Jacques Cartier, navigateur (né entre le 7 juin et le 23 décembre 1491 à Saint-Malo en France; décédé le 1er septembre 1557 à Saint-Malo en France). Jacques Cartier a dirigé trois expéditions maritimes vers l’intérieur du golfe Saint-Laurent de 1534 à 1542. Au cours de ces expéditions, il a exploré, mais il a surtout cartographié avec précision pour la première fois l’intérieur du fleuve Saint-Laurent, du golfe jusqu’à Montréal (voir aussi Histoire de la cartographie au Canada). Pour cette prouesse de navigation, Jacques Cartier est toujours considéré par plusieurs comme le fondateur du « Canada ». Toutefois, à l’époque, ce toponyme ne désigne que la région entourant immédiatement Québec. La navigation en amont du Saint-Laurent de Jacques Cartier au 16e siècle mène éventuellement la France à occuper cette partie de l’Amérique du Nord.
Voyages vers les Amériques
La jