Koffman, Moe | l'Encyclopédie Canadienne

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Koffman, Moe

En 1950, il se fixe aux États-Unis où il joue dans les « big bands » de Sonny Dunham, Jimmy Dorsey et d'autres. À New York, il étudie la flûte avec Harold Bennett de l'orchestre du Metropolitan Opera et la clarinette avec Leon Russianoff, chef de pupitre de l'Orchestre philharmonique de New York.
Koffman, Moe
Koffman, un des instrumentistes les plus populaires du Canada. Il a commencé sa carri\u00e8re comme saxophoniste avec des orchestres de danse \u00e0 Toronto.

Koffman, Moe

 Moe (Morris) Koffman. Flûtiste, saxophoniste, clarinettiste, compositeur, arrangeur, imprésario (Toronto, 28 décembre 1928 - Orangeville, en Ontario, 28 mars 2001). Il commence à étudier le violon dès l'âge de 9 ans et le saxophone alto à 13 ans. Peu après, il entre au Toronto Conservatory of Music (Conservatoire royal de musique) où ses professeurs sont Herbert Pye (clarinette) et Samuel Dolin (matières théoriques). Encore adolescent, il abandonne l'école et commence à jouer dans des orchestres de danse, travaillant tour à tour avec Horace Lapp, Leo Romanelli et Benny Louis. Koffman est l'un des premiers jazzmen canadiens à adopter le nouveau style bebop qui prend naissance à New York au début des années 1940. En 1948, il se classe en tête lors d'un sondage de l'émission « Jazz Unlimited » (SRC) dans la catégorie saxophoniste alto, et enregistre ses premiers disques (78 tours) la même année à Buffalo avec des musiciens américains pour la compagnie Main Stem. À cette époque, il étudie avec Gordon Delamont.

En 1950, il se fixe aux États-Unis où il joue dans les « big bands » de Sonny Dunham, Jimmy Dorsey et d'autres. À New York, il étudie la flûte avec Harold Bennett de l'orchestre du Metropolitan Opera et la clarinette avec Leon Russianoff, chef de pupitre de l'Orchestre philharmonique de New York. Koffman revient à Toronto en 1955 et, à partir de ce moment, partage sa carrière entre son groupe de jazz et le travail en studio.

En 1956, il devient l'agent responsable de l'engagement des artistes à la George's Spaghetti House (George's Jazz Room), tâche qu'il assume jusqu'en 1994, tout en s'y produisant lui-même avec son orchestre, le Moe Koffman Quartet ou, par la suite, le Moe Koffman Quintet, une semaine chaque mois. En 1958, le succès obtenu au Canada et aux États-Unis par l'enregistrement qu'il fait de son Swinging Shepherd Blues établit sa réputation comme flûtiste tout en aidant à populariser l'usage de cet instrument dans le jazz. Dans les années 1960, Koffman s'adonne à diverses expériences qui n'ont pas toutes une grande originalité : par exemple, jouer deux saxophones à la fois, utiliser des appareils électroniques pour amplifier et modifier le son du saxophone ou incorporer des éléments de rock dans le jazz. Ces essais font de Koffman un musicien aussi à l'aise dans la musique pop que dans le jazz, exceptionnellement sollicité pour un musicien de jazz canadien. Il est notamment invité à l'émission de télévision « Tonight Show » de la NBC au milieu des années 1960. En 1974, il est le directeur musical de son propre big band à l'occasion de l'émission Everything Goes, sur le réseau Global.

