Jour du Souvenir au Canada | l'Encyclopédie Canadienne

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Jour du Souvenir au Canada

Le jour du Souvenir est une journée commémorative annuelle qui est observée dans de nombreux pays du Commonwealth, y compris au Canada, pour célébrer la mémoire de ceux qui sont morts en service militaire et honorer ceux qui ont servi en temps de guerre. Le jour du Souvenir est observé chaque année au Canada le 11 novembre, anniversaire de l’Accord d’armistice de 1918 qui a mis fin à la Première Guerre mondiale. Au cours du jour du Souvenir, les cérémonies publiques et les services religieux incluent souvent le « Last Post », une lecture de la quatrième strophe du poème « For The Fallen », ainsi que deux minutes de silence à 11 h. Des couronnes de fleurs sont déposées au pied des monuments commémoratifs locaux, et des rassemblements sont organisés dans les écoles. Des millions de Canadiens portent les coquelicots rouges durant les semaines qui précèdent le 11 novembre, ainsi que le jour même. En 2020 et en 2021, les événements et les services du jour du Souvenir ont été affectés par la pandémie de COVID-19. Plusieurs événements ont eu lieu en ligne, ont été annulés ou ont été limités à un petit groupe de participants par crainte de contagion.

La Tombe du Soldat inconnu

Commémoration des soldats morts au combat

Les Canadiens ont rendu hommage aux soldats morts au combat lors de la Journée des décorations et du jour de Paardeberg pendant de nombreuses années avant l’adoption, en 1919, de l’anniversaire de l’Armistice pour le jour du Souvenir.

Journée des décorations

En 1890, les anciens combattants de la bataille de Ridgeway (2 juin 1866) manifestent devant le monument des volontaires canadiens de Queens Park, à Toronto, en déposant des fleurs au pied du monument le jour du 24e anniversaire de la bataille. L’histoire de la bataille de Ridgeway a été étouffée de l’histoire et de l’héritage militaires canadiens, et le gouvernement canadien n’a reconnu qu’avec réticence les anciens combattants qui ont participé à cette bataille.

Près de 850 soldats canadiens ont combattu quelque 750 à 800 fenians irlando-américains à Ridgeway. Neuf Canadiens ont été tués au combat et 33 ont été blessés (voir aussi Raids des fenians).

La manifestation des anciens combattants devient un événement commémoratif annuel connu sous le nom de la Journée des décorations, au cours de laquelle les tombes et les monuments en l’honneur des soldats canadiens sont décorés de fleurs. Au cours des 30 années qui suivent, la Journée des décorations devient l’une des journées commémoratives militaires les plus populaires au Canada, ayant lieu lors de la fin de semaine la plus près du 2 juin. L’hommage rendu aux soldats canadiens tombés durant la bataille de Ridgeway s’étend rapidement à ceux tués durant la Rébellion du Nord-Ouest (1885), durant la guerre d’Afrique du Sud (1899-1902) et lors de la Première Guerre mondiale (1914–1918).

Jour de Paardeberg

Avant la Première Guerre mondiale, les Canadiens rendent hommage à leurs soldats morts à l’étranger lors du jour de Paardeberg, le 27 février, l’anniversaire annuel de la bataille de Paardeberg en 1900, durant la guerre d’Afrique du Sud. Cette bataille est la première victoire militaire du Canada à l’étranger.

De 1901 jusqu’au début de la Première Guerre mondiale en 1914, le public se rassemble sur les places publiques des villes et villages à travers le pays, autour des nouveaux monuments commémorant les morts de la guerre d’Afrique du Sud, pour rendre hommage aux soldats qui ont servi dans ce pays. Cependant, le jour de Paardeberg est plus une célébration de la victoire et une affirmation des liens loyaux du Canada anglais envers l’Empire britannique qu’une sombre journée de recueillement à la mémoire des soldats tombés au combat.

