John McCrae | l'Encyclopédie Canadienne

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John McCrae

John McCrae, soldat, médecin, poète (né le 30 novembre 1872 à Guelph, en Ontario; décédé le 28 janvier 1918 à Wimereux, en France). Pathologiste et médecin militaire de renom, le lieutenant‑colonel John McCrae était aussi poète. Il est l’auteur du fameux In Flanders Fields(traduit en français sous le titre Au champ d’honneur) l’un des plus célèbres poèmes de la Première Guerre mondiale.
John McCrae
John McCrae, c. 1914.
Affiche des Minutes du patrimoine: John McCrae
Un portrait de John McCrae par le graphiste Christopher Hemsworth, basé sur les Minutes du patrimoine de Historica Canada.
John McCrae
Le lieutenant colonel John McCrae et Bonneau.
La tombe de John McCrae au cimetière de Wimereux, 1925
Photo en noir et blanc de la croix en bois dotée d'une plaque en métal marquant l'endroit où est enseveli John McCrae. À l'arrière-plan, on voit plusieurs rangées d'autres croix.

Jeunesse et formation

John McCrae descend d’immigrants écossais. Comme son frère aîné Thomas et sa jeune sœur Geills, il fait ses études à Guelph en Ontario. Membre du Guelph Highland Cadet Corps, il obtient en 1887 la médaille d’or du cadet le mieux exercé en Ontario. Élève doué, il décroche un baccalauréat en 1894 et un diplôme de médecin en 1898 à l’Université de Toronto. Alors qu’il est encore étudiant, il publie des poèmes dans plusieurs publications canadiennes et britanniques.

À l’été 1899, John McCrae travaille à l’hôpital Johns Hopkins à Baltimore dans le Maryland avec sir William Osler qui était déjà un médecin de renommée mondiale. Ultérieurement, cette même année, il obtient une bourse de chercheur à l’Université McGill à Montréal. Toutefois, il décide de repousser cette offre pour un an et de revenir à Guelph pour s’enrôler dans une batterie locale.

Pendant un an, John McCrae et la batterie D de l’Artillerie royale canadienne de campagne prennent part à différentes batailles de la Guerre des Boers qui va durer de 1899 à 1902. John McCrae est rapidement promu capitaine, puis major. Lors d’un incident, il manque de se noyer en traversant un ruisseau à cheval. Il revient au Canada en janvier 1901 et donne une conférence publique sur l’utilisation de l’artillerie pendant la guerre.

Carrière médicale

John McCrae retourne à l’Université McGill et reprend les études postdoctorales qu’il avait laissées de côté pendant la guerre. Il est nommé médecin associé à l’Hôpital Royal Victoria à Montréal et est chargé de cours à l’université. Il travaille également comme pathologiste à l’Hôpital général de Montréal, comme médecin hospitalier à l’Hôpital Royal Alexandra pour les maladies infectieuses, et dans son propre cabinet privé. Jusqu’en 1911, il prend chaque semaine le train pour se rendre à la University of Vermont à Burlington, où il travaille comme professeur invité en pathologie.

Avant la Première Guerre mondiale, John McCrae coécrit avec J. George Adami un ouvrage médical de référence de 878 pages intitulé A Text‑book of Pathology for Students of Medicine. Il est également membre de différents groupes sociaux montréalais, comme le Pen and Pencil Club, où il récite sa poésie. Durant ses années montréalaises, il fonde, en compagnie de son ami l’écrivain et humoriste canadien Stephen Leacock, le Club Universitaire de Montréal. Les deux hommes confient la conception du club à l’un des architectes canadiens les plus fameux, Percy Erskine Nobbs.

