Le jour de la Victoire sur le Japon | l'Encyclopédie Canadienne

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Le jour de la Victoire sur le Japon

​Le jour de la Victoire sur le Japon, le 15 août 1945, marque la fin de la guerre dans le Pacifique et, du même coup, de la Deuxième Guerre mondiale. La capitulation du Japon est marquée au Canada par des explosions de joie, dégénérant à quelques endroits en émeutes.

Le Canada dans le Pacifique

Au cours des années 1930, le Japon élargit graduellement son empire, à coups de conquêtes de part et d’autred’Extrême-Orient. Le Canada, comme d’autres pays occidentaux, réagit en imposant des sanctions économiques au Japon, sans toutefois prendre d’offensive à son endroit. Pour cela, il faut attendre le bombardement japonais de Pearl Harbor, le 7 décembre 1941. Ce jour-là, le premier ministre William Lyon Mackenzie Kinget son cabinet déclarent la guerre au Japon. Étant en guerre contre l’Allemagne depuis plus d’un an, le Canada devient le premier pays à déclarer officiellement la guerre au Japon, devançant de peu les États-Unis.

Canadian and British prisoners in Hong Kong, waiting to be liberated, 30 August 1945.
En route to Hong Kong
Liberated Canadian Prisoners of War
Canadian Prisoners of War

Au coup d’éclat de Pearl Harbor se succèdent d’autres attaques japonaises contre les forces alliées du Pacifique, dont celles stationnées à Hong Kong. Deux régiments canadiens, les Royal Rifles et les Winnipeg Grenadiers, s’y trouvaient pour prêter main-forte à la colonie britannique. Face à une invasion japonaise déterminée, la colonie rend les armes le 25 décembre. Des 1 975 Canadiens impliqués dans la défense de Hong Kong, 557 perdent la vie, sur le champ de bataille ou encore dans les camps de prisonniers au cours des années suivantes.

La capitulation du Japon

Au cours des trois années et demie qui suivent, les Canadiens ne jouent qu’un rôle limité dans la guerre du Pacifique, rattachés à des unités d’opérations combinées britanniques ou alliées. La Victoire en Europe se concrétise le 8 mai 1945. La guerre dans le Pacifique prend fin quatre mois plus tard, la capitulation du Japon étant précipitée par les deux bombes atomiques larguées par les Américains, la première à Hiroshima, la seconde à Nagasaki.

Le 14 août, cinq jours après le deuxième bombardement atomique,l’empereur japonais Hirohito capitule de manière inconditionnelle, se pliant aux exigences des États-Unis. En raison du décalage horaire, les nouvelles de la capitulation n’atteignent le Canada et les autres nations alliées que le lendemain. La signature officielle de la capitulation du Japon, dans le cadre d’une cérémonie à bord du cuirassé américain USS Missouri ancré dans la baie de Tokyo, n’a lieu que le 2 septembre.

Depuis Londres, le roi George VI exprime sa joie dans un discours destiné au Canada et aux autres pays du Commonwealth:« La guerre est finie. Vous savez, ces quatre mots ont pour la Reine et moi la même signification, à la fois simple mais profonde, qu’ils ont pour vous. Notre cœur est rempli de joie, tout comme le vôtre. Néanmoins, chacun d’entre nous qui avons connu cette terrible guerre est bien conscient que nous allons en ressentir les conséquences inévitables bien après que les réjouissances d’aujourd’hui se seront estompées ».

Les célébrations

La capitulation procure aux Canadiens et aux peuples des autres nations alliées un sentiment irrépressible de soulagement. Comme ils ont fait lors du jour de la Victoire en Europe, les Canadiens descendent dans les rues pour célébrer la défaite du Japon ainsi que le retour à venir des soldats, des marins et des aviateurs déployés à travers le monde.

Chinese residents from Ottawa, Montreal and Toronto hold parade in celebration of the official V-J Day and the fourth anniversary of the Chinese Free Mason lodge
VJ-Day Parade in Chinatown, 1945
VJ-Day Celebrations, Montreal, QC, August 1945
National VJ-Day observance in Ottawa, August 15, 1945

Sortant de leurs maisons et bureaux, ils affluent dans les rues, font retentir les cloches et s’embrassent les uns les autres, portés par le soulagement et la joie. Au sein des villes comportant d’importantes communautés chinoises, dont Montréal, les célébrations sont particulièrement exubérantes, l’occupation japonaise de la Chine remontant à avant la guerre.

Parfois, les réjouissances dégénèrent en pillages et en émeutes. À Sudbury, en Ontario, des émeutiers s’en prennent aux boutiques, en fracassent les vitrines et en dérobent la marchandise. Le Sudbury Star évalue les dommages au centre-ville de Sudbury à 40 000 $. Des journaux de Colombie-Britannique signalent des perturbations semblables. À Victoria, les forces de l’ordre sont employées pour dissuader les vandales.

Halifax a été le théâtre de violentes émeutes à l’occasion du jour de la Victoire en Europe. À l’annonce de la capitulation du Japon, les choses sont maintenues sous contrôle dans la ville, qui abrite un important contingent de membres des forces navales, grâce à une forte présence policière et à la garde montée devant les magasins d’alcool.

L’internement des Japonais

An internment camp for Japanese Canadians in British Columbia, 1945.
Young Japanese Canadians being relocated in British Columbia, 1942.
Japanese Canadians being relocated in British Columbia, 1942.
Japanese Canadians Being Relocated in BC, 1942

En 1941, à la suite de Pearl Harbor, près de 22 000 Canadiens d’origine japonaise, dont plus de la moitié sont citoyens canadiens de naissance, sont expulsés de force de leurs domiciles et de leurs fermes, principalement situés sur la côte britanno-colombienne, puis entassés dans des camps d’internement de l’intérieur. Le jour de la Victoire sur le Japon ne signifie toutefois pas pour eux le retour immédiat à la liberté ni la fin de la persécution dont ils font l’objet. Après la guerre, William Lyon Mackenzie King déclare que les Canadiens d’origine japonaise doivent retourner au Japon, ou encore abandonner la côte Ouest au profit des régions situées à l’est des Rocheuses.

Des milliers de personnes internées sont expulsées vers le Japon ravagé par la guerre, tandis que d’autres sont contraintes de se réfugier de façon permanente dans d’autres régions du Canada.

La persécution des Canadiens d’origine japonaise, prenant notamment la forme de contrôles sur leur lieu de résidence et leurs droits de propriété,n’est que progressivement assouplie. La dernière restriction n’est levée qu’en 1949, lorsque les Canadiens d’origine japonaise se voient conférer le droit de vote.

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