Jennifer Dickson | l'Encyclopédie Canadienne

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Jennifer Dickson

​Jennifer Dickson, O.C., artiste visuelle (née le 17 septembre 1936 à Piet Retief, en Afrique du Sud). En 1965, Jennifer Dickson est nommée à la Société royale des peintres et graveurs (maintenant Société royale des peintres-imprimeurs) et devient par conséquent en 1976 la seule Canadienne à détenir le titre d'Académicienne royale de l'Académie royale des arts de Londres en Angleterre.
 Bye-Bye, Miss America
Eau-forte photomécanique et aquatinte en brun avec aquarelle sur papier vélin de Jennifer Dickson, 1973 (avec la permission de la National Gallery of Canada/Musée des Beaux-Arts du Canada, Ottawa).\r\n \r\n

Jennifer Dickson, O.C., artiste visuelle (née le 17 septembre 1936 à Piet Retief, en Afrique du Sud). En 1965, Jennifer Dickson est nommée à la Société royale des peintres et graveurs (maintenant Société royale des peintres-imprimeurs) et devient par conséquent en 1976 la seule Canadienne à détenir le titre d'Académicienne royale de l'Académie royale des arts de Londres en Angleterre. Figurant parmi les artistes canadiennes les plus reconnus, Jennifer Dickson est récipiendaire d'un doctorat honorifique en droits de l'Université de l'Alberta,obtenu en 1988, d’un titre de l'Ordre du Canada, décerné en 1995, et d'un prix au Victor Tolgesy Arts Award, reçu en 2001. Son œuvre figure dans les collections du Musée canadien de la photographie contemporaine, du Musée des beaux-arts du Canada, du Musée d'art contemporain de Montréal, du Musée des beaux-arts de Montréal, de l'Académie royale des arts au Royaume-Uni et du British Museum.

Enfance et éducation

Jennifer Dickson naît dans le petit village de Piet Retief, dans la province sud-africaine de Mpumalanga. Enfant, elle caresse des ambitions créatives, notamment la peinture. Frappée par la polio à l'âge de deux ans, Jennifer Dickon fait ses études à domicile jusqu'à l'âge de huit ans.

En grande partie confinée chez elle et immobile, elle passe les premières années de sa vie dans l'art, avant de recevoir un enseignement officiel dans sa paroisse. Sous les bons soins de Sœur Magdelene, Jennifer Dickson s'initie aux techniques traditionnelles d'aquarelle du 18e siècle. Même si elle s'éloigne rapidement des approches classiques, l'aquarelle demeure un élément important dans son œuvre. Dans ses nombreuses photogravures, elle utilise un spectre éclatant de pigments d'aquarelle qui permet d'animer ses pièces autrement monochromes en noir et blanc, une technique qui lui vaudra plus tard une renommée internationale.

De 1954 à 1959, elle fait des études de peinture et d'imprimerie au Goldsmiths College School of Art à l'Université de Londres, en Angleterre. En 1960, le gouvernement français lui accorde une bourse d'études pour étudier sous la tutelle du célèbre imprimeur Stanley William Hayter au prestigieux Atelier Dix-sept, à Paris, un apprentissage qu'elle poursuivra jusqu'en 1965.

En 1963, toujours à l'Atelier, Jennifer Dickson gagne le Prix des Jeunes Artistes pour Gravure à la Biennale de Paris pour une photogravure nommée Genesis. Ensuite, cette œuvre et ses autres photogravures sont exposées au Salon Prizewinners de 1965. Le langage symbolique et visuel de cette série, qui montre des objets mi-abstraits évoquant la mythologie chrétienne dans un décor aux teintes de terre cuite et d'ombre brûlée, annonce l'un des thèmes récurrents de ses œuvres subséquentes : soit le rôle symbolique du genre et de la sexualité et leur place contestée dans le paysage historique.

Début de carrière

Durant ses années auprès de Hayter, Jennifer Dickson apprend à tempérer son approche intuitive. Elle finit même par l'abandonner entièrement au profit de la méthode plus rigoureuse et analytique de son mentor. Émotions et coups de tête laissent désormais place à des risques calculés et de la concision.