Pendant les années 1970, en collaboration avec le producteur et arrangeur Doug Riley, Koffman enregistre plusieurs 33 tours populaires consacrés à des arrangements d'œuvres de Bach, Berlioz, Debussy, Gluck, Grieg, Mozart et Vivaldi. Deux de ses albums, Moe Koffman Plays Bach et Vivaldi's Four Seasons, sont certifiés disques d'or au Canada, en 1971-1972. Koffman refuse d'être catégorisé par les puristes du jazz; il préfère plutôt enregistrer ce qu'il pense que ses auditeurs désirent. De ses dix 33 tours enregistrés dans les années 1970, trois seulement peuvent être considérés comme étant du jazz : Solar Explorations, Live at George's et Museum Pieces. Pour Solar Explorations, il commande à Ron Collier, Riley, Fred Stone, Don (W.) Thompson et Rick Wilkins des œuvres dont chacune devait s'identifier à une planète. Pour sa part, Koffman écrit Neptune et Venus. Museum Pieces, réalisé conjointement par GRT et le Musée royal de l'Ontario (Toronto), comporte des œuvres de Koffman (Museum Pieces et Evolution Blues), Marty Morell, Riley, Thompson et Wilkins, toutes inspirées par divers aspects de la muséologie. Koffman revient à une musique pop instrumentale avec The Magic Flute (1985) et Music for the Night (1991), mais il ne sort sur étiquette Duke Street (1986-1990) que des enregistrements de style jazz comprenant des airs originaux, des thèmes de son pianiste de longue date Bernie Senensky, et des classiques du jazz. Les autres compositions faisant la renommée de Koffman comprennent les airs d'ouverture et de clôture (« Curried Soul » et « Koff Drops » respectivement) de As It Happens pour la radio de la SRC.

Profitant de la grande visibilité que lui procurent ses incursions dans le domaine pop, Koffman dirige un des groupes de jazz qui connaît le plus de succès au Canada, un quatuor (plus tard un quintette) dont le guitariste Ed Bickert est un membre assidu (voir DISCOGRAPHIE pour les changements au sein du groupe). L'ensemble se produit à l'Expo 67, au Festival Shaw en 1975 (dans un programme de Mozart avec Camerata), et se fait entendre au Art Park (Lewiston, à N.Y.) et au Monterey Jazz Festival en 1979. Malgré le mépris que ses tentatives commerciales suscitent dans certains cercles de jazz, il se produit, avec son quintette, à divers festivals comme le Festival de jazz de Montréal et le Place Jazz Festival d'Ontario. Son circuit national se limite toutefois en grande partie à une succession de « concerts communautaires ». Koffman se produit également avec plusieurs orchestres, dont le Toronto Symphony, en 1975 (alors qu'il est soliste du Concerto pour flûte de Lucio Agostini), l'Orchestre philharmonique de Hamilton, l'Orchestre symphonique de Sudbury, Orchestra London Canada, l'Orchestre symphonique de Kitchener-Waterloo, l'Orchestre symphonique de Calgary et l'Orchestre symphonique d'Edmonton.

En 1982, une exécution du quintette de Koffman à Stratford, en Ontario, marque le début d'une association occasionnelle avec le célèbre trompettiste de jazz américain Dizzie Gillespie. Jusqu'en 1990, ils donnent tous les ans quelques concerts ensemble, dont au Centre national des Arts, à la Place des Arts et à l'Art Park (1983), en tournée canadienne (1987) et au Festival du printemps de Budapest (1989). (Avec United Nations, le grand orchestre de concert de Gillespie, Koffman joue tour à tour au Maurier Downtown Jazz Festival à Toronto et au Festival international de jazz de Montréal, en 1988.) En 1991, le quintette de Koffman commence une association du même genre avec le vibraphoniste Peter Appleyard lors de concerts dans l'Ouest canadien et les Maritimes. Le quintette seul effectue des tournées en Australie (1980), en Amérique du Sud (deux en 1985) et en Allemagne (1990), et il se produit plusieurs fois dans les universités américaines au cours de la décennie. Après la fermeture de la George's Spaghetti House, le lieu de concert principal du quintette, en 1994, Koffman commence à jouer régulièrement au Senator, mais le groupe se produit moins souvent ensemble.

