Géographie
Le lac Nipissing, situé sur le Bouclier canadien, draine un bassin hydrographique de 13 100 km2 grâce à 12 grands cours d’eau, dont le plus important est la rivière Sturgeon. Le lac représente ce qui reste d’un lac glaciaire créé lorsque la glace de la glaciation de Wisconsinan commence à reculer pour la dernière fois en 8 400 avant notre ère.
Il existe quatre parcs provinciaux autour du lac Nipissing : la réserve nationale provinciale West Sandy Island et les îles Manitou sont situées sur le lac, tandis que le parc provincial Mashkinonje et le parc de la baie South sont situés sur ses rives. La région autour du lac Nipissing se situe dans la zone de transition entre la forêt boréale, au nord, et la région forestière des Grands Lacs et du Saint-Laurent, au sud. North Bay est la plus grosse collectivité sur le lac, suivi de West Nipissing.
Le lac Nipissing est situé sur le territoire traditionnel des peuples anishinaabe, notamment les Ojibwés et les Algonquins. De nos jours, deux collectivités autochtones sont situées à proximité du lac : la Première Nation de Nipissing sur la rive nord et la Première Nation de Dokis, sur la rive sud.
Flore et faune
Le lac Nipissing est un lac peu profond ayant un écosystème très productif. Il accueille 44 espèces de poissons, dominés par le doré jaune, la perchaude et le grand brochet. C’est grâce à ces espèces que le lac Nipissing est le septième lac ontarien le plus populaire pour la pêche, et qu’il peut se vanter d’accueillir 5 % des activités de pêche sportive dans la province en 2010. Les îles Manitou du lac servent d’habitat à plus de 50 espèces d’oiseaux reproducteurs, tels le grand héronet le balbuzard pêcheur. Les plus de 6 650 hectares de terres humides qui entourent le lac accueillent également de nombreuses espèces incluant le castor, le vison d’Amérique et le rat musqué. L’orignal, le cerf de Virginie et le grand pic comptent parmi les nombreux animaux qui habitent la forêt autour du lac. La forêt Nipissing est peuplée surtout d’érables, mais également de nombreux bouleaux, de pruches, de hêtres, de sapins baumiers et d’épinettes blanches. De plus, les trembles poussent fréquemment sur les rives du lac Nipissing.
Préoccupations environnementales
Le lac Nipissing est aux prises avec plusieurs préoccupations environnementales, notamment le déclin de la pêche du doré jaune, l'arrivée d'espèces envahissantes et la multiplication des proliférations d’algues bleu‑vert. Les stocks de doré jaune déclinent à cause de la surpêche, de populations plus élevées de perchaude (un prédateur du doré jaune) et de l’introduction du cladocère, ou puce d’eau, épineux, un invertébré qui consomme le zooplancton à la base du réseau trophique, ce qui affecte les prédateurs supérieurs comme le doré jaune.
Afin d’accroître la réserve naturelle de doré jaune, on encourage davantage la récolte d’autres espèces de poissons, comme l’achigan à grande et à petite bouche, et la perchaude. Les règlements concernant la pêche du doré jaune sont aussi resserrés, notamment en imposant une nouvelle taille minimale de capture pour protéger les jeunes poissons. De plus, la Première Nation de Nipissing, qui pêche pour assurer sa subsistance et qui n’est pas soumise à la réglementation provinciale, ferme la pêche pendant une courte période en 2015. En 2016, cette nation signe le protocole d’entente du lac Nipissing, un accord qui comprend un moratoire temporaire sur la pratique culturelle de la pêche au harpon. (Voir aussi Droits des Autochtones au Canada.)
Les proliférations d’algues bleu-vert se produisent dans les baies du lac Nipissing à cause d’un certain nombre de facteurs. Un facteur important est la quantité de phosphore dans l’eau, puisque les cyanobactéries responsables des proliférations d’algues se nourrissent de cet élément. Les concentrations élevées de phosphore sont en grande partie attribuables aux sous-produits de l’établissement des humains, comme les eaux usées et le ruissellement provenant de sources urbaines et agricoles (voir Pollution de l'eau). Cependant, le manque d’oxygène au fond du lac peut aussi y contribuer, puisqu’il provoque la libération du phosphore piégé dans les sédiments. Or, la concentration phosphorique n’explique pas l’ampleur et la fréquence des récentes proliférations d’algues dans le lac Nipissing, qui sont fort probablement liées au réchauffement climatique. Les proliférations de la baie Callander constituent la plus grande préoccupation, puisque c’est de cette baie que la collectivité puise son eau potable, que les proliférations peuvent la rendre toxique.
Histoire
Historiquement, avant le contact avec les Européens, les Nbisiing, membres de groupes culturels plus grands d’Ojibwés et d’Algonquins, occupent le lac Nipissing pendant de nombreux millénaires. La baie Frank, un important site archéologique près de la rivière des Français, présente des couches d’artéfacts laissés par les populations d’établissements saisonniers remontant au moins à 3 000 ans. De plus, les îles Manitou sont occupées de façon saisonnière par les Nipissing depuis plus de 2 000 ans en raison de l’abondance des ressources naturelles présentes. Les Nbisiing sont des négociants du poisson et de la fourrure récoltés dans leur territoire autour du lac Nipissing. Ils négocient avec d’autres Premières Nations et plus tard, avec les Français et les Anglais. Les routes de traite régionales se croisent au lac Nipissing, où la rivière des Français mène vers la baie Georgienne, dans l’ouest, et la rivière Mattawa, vers le réseau de la rivière des Outaouais, dans l’est.
En 1610, l’explorateur français Étienne Brûlé est le premier Européen à parcourir cette route, que les commerçants de fourrures arpenteront pendant 200 ans. La première colonie européenne permanente fondée sur le lac Nipissing, le village de Nipissing, est établie en 1874. Après l’achèvement de la ligne du chemin de fer du Canadien Pacifique vers North Bay en 1882, les colons commencent à arriver dans la région. À partir de 1881 et jusqu’à leur apogée entre 1920 et le milieu des années 1930, les bateaux à vapeur font du lac Nipissing une importante voie de transport pour les colons et les entreprises d’exploitation forestière. L’ère du bateau à vapeur prend fin avec l’arrivée des moteurs Diesel; en 1946, le Chief Commanda est le premier grand navire propulsé par un moteur Diesel à naviguer le lac. De nos jours, le Chief Commanda est installé à North Bay comme restaurant saisonnier et attrait touristique. Le Chief Commanda II, un catamaran à passagers, continue de sillonner le lac.