Au milieu des années 1960, après la fin de son séjour à l'atelier de Hayter, Jennifer Dickson s'installe à Brighton, en Angleterre, pour enseigner au Brighton College of Art (aujourd'hui Université de Brighton). Bientôt au fait du manque en matière d'imprimerie et de photographie, elle fonde le programme de cycle supérieur en imprimerie, dont elle sera directrice pendant de nombreuses années. Mentore respectée, Jennifer Dickson joue un rôle majeur dans l'intégration de la photographie au programme d'études.

Pendant ses années à Brighton et grâce à son travail novateur en imprimerie, elle gagne lentement mais sûrement une renommée internationale. Sa première exposition solo au New Vision Centre de Londres en 1962 reçoit des critiques dithyrambiques et est rapidement suivie d'une foule d'autres expositions solos et collectives au Royaume-Uni et ailleurs dans le monde.

En 1968, Jennifer Dickson quitte l'Angleterre pour la Jamaïque, avec son mari et son fils, pour enseigner les beaux-arts et les arts appliqués en tant que professeure invitée à l'Université des Indes occidentales. Un an plus tard, la famille arrive à Montréal, où Jennifer Dickson devient, dans un premier temps, directrice du programme de graphisme du Centre Saidye Bronfman, puis du programme de dessin de l'Université Concordia. Cette même année, elle est élue à l'Académie royale des arts de Londres en Angleterre.

À peine quelques mois après son arrivée à Montréal, elle produit The Song of Songs, une importante série inspirée par un vers biblique qui traite du symbolisme des jardins cultivés et de leur place vibrante dans l'imaginaire ancien.

En 1976, en collaboration avec la Photothèque de l'Office national du film, Jennifer Dickson crée l'une de ses séries les mieux connues, The Secret Garden, pour laquelle elle utilise la technique hybride de photogravure qui lui vaut plus tard d'être célèbre. Cette technique lui permet de brûler des photographies sur des plaques de métal en utilisant la méthode traditionnelle de taille-coupe, qui consiste à submerger les plaques de zinc dans un bain d'acide. Cette œuvre très autobiographique témoigne des nombreuses préoccupations de l'artiste : une esthétique où fond et forme se répondent, et la mise à nue de la relation troublante entre le mythe de la beauté et l'identité de la femme contemporaine.

Milieu de carrière

De plus en plus intéressée à la photographie, Jennifer Dickson se lance dans sa deuxième œuvre photographique d'importance, The Earthly Paradise (1980). Portrait symbolique et allégorique de deux femmes entraînées dans la vie, la mort et l'au-delà, The Earthly Paradise emprunte une esthétique semblable au collage dans laquelle les figures féminines apparaissent, langoureuses et errantes, sous des jardins romans bien entretenus.

Plusieurs aspects The Earthly Paradise représentent un nouvel axe formel et conceptuel, que l'artiste suit encore à ce jour. C'est la dernière fois que Jennifer Dickson représente des êtres humains. Ses photographies n'illustrent plus ensuite que des objets inanimés : des statues figées et rigides dans des jardins en décrépitude.

Jennifer Dickson voyage à travers l'Europe durant les années 1980 et 1990 et produit de nombreuses séries majeures, surtout entre 1993 et 1997, notamment The Last Silence: Pavane for a Dying World, qui traite de la profanation du patrimoine culturel moderne en Europe à cause de la guerre, de la xénophobie rampante et de la cupidité capitaliste. Cette œuvre est exposée 15 fois, notamment à Rome et à Mantoue, avant d'être achetée par le Musée canadien de la photographie contemporaine, qui l'intègre à sa collection permanente.

Travaux récents

En avril 2002, les Archives nationales du Canada créent le Fonds Jennifer Dickson qui, jusqu'à la mort de l'artiste, sera voué à la collecte et l'archivage de toute son œuvre. La même année, elle reçoit du Conseil des arts d'Ottawa le prix Victor Tolgesy pour son leadership en matière de culture.

De septembre 2005 à janvier 2006 se tient, à l'Académie royale des Arts de Londres en Angleterre, Sanctuary: A Landscape of the Mind, exposition soloqui documente les sites et les jardins historiques en Turquie. Cette œuvre fait désormais partie de la collection permanente de l'Académie royale.

Conférencière passionnée, Jennifer Dickson continue de s'exprimer sur l'évolution de l'esthétique des jardins, sur les conséquences dangereuses de l'utilisation de produits chimiques en photogravure, et sur les effets destructeurs des coupes budgétaires en arts.

Contemplative Moments, sa plus récente série, est présentée à l'Académie royale durant l'été 2012.

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