Pendant toute sa carrière, Koffman est actif en tant que soliste. Koffman fait également des tournées et des enregistrements à titre de saxophone alto solo et de soliste vedette avec le Boss Brass de 1972 à 2000. Il joue un rôle similaire dans des orchestres de télévision et de studio mettant l'accent sur le jazz et dirigés par Peter Appleyard, Guido Basso, Jimmy Dale et Rob McConnell. La réputation de ses capacités de lecteur et de sa rapidité d'apprentissage le rend très demandé en tant que musicien de studio et pour des rengaines publicitaires. Il est également flûte ou clarinette solo sur beaucoup d'enregistrements pop et lors de créations d'œuvres de musique de chambre de Doug Riley et de Paul Hoffert. En 1991, Koffman est en nomination aux Juno dans la catégorie du meilleur artiste de l'année.

L'étendue des activités de Koffman est considérée par certains comme la résultante d'un esprit curieux musicalement tandis que d'autres lui prêtent une connaissance instinctive des goûts populaires. Peter Goddard (Toronto Star, 15 juillet 1972) fait remarquer que Koffman possède « le rare talent de danser allègrement à la surface des flots, quelle que soit la vague qui survienne ». La même tessiture qu'il déploie dans ses enregistrements et autres productions en studio témoigne de sa compétence technique et de ses dons de musicien. Comme flûtiste, il sait allier la liberté rythmique et mélodique du jazz à une pure sonorité « classique »; comme saxophoniste alto, il maintient son allégeance au bebop, et ses exécutions avec le Boss Brass et Dizzy Gillespie démontrent qu'il a bien sa place parmi les meilleurs saxophonistes canadiens.

Lauréat du trophée Wm Harold Moon de la SDE Canada en 1981, Koffman mérite en outre le prix Toronto Arts pour la musique en 1991. Il devient membre du Panthéon de la musique canadienne (1997) et Officier de l'Ordre du Canada (1993). Il est nommé flûtiste de l'année par l'Annual Jazz Report Awards en 1993 et 1994, en plus d'être félicité par la SOCAN, en 1993, pour l'écriture de chansons jazz.

Pendant ses dix dernières années, Koffman continue à composer et à se produire en tant que soliste et avec son quintette dans des clubs et à l'occasion de festivals. À partir de 1989 et au cours des dix années suivantes, il engage des musiciens d'orchestre pour des comédies musicales présentées par Live Entertainment Corporation, de Garth Drabinsky, dont des émissions comme Phantom of Opera, Showboat et Ragtime. Il effectue son dernier enregistrement, The Moe Koffman Project, à l'été 1999 (paru en 2000, Universal 012159271-2). Sa dernière représentation publique a lieu en juin 2000 dans le cadre du Festival du Maurier Downtown Jazz, à Toronto. À sa mort, il est reçu au Jazz and Blues Hall of Fame du Canada à titre de membre inaugural.

Dans le Globe and Mail de mars 2001, Mark Miller témoigne des contributions diversifiées de Koffman : « M. Koffman faisait de la musique en respectant le principe de la modération. Ses meilleurs 33 tours et CD, autant ceux de style jazz que ceux présentant un mélange de jazz et de classique, combinent une expérimentation prudente, un sens de la musique d'expert, une intelligence profonde et un bon goût qui donne un effet léger et enjoué. »

Le fils de Koffman, Herb (New York, 22 avril 1955), trompettiste, étudie avec Don Johnson et Ted Moses, et fait partie du groupe Manteca dans les années 1980.

Discographie

Hot and Cool Saxophone : Long tpt, McConnell trb, E. Karam sax bar, Bickert guit, Curry cb, Rully batterie; 1957; Jubilee 5311.

The Shepherd Swings Again : Bickert guit, Curry cb, Rully batterie; 1958; Jubilee JLP-1074.

Moe Koffman the Swinging Shepherd Plays for Teens : 1962; Ascot AS-16001.

Tales of Koffman : Amadio p, Bickert guit, Britto cb, Rully batterie; 1962; U Artists JS-14209.

The Moe Koffman Quartet : Bickert guit, Price cb, Rully batterie; 1962; CTL CTLS-5029.

Moe Koffman Quartet : Ayre org, Binsted cb, Cree batterie; 1967; CBC Expo-31 et RCI 268.

Moe Koffman Goes Electric : Ayre org, Pirie guit, Binsted cb et sitar, Cree batterie; 1967; Jubilee JGS-8009.

