Formation et début de carrière
Roméo LeBlanc étudie à l’Université Saint-Joseph (aujourd’hui l’Université de Moncton), où il obtient un baccalauréat ès arts (1948) et un baccalauréat en éducation (1951). Il enseigne à la Drummond High School de 1951 à 1953, puis se rend en France afin de suivre des cours en civilisation française à l’Université de Paris. Il est ensuite professeur au New Brunswick Teachers' College de Fredericton de 1955 à 1959.
Il se joint à l’équipe de Radio-Canada en 1960 en tant que correspondant à Ottawa (1960-1962), au Royaume-Uni (1962-1965) et aux États-Unis (1965-1967). En 1965, il fonde l’Association des correspondants à l’étranger de Radio-Canada/CBC.
En 1967, il devient l’attaché de presse du premier ministre Lester B. Pearson. Il conserve ce poste dans l’administration de Pierre Elliott Trudeau, jusqu’en 1971, puis entre à l’emploi de l’Université de Moncton comme directeur des Relations publiques.
Carrière politique
Élu député libéral de la circonscription de Westmorland-Kent (N.-B.) à la Chambre des communes en 1972, il occupe la fonction de ministre d’État aux Pêcheries à compter de 1974. En 1976, il est nommé ministre des Pêches et de l’Environnement. Il est réélu en 1979, et à nouveau en 1980. Après le court passage de Joe Clark à la tête du gouvernement, Roméo LeBlanc revient au ministère des Pêches et des Océans en 1980. Il est d’ailleurs le ministre qui a détenu le plus longtemps le portefeuille des pêches. À ce titre, il a notamment piloté le dossier de l’expansion des eaux territoriales canadiennes, qui sont passées d’une limite de 12 milles à la limite actuelle de 200 milles. En 1982, il prend la tête des Travaux publics en plus d’être ministre responsable de la Commission de la capitale nationale et de la Société canadienne d’hypothèques et de logement.
Sénateur et gouverneur général du Canada
En 1984, Roméo LeBlanc choisit de ne pas briguer les suffrages, et le 29 juin, le premier ministre Pierre Elliott Trudeau le nomme au Sénat. Il fait partie des comités sénatoriaux de l’économie intérieure, des budgets et de l’administration ainsi que des affaires étrangères, de même que du Sous-comité sénatorial de la sécurité et de la défense nationale. Parallèlement, il est chercheur invité à l’Institut des études canadiennes (Institute of Canadian Studies) de l’Université Carleton, à Ottawa. Il est aussi professeur à temps partiel en études canadiennes à l’Université Concordia, à Montréal. Le 7 décembre 1993, il devient président du Sénat.
Acadien et parfaitement bilingue, il est nommé gouverneur général du Canada par le premier ministre Jean Chrétien en 1994, afin de succéder à Ramon Hnatyshyn. Il entre en fonction le 8 février 1995 et devient alors le premier politicien des Maritimes et le premier Canadien d’origine acadienne à occuper le poste de vice-roi.
Controverses et réalisations
Sa nomination n’est pas sans semer la controverse. Rapidement, les réformistes dirigés par Preston Manning et le Bloc québécois de Lucien Bouchard dénoncent le favoritisme flagrant de Jean Chrétien à l’égard d’un politicien et organisateur libéral de longue date. Roméo LeBlanc a non seulement été l’un des rares ministres libéraux à appuyer Jean Chrétien lors de la course à la direction du Parti libéral en 1984, il a aussi fait partie de l’équipe de la stratégie électorale qui a contribué à le porter au pouvoir en 1993.
En dépit de ces débuts houleux, le mandat de Roméo LeBlanc est marqué par plusieurs réalisations ayant trait à la reconnaissance de l’engagement citoyen et des peuples autochtones, à la promotion de l’histoire canadienne et à l’appui aux Forces armées. Ainsi, dès novembre 1995, il crée un nouveau prix, le Prix du Gouverneur général pour l’entraide, afin de souligner « le courage et le dévouement quotidiens de gens ordinaires qui rendent des services extraordinaires à leurs familles, à leurs communautés ou au pays tout entier ». C’est aussi sous sa gouverne qu’est lancé en 1999 le Prix du Gouverneur général pour les arts visuels et médiatiques, en partenariat avec le Conseil des arts du Canada.
