain. An African Millionaire (1897), d'Allen, et surtout The Triumph of Eugène Valmont (1906), de Barr, qui met en scène un détective français qui ressemble au futur Hercule Poirot, sont importants dans l'histoire mondiale du roman policier.

Hulbert Footner, Frank L. Packard et Arthur STRINGER, trois résidants des États-Unis nés au Canada, ont également contribué à ce genre. Le premier détective de la littérature canadienne, November Joe, le « détective des bois », a vu le jour sous la plume de l'Anglais H. Hesketh Prichard dans son roman November Joe (1936). Bien qu'ayant vécu en Californie durant plusieurs années, Margaret Millar (qui est née au Canada) et son mari, Ross Macdonald (qui y a grandi), écrivent de nombreux romans, dont certains ont des personnages et un cadre canadiens.

Dans une série qui commence par le roman The Suicide Murders (1981), Howard ENGEL a créé le personnage de Benny Cooperman, que plusieurs considèrent comme le premier véritable détective privé de la littérature canadienne. C'est un personnage de nigaud qui travaille dans la petite ville fictive de Grantham, inspirée de St. Catharines, en Ontario. Pour sa part, Eric WRIGHT a créé, dans The Night the Gods Smiled (1983), le personnage de Charlie Salter, un sergent détective de la police de la communauté urbaine de Toronto. Aussi, Hugh GARNER (The Sin Sniper, 1970), Ian Adams, David Gurr, Shaun Herron, Donald MacKenzie, Larry Morse, Philippe van Rjndt, Sara Woods et L.R. Wright ont écrit des romans notables de ce genre. Michael Richardson a dirigé la publication de Maddened by Mystery: A Casebook of Canadian Detective Fiction (1982), qui comprend 13 récits, une introduction historique et une liste de plus de 100 détectives fictifs canadiens.

Dans la même veine, l'organisme The Bootmakers of Toronto a été fondé en 1970, comme pendant canadien des Baker Street Irregulars de Grande-Bretagne, dans le but d'étudier le « canon » de Sherlock Holmes. Inaugurée en 1971, la collection Arthur Conan Doyle de la Metropolitan Toronto Library possède la plus grande collection publique au monde de livres se rapportant au détective créé par Doyle.

Romans fantastiques

Il est improbable que les lecteurs peu portés sur la réflexion, ceux qui sont satisfaits de leur système de valeurs et qui montrent peu d'intérêt pour la recherche scientifique et les progrès technologiques fassent grand cas du roman fantastique. Ce genre littéraire, qui comprend le roman fantaisiste, les récits insolites et la SCIENCE-FICTION, fait ressortir l'impact sur l'homme et la société de valeurs qui appartiennent au monde de l'imaginaire, au monde surnaturel et à celui des innovations technologiques, respectivement.

C'est ainsi que l'on explique que les Canadiens connaissent peu leur propre tradition littéraire fantastique. La faiblesse relative de l'industrie de l'édition du livre (voirÉDITION DE LANGUE FRANÇAISE) et des publications périodiques s'est traduite par l'importation plutôt que la création d'un genre de fiction destiné à un marché de masse. Néanmoins, bien au-delà de 1000 ouvrages à caractère fantastique sont l'œuvre de Canadiens ou d'auteurs étrangers qui en situent l'action au Canada. Deux romans font époque dans ce genre : A Strange Manuscript Found in a Copper Cylinder (1888), de James De Mille, une aventure qui se déroule dans un monde polaire où les valeurs sont renversées, et Consider Her Ways (1947), de Frederick Philip GROVE, une fantaisie satirique à propos de fourmis pensantes qui soutiennent que leur société est supérieure à celle des humains.

A.E. Van Vogt, un célèbre artisan de ce qu'on appelle l'âge d'or de la science-fiction, est né au Manitoba. Avant de s'établir en Californie, il a écrit plus de 600 000 mots de fiction fantastique, dont son roman classique, Slan (1946; trad. À la poursuite des Slans, 1968), qui met en scène un mutant persécuté. Judith Merril, l'éminente anthologiste de la littérature spéculative, migre en sens contraire et s'installe au Canada. En 1970, elle fait don à la Toronto Public Library de 5000 livres et périodiques qui forment le fonds de base de la collection The Spaced Out Library, créée sous la direction de Harry Campbell, alors bibliothécaire en chef. En 1987, cette collection comprend 35 146 articles, ce qui en fait la plus grande du genre au monde.

Deux romanciers contemporains commandent une attention particulière. Dans ses nouvelles et surtout dans ses romans, tel Sunburst (1964), Phyllis GOTLIEB décrit avec sympathie les rapports entre les humains et les extraterrestres dans des sociétés où la perception extrasensorielle fait partie de la réalité. Avec sa série de romans à suspense qui se situe dans un avenir rapproché, et qui commence avec Ultimatum (1973; trad. Ultimatum, 1974), Richard ROHMER intéresse un vaste lectorat grâce à ses descriptions de désastres qui sont l'extrapolation de l'agitation sociale actuelle.

Parmi les contributions originales canadiennes aux genres fantastiques, on remarque certains romans dont l'action se déroule dans l'Arctique, notamment Sick Heart River (1941), de John BUCHAN (baron de Tweedsmuir), et The Time Before This (1962), de Nicholas Monsarrat (un romancier sud-africain qui a passé plusieurs années au Canada). Mentionnons également des romans portant sur le nationalisme québécois, comme For My Country (1975; éd. originale en français, Pour la patrie, 1895), de Jules-Paul TARDIVEL, et The Underdogs (1979), de William Weintraub. Brian MOORE a écrit de la science-fiction (Catholics, 1972; trad. Chrétiens, demain : le visiteur, 1976), des romans fantaisistes (The Great Victorian Collection, 1975) et des récits insolites (The Mangan Inheritance, 1979). Voices in Time (1980), de Hugh MACLENNAN, est un récit remarquable qui se situe dans un futur proche et qui plonge vers les causes des problèmes sociaux et spirituels contemporains. Neuromancer (1984), une aventure « cyberpunk » écrite par William Gibson, et The Handmaid's Tale (1985; trad. La Servante écarlate, 1987), un roman noir féministe de Margaret Atwood, sont deux best-sellers qui ont été primés.

Parmi les écrivains qui se consacrent exclusivement au fantastique au Canada, citons Michael G. Coney, Terence M. Green, Crawford Kilian, Donald Kingsbury, Edward Llewellyn, Spider Robinson, Charles R. Saunders et Andrew Weiner.

Des auteurs se sont distingués dans le roman fantastique destiné aux jeunes lecteurs (voirLITTÉRATURE ENFANTINE DE LANGUE FRANÇAISE), tels Pierre Berton, Monique Corriveau, Christie Harris, Monica HUGHES, Suzanne Martel, Ruth Nichols et Mordecai RICHLER. Other Canadas (1979) est l'anthologie de référence, publiée sous la direction de John Robert COLOMBO. Elle comprend une courte bibliographie et un commentaire critique. The Dictionary of Imaginary Places (2e éd., 1987; trad. Dictionnaire des lieux imaginaires, 1998), d'Alberto Manguel et Gianni Guadalupi, est un ouvrage relié au même sujet.

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