Turned on Moe Koffman : 1968; Jubilee JGS 8016.

Moe's Curried Soul : Riley clavr, Breau guit, Young cb, Lewis batterie; 1969; Revolver RLPS-502.

Moe Koffman Plays Bach : Riley clavr, Edwards guit, Thompson cb, Clarke batterie; 1971; GRT 9230-1008.

Vivaldi's Four Seasons : orch cdes, Riley clavr, Edwards guit, Bush guit, Thompson cb, Clarke batterie, Craden perc; 1972; 2-GRT 9230-1022.

Master Sessions : Riley clavr, Thompson cb, Clarke batterie; 1973; GRT 9230-1041.

Solar Explorations : orch avec les solistes Basso tpt, Stone flhn, Riley p élec, Greenwich guit, Thompson p et cb, Homme cb et guit b, Clarke batterie. Ranger batterie, Craden perc; 1974; 2-GRT 9230-1050.

Best of Moe Koffman : (1975); GRT 9230-1053.

Live at George's : Thompson p élec et p, Riley p, Bickert guit, Homme cb et guit b, Fuller batterie; 1975; 2-GRT 9230-1005.

Jungle Man : Mallory guit, Mann guit, Riley p élec, Szczesniak guit b, McLaren batterie, Leonard perc; 1976; GRT 9230-1066.

Museum Pieces : orch cdes, Riley clavr, Thompson clavr, Bickert guit, Homme cb et guit b, Morell batterie; 1977; GRT 9230-1072.

Things Are Looking Up : orch cdes, Thompson clavr, Mann guit, Bickert guit, Homme cb et guit b, Morell batterie; 1978; GRT 9230-1078.

Back to Bach : Riley clavr, Mann guit, Szczesniak guit b, McLaren batterie, Leonard batterie; 1979; Anthem ANR-1-1023.

Best of Moe Koffman I  : (1983); Anthem ANR-1-639.

Best of Moe Koffman II : (1983); Anthem ANR-1-643.

The Magic Flute : (1985); PolyTel PTL-17002.

One Moe Time : Senensky clavr, Bickert guit, Overs cb, Clarke batterie; (1986); Duke Street DSR-31023.

Moe-Mentum : Senensky clavr, Bickert guit, Overs cb, Elmes batterie; (1987); Duke Street DSR-31036.

Oop-Pop-A-Da : Gillespie tpt et v, Senensky clavr, Bickert guit, Overs cb, Elmes batterie; (1988); Duke Street DSR-31048.

Moe Koffman Quintet Plays : Senensky clavr, Bickert guit, Collins cb, Elmes batterie; (1990); Duke Street DSR-31060 (CD et cass).

Music for the Night: A Tribute to Andrew Lloyd Weber : Riley arr, c orch, clavr; 1991; Duke Street DSR-31073 (CD et cass).

The Moe Koffman Collection : 1993; Duke Street Records DSRC 31089.

Devil's Brew : 1996; Duke Street Records DSRSD 31100.

Voir aussi DISCOGRAPHIES de Guido Basso, Boss Brass et Quatuor à cordes Orford. Des renseignements supplémentaires sur les enregistrements de Koffman et certaines de ses productions en studio avant 1980 se trouvent dans Canadian Jazz Discography.

Bibliographie

Hartley STEWARD, « Back to Bach with the Swingin' Shepherd », Canadian Magazine (17 mars 1973).

Helen McNAMARA, « Koffman se rend compte des possibilités musicales au Canada; il revient pour y demeurer », ScM, 276 (mars-avril 1974).

Jack BATTEN, « Jazz boss », SatN (oct. 1980).

Mark MILLER, « He's a man of many hats », Globe and Mail (Toronto, 29 avril 1987).

Alex BARRIS, « The Mighty Moe », The Jazz Record (été 1993).

« Moe Koffman », Contemporary Canadian Musicians, vol. 1 (Toronto, 1997).

Mark Miller, « A jazzman for all seasons », Globe and Mail (Toronto, 30 mars 2001).

Lecture supplémentaire