Première Guerre mondiale

L’horreur et le massacre de la Première Guerre mondiale (1914-1918) changent les perceptions que les Canadiens se font de la guerre. Des millions de personnes sont tuées en mer et sur les champs de bataille dans toute l’Europe, incluant 61 000 Canadiens. Bien que le Canada se batte du côté des vainqueurs, la célébration de la victoire est remplacée par une commémoration solennelle, et un sentiment que le pays a une dette nationale collective envers ces soldats ordinaires, pour la plupart des jeunes hommes, qui ont perdu leur vie au combat.

Cette dette est honorée à perpétuité, par les générations successives, par le simple fait de se souvenir du sacrifice de ces soldats.

Jour de l’Armistice

En avril 1919, après la fin de la Première Guerre mondiale, le député Isaac Pedlow présente une motion à la Chambre des communes pour instituer un « jour de l’Armistice » annuel, à célébrer non pas le 11 novembre, mais le deuxième lundi de novembre de chaque année.

Le Parlement en est encore à décider d’une date lorsque le roi George V lance un appel à l’Empire britannique le 6 novembre 1919. Il demande instamment que l’armistice qui a mis fin aux combats soit marqué par la suspension de toute activité, et qu’un deux minutes de silence soit observé à 11 h, le 11 novembre, précisément la date et l’heure à laquelle a été signé l’armistice en 1918. Les Canadiens commémorent ainsi le jour de l’Armistice le 11 novembre 1919 et 1920.

En mai 1921, une loi adoptée par le Parlement déclare qu’un jour de l’Armistice annuel sera célébré le lundi de la semaine sur laquelle tombe le 11 novembre. Étrangement, cette journée se superpose à la célébration de l’Action de grâce, une journée de sports, de soupers à la dinde, et de légers loisirs. Cette anomalie, qui rend le public confus et les anciens combattants de la Première Guerre mondiale mécontents, prend fin le 18 mars 1931 lorsque le député A.W. Neil présente une motion proposant que le jour de l’Armistice soit célébré le 11 novembre et « à aucune autre date ».

Un autre député, C.W. Dickie, propose de changer le nom du jour de l’Armistice pour le jour du Souvenir. Ce changement met davantage l’accent sur le souvenir des soldats tombés au combat. Le Parlement adopte ces résolutions en tant qu’amendement à la Loi sur le jour de l’Armistice, et le Canada célèbre son premier jour du Souvenir le 11 novembre 1931. La Loi instituant des jours de fête légale de 1970 et de 1985 reconnaît cette journée comme étant un jour férié national. En France et en Belgique, le 11 novembre est toujours célébré comme le jour de l’Armistice, tandis qu’en Grande-Bretagne, le dimanche du Souvenir tombe sur le deuxième dimanche de novembre. Aux États-Unis, les anciens combattants sont également honorés le 11 novembre, à l’occasion du Veterans Day (journée des anciens combattants).

Le saviez-vous ?
À Terre-Neuve-et-Labrador, les sacrifices de la Première Guerre mondiale étaient traditionnellement reconnus le 1er juillet. La province ne s’est jointe à la Confédération qu’en 1949 et était un dominion distinct durant la Première Guerre mondiale et la Deuxième Guerre mondiale. Le premier service commémoratif a eu lieu le 1er juillet 1917, en l’honneur des soldats du Newfoundland Regiment morts lors de la bataille de Beaumont-Hamel. Le service est rapidement devenu un événement régulier, et le Jour commémoratif (plus tard renommé le jour du Souvenir) a été officiellement institué en 1920. Le Jour commémoratif et le jour du Souvenir sont célébrés à Terre-Neuve-et-Labrador.



Autres guerres

Au Canada, le jour du Souvenir s’est avéré être un terme flexible et durable. La journée s’est développée pour inclure le souvenir des morts de la Deuxième Guerre mondiale, de la guerre de Corée et de la guerre en Afghanistan, ainsi que des missions de maintien de la paix et d’autres engagements militaires internationaux. En tout, plus de 1,6 million de Canadiens ont servi dans les Forces armées canadiennes et plus de 118 000 sont morts dans des conflits étrangers.