En 1910, le Gouverneur général, 4e comte Grey, invite John McCrae à être le médecin de service dans le cadre d’une expédition en canot dans la baie d’Hudson et au‑delà. À l’époque, le gouvernement souhaite établir une nouvelle liaison ferroviaire vers un port dans le Nord pour transporter plus facilement le blé en provenance des Prairies. Le groupe de Grey, composé de 38 hommes dont 23 guides cris, entreprend un périple de deux semaines de Norway House sur le lac Winnipeg jusqu’à York Factory sur la baie d’Hudson où les guides s’arrêtent. Les 15 hommes restants effectuent les quatre dernières semaines de voyage sur un navire à vapeur, le brise‑glace The Earl Grey, avec à son bord des marchandises et des voyageurs, qui les emmènent vers le sud jusqu’à l’Île‑du‑Prince‑Édouard, puis jusqu’à Québec. Bien que l’expédition ait montré qu’il n’était pas possible de poser une ligne de chemin de fer, ce voyage offre à John McCrae une formidable occasion d’observer la vie des peuples autochtones, de prendre des notes à ce sujet et de réaliser des croquis dans son carnet. Ses talents de conteur lui permettent de divertir le groupe pendant le voyage. Lorsque le vapeur The Earl Grey jette l’ancre au large de l’Île‑du‑Prince‑Édouard, il a l’occasion de rencontrer l’écrivaine Lucy Maud Montgomery, le gouverneur général étant un grand admirateur de l’auteure d’Anne… la maison aux pignons verts.

Première Guerre mondiale

Lorsque la Grande‑Bretagne déclare la guerre à l’Allemagne, le 4 août 1914, John McCrae se trouve sur un navire en partance pour l’Angleterre pour de courtes vacances dans un emploi du temps professionnel particulièrement chargé. Évidemment, au lieu de profiter de ses vacances, il se précipite pour s’enrôler. À ce moment, il est âgé de 41 ans et a quitté l’armée dix ans plus tôt; on lui refuse donc un poste d’officier dans l’artillerie, tout en lui offrant un poste de médecin militaire.

John McCrae est nommé médecin militaire de la 1re Brigade de l’Artillerie royale canadienne de campagne et revient au Canada pour une préparation militaire à Valcartier au Québec avant de repartir pour le front. Avant de quitter Montréal pour ce qui sera la dernière fois, il confie ses affaires personnelles à une installation de stockage, écrit à sa famille à Guelph et se rend dans le studio William Notman & Son (voir William Notman) où un photographe prend le portrait qui deviendra son image la plus célèbre.

In Flanders Fields (Au champ d’honneur)

Nouvellement promu au grade de lieutenant‑colonel, John McCrae s’occupe des soldats blessés lors de la Deuxième bataille d’Ypres en Belgique du 22 avril au 25 mai 1915. C’est le premier affrontement de la guerre durant lequel des gaz empoisonnés sont utilisés comme armes, produisant de graves blessures au poumon et des décès. Bien que les propres poumons du médecin soient endommagés par les gaz, aggravant encore l’asthme dont il souffre, cela ne l’empêche pas de soigner ses frères d’armes à Essex Farm, un poste de secours près d’Ypres installé dans un bunker sur un sol en terre battue, éclairé exclusivement par des lanternes accrochées à l’embrasure de la porte.

Au-delà de son émotion générale, John McCrae est particulièrement remué par le décès, durant la bataille, d’un soldat en particulier. Le lieutenant Alexis Hannum Helmer, ingénieur civil et diplômé de l’Université McGill, est alors âgé de 22 ans. Les deux hommes ne se sont jamais rencontrés à Montréal, mais sont devenus de bons amis pendant la guerre. Le matin du 2 mai 1915, Alexis Helmer est fauché par un obus allemand qui explose à ses pieds. Ses restes sont rassemblés dans une couverture de l’armée et enterrés dans le cimetière d’Essex Farm à proximité. En tant qu’officier présent, c’est John McCrae qui est de service pour l’enterrement de son ami. Une simple croix de bois marque l’endroit où il repose.

Le lendemain matin, John McCrae écrit le fameux poème In Flanders Fields, qui sera plus tard traduit sous le titre Au champ d’honneur. Bien qu’il existe différentes versions sur les circonstances précises de l’écriture de ce poème de 15 lignes – sur le marchepied d’une ambulance, au poste de secours, etc. –, ces détails n’ont que peu d’importance par rapport au contenu du texte et à sa puissance qui ne se dément pas.