Le 13 juin 1996, dans une proclamation royale, Roméo LeBlanc fait du 21 juin la Journée nationale des Autochtones (aujourd'hui la Journée nationale des peuples autochtones). Réclamée depuis de nombreuses années par différents groupes autochtones, cette journée vise à célébrer le patrimoine, la diversité culturelle et les réalisations remarquables des Premières Nations, des Inuit et des Métis au Canada. À titre de gouverneur général, M. LeBlanc signe aussi la proclamation royale officialisant la création du Nunavut, le nouveau territoire du Canada, le 1er avril 1999.
Roméo LeBlanc contribue par ailleurs à rendre Rideau Hall plus accessible aux citoyens canadiens. Les heures d’ouverture du domaine sont prolongées, et à partir de juillet 1996, il est possible de visiter les appartements officiels, les jardins et les serres de la vaste propriété. Un centre d’accueil des visiteurs est inauguré en mai 1997, et le programme élargi de visites comprend dorénavant des ateliers pour les enfants, de l’animation en costumes historiques et des démonstrations thématiques. Le nombre de visiteurs a triplé durant le mandat de M. LeBlanc, passant d’environ 40 000 à 125 000 personnes annuellement.
Héritage et reconnaissance publique
Le 7 octobre 1999, Roméo LeBlanc est remplacé à titre de gouverneur général par la journaliste Adrienne Clarkson. Il retourne vivre au Nouveau-Brunswick, où il passe les dernières années de sa vie. De 2001 à 2004, il succède à l’écrivaine Antonine Maillet comme chancelier de l’Université de Moncton. En 2005, la Chaire Roméo-LeBlanc en journalisme y est créée en l’honneur de l’un de ses plus illustres anciens. À son décès en 2009, des funérailles d’État sont célébrées à l’église Saint-Thomas de Memramcook en présence de la gouverneure générale Michaëlle Jean, du premier ministre Stephen Harper et de l’ancien premier ministre Jean Chrétien.
En février 2010, la Société canadienne des postes a émis un timbre à son effigie, où figurent les drapeaux du Canada, du Nouveau-Brunswick et de l’Acadie. Un parc de Memramcook a également été nommé en son honneur. Depuis 2011, les bourses d’excellence attribuées par l’Université de Moncton portent son nom.
Son fils, Dominic LeBlanc, est avocat et député pour la circonscription de Beauséjour (N.-B.) à la Chambre des communes depuis 2000. En 2008, il est l’un des nombreux candidats qui ont brigué la succession de Stéphane Dion à la direction du Parti libéral du Canada. Toutefois, il a retiré sa candidature avant la fin de la course pour se rallier au candidat Michael Ignatieff. Roméo LeBlanc a été mariée à Diana Fowler.
Prix et distinctions honorifiques
Au cours de sa carrière, Roméo LeBlanc s’est vu décerner près d’une dizaine de doctorats honorifiques en droit, en lettres et en administration publique par les plus prestigieuses universités de l’Est du Canada, notamment l’Université Mount Allison (1977), l’Université de Moncton (1979), l’Université Sainte-Anne (1995), l’ Université Ryerson (1996), l’Université d’Ottawa (1996), l’Université McGill (1997), l’Université Saint Thomas (1997), l’Université Memorial (1997) et l’Université du Nouveau-Brunswick (1999). Il a également reçu de nombreuses médailles et distinctions ici et à l’étranger, parmi lesquelles il convient de souligner :
Médaille commémorative du 125ᵉ anniversaire de la Confédération du Canada(1992)
Membre honoraire du Collège militaire royal du Canada (1995)
Chancelier et Commandeur de l’Ordre du mérite militaire (1995)
Chancelier et Compagnon principal de l’Ordre du Canada (1995)
Chevalier de justice de l’Ordre très vénérable de l’Hôpital de Saint-Jean de Jérusalem (1999)
Médaille du jubilé d’or de la reine Elizabeth II (2002)
Grand officier de l’Ordre national du Mérite (gouvernement français) (2002)
Membre de l’Ordre du Nouveau-Brunswick (2005)