Fantassins près de Nimègue, en Hollande

Le saviez-vous ?
L’expression « N’oublions jamais » est souvent utilisée lors des cérémonies de commémoration pour mettre en garde contre l’oubli de ceux qui sont morts à la guerre. Cette phrase peut être retracée jusqu’à la Bible, « Garde-toi d’oublier (…) », dans le Deutéronome 6:12, mais elle a été écrite dans sa forme actuelle en tant que refrain d’un poème de Rudyard Kipling, Recessional, composé pour le jubilé de diamant de la reine Victoria de 1897.


Les champs des Flandres

Coquelicot du jour du Souvenir

Le symbole du jour du Souvenir est le coquelicot rouge, qui pousse sur les champs de bataille de la Première Guerre mondiale en Flandre (en Belgique) et dans le nord de la France. Lorsque les barrages d’artillerie commencent à labourer la terre à la fin de 1914, les champs de Flandre et du nord de la France sont rapidement envahis de coquelicots.

La première personne à utiliser un coquelicot comme symbole du souvenir est l’Américaine Moina Michael, qui s’inspire du poème du lieutenant-colonel John McCrae « Au champ d’honneur ». En 1918, Moina Michael s’engage à « toujours porter un coquelicot des champs de Flandre en signe de souvenir » et à symboliser cet emblème pour « garder la foi envers tous ceux qui sont décédés », faisant ainsi référence à une strophe du poème.

Au Canada, la première « journée du coquelicot » est célébrée le 11 novembre 1921. En 1922, les coquelicots portés sur les revers sont fabriqués et distribués par les anciens combattants au Canada. La Légion royale canadienne, formée en 1925, mène depuis lors la campagne de financement du coquelicot au Canada.

Le saviez-vous ?
La campagne canadienne du coquelicot a été fondée par la philanthrope canadienne juive Lillian Freiman (née Bilsky). Pendant la Première Guerre mondiale, Lillian Freiman travaille sans relâche pour soutenir les soldats canadiens au pays et à l’étranger. Elle met sur pied le club de tricot et de couture de la Croix-Rouge chez elle et, en 1917, elle contribue à la formation de la filiale d’Ottawa de la Great War Veterans’ Association of Canada (aujourd’hui, la Légion royale canadienne). Lillian Freiman dirige la campagne canadienne du coquelicot en 1921, rassemblant des femmes dans son domicile pour confectionner des coquelicots en tissu. Elle préside la campagne de 1921 jusqu’à son décès en 1940. Lillian Freiman est la première Canadienne juive à se voir décerner l’Ordre de l’Empire britannique.


Aujourd’hui, des millions de Canadiens portent l’emblème rouge vif comme symbole du souvenir durant les jours qui précèdent le 11 novembre, ainsi que le jour même. La campagne du coquelicot permet d’amasser des fonds pour soutenir les anciens combattants et leurs familles. En 2021, Postes Canada émet un timbre pour célébrer le 100e anniversaire de l’adoption du coquelicot comme symbole du jour du Souvenir.

Au Canada, certains organismes, comme La Voix des femmes et Peace Poppies qui est basé à Vancouver, soutiennent le port de coquelicots blancs, au lieu ou en plus de la version rouge traditionnelle. Le coquelicot blanc représente un engagement en faveur de la paix et il commémore les victimes de la guerre, tant les civils que les militaires. Cependant, les coquelicots blancs ne sont pas populaires au Canada, car beaucoup estiment qu’ils sont irrespectueux envers les anciens combattants.

Le saviez-vous ?
Le poème For the Fallen a été écrit en 1914 par Laurence Binyon. Après sa publication, la quatrième strophe est devenue connue comme étant l’« Ode au souvenir » ou l’« acte du souvenir ». Cette strophe est souvent gravée sur les cénotaphes, sur les monuments aux morts et sur les pierres tombales dans les cimetières de guerre à travers les pays anglophones.