Dans le cadre horrible des cimetières hâtivement construits à côté de champs de bataille où la guerre fait fureur, des coquelicots rouges jaillissent du sol labouré par les obus. Les oiseaux chantent en dépit des bruits assourdissants de la guerre. En quelques lignes, John McCrae appelle les vivants à se joindre à l’effort de guerre pour qu’Alexis Helmer et des millions d’autres soldats de la Première Guerre mondiale ne soient pas morts en vain.

Après avoir été rejeté par The Spectator, un magazine londonien à succès, In Flanders Fields est publié pour la première fois dans l’édition du 8 décembre 1915 du magazine britannique Punch. Cependant, le nom de John McCrae n’est pas publié avec le poème qui est plutôt mal placé, caché dans un coin en bas d’une des pages de gauche du magazine. Malgré cela, l’œuvre remporte un grand succès auprès du public et est rapidement mémorisée, copiée dans des lettres, mise en musique et traduite en plusieurs langues. Le poème est également utilisé pour collecter 400 millions de dollars pour l’effort de guerre.

Au moment de la publication d’In Flanders Fields, John McCrae a été muté au Troisième Hôpital général canadien près de Boulogne‑sur‑Mer en France, à proximité de la Manche. L’établissement accueille plus de 1 000 soldats blessés dont certains sont mourants. Contrairement à la croyance populaire, John McCrae sait que son poème est devenu célèbre dans le monde entier et s’en montre particulièrement heureux. Cependant, ses autres poèmes, comme The Anxious Dead, écrit en 1917, ne retiennent pas vraiment l’attention. Toutefois, en 1919, un an après sa mort, l’intérêt du public pour tout ce qui a trait à John McCrae se manifeste sans ambiguïté avec le succès à la vente d’un recueil de ses poèmes édité sous la direction de sir Andrew Macphail et incluant une courte biographie du poète.

En janvier 1918, John McCrae offre des services médicaux à la Force expéditionnaire britannique depuis plus de trois longues années. La hiérarchie militaire remarque le dévouement dont il fait preuve et il est nommé médecin‑conseil de la Première Armée britannique, devenant ainsi le premier Canadien titulaire du poste. Cependant, il n’aura jamais l’occasion de prendre en charge ses nouvelles fonctions. Fatigué et affaibli, il est particulièrement vulnérable à la pneumonie, maladie qui tue de très nombreux soldats durant la Première Guerre mondiale. Il tombe malade le 23 janvier 1918. Le 28 janvier, il décède d’une pneumonie et d’une méningite au 14e Hôpital général britannique à Wimereux en France. Il est alors âgé de 45 ans.

John McCrae est inhumé le lendemain au cimetière communal de Wimereux avec tous les honneurs militaires. Bonfire, son cheval bien‑aimé, fait partie du cortège funèbre et le général Arthur Currie est présent. Les infirmières militaires trouvent quelques coquelicots à mettre sur sa tombe en ce jour d’hiver exceptionnellement chaud et ensoleillé.

Héritage

Le lieu de naissance de John McCrae est maintenant un musée et un lieu historique national du Canada.

En 2015, John McCrae est intronisé au Temple de la renommée médicale canadienne pour ses précieuses contributions dans le domaine de la pathologie.

C’est également en 2015, à l’occasion du centième anniversaire de l’écriture d’In Flanders Fields, qu’une statue le représentant est créée par la sculpteure Ruth Abernethy et dévoilée à Ottawa. Une réplique de cette sculpture se dresse à proximité de l’église presbytérienne St. Andrew, le lieu de culte familial, regardant vers Guelph en Ontario, la ville natale du poète.

Entre 2001 et 2013, un extrait d’Au champ d’honneur apparaît sur le dos du billet de 10 $ canadien.

Le coquelicot rouge reste un symbole de sacrifice et de souvenir dans de nombreuses régions du monde (voir Jour du Souvenir).

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