They shall grow not old, as we that are left grow old:
Age shall not weary them, nor the years condemn;
At the going down of the sun, and in the morning,
We will remember them.


Autres symboles

Lors du jour du Souvenir, les cérémonies publiques et les services religieux incluent souvent la diffusion du « Last Post », suivi de « Reveille », une lecture du poème « For The Fallen » et de deux minutes de silence à 11 h. Des couronnes de fleurs sont déposées aux monuments commémoratifs de guerre locaux, et des rassemblements sont organisés dans les écoles.

Le jour du Souvenir, 2010

Le saviez-vous ?
Le « Last Post » était un appel au clairon militaire joué à la fin de la journée pour signaler que les postes de garde étaient à leur poste et prêts pour la nuit à venir. Lors des cérémonies du jour du Souvenir, le « Last Post » symbolise la mort. Il est suivi de deux minutes de silence, qui sont terminées par l’appel au clairon « Reveille ». Cet appel, « Reveille », est le premier appel au clairon lancé le matin, et il symbolise la résurrection de l’esprit des soldats tombés au champ de bataille lors du jour du Souvenir.


Les Livres du Souvenir, qui sont gardés dans la Chapelle du Souvenir de la Tour de la Paix sur la Colline du Parlement à Ottawa, sont un autre témoignage des guerres. Les huit livres contiennent les noms de plus de 118 000 soldats canadiens morts durant leur service militaire ou dans la marine marchande. Les différents livres couvrent les conflits étrangers datant de la guerre de 1812, de la guerre d’Afrique du Sud et de l’expédition du Nil, en passant par les guerres mondiales et la guerre de Corée, jusqu’aux conflits du 21e siècle. Un autre Livre du Souvenir de Terre-Neuve comprend les noms des Terre-Neuviens morts au cours de la Première Guerre mondiale et de la Deuxième Guerre mondiale, lorsque Terre-Neuve-et-Labrador ne faisait pas encore partie du Canada.

Les monuments commémorant les vies de Canadiens morts dans les conflits à l’étranger occupent une place importante dans les villages et villes partout au Canada. La plupart ont été érigés dans les années 1920 et 1930 à la suite de la Première Guerre mondiale (les noms des guerres ultérieures ont été ajoutés plus tard sur plusieurs de ces monuments). Ils représentent l’engagement des communautés, grandes ou petites, à ne jamais oublier le sacrifice des soldats canadiens (voir Monuments des deux grandes guerres).

Chaque année, la Légion royale canadienne choisit la mère d’un soldat des forces armées tombé au combat pour représenter les mères des anciens combattants canadiens. Elle est nommée Mère nationale de la Croix d’argent et elle est invitée à assister à la cérémonie du Souvenir à Ottawa.

Monument commémoratif de guerre du Canada

Le monument commémoratif de guerre le plus important au Canada est le Monument commémoratif de guerre du Canada, situé à Ottawa. Le 11 novembre, il est au cœur d’une cérémonie du jour du Souvenir télévisée et diffusée à l’échelle nationale, à laquelle assistent le gouverneur général, le premier ministre, des cadres supérieurs de la Légion ainsi qu’un grand défilé d’anciens combattants.

La Tombe du Soldat inconnu est située au pied du Monument commémoratif de guerre du Canada (voir Soldat inconnu). Elle contient les restes d’un soldat canadien non identifié tué lors de la Première Guerre mondiale. Ses restes ont été exhumés d’un cimetière près de la crête de Vimy, en France et rapatriés en 2000. La tombe représente tous les Canadiens morts à l’étranger et enterrés dans des tombes anonymes.

Le jour du Souvenir est un jour férié fédéral (un jour de congé payé pour les employés fédéraux). C’est également un jour férié officiel dans presque toutes les provinces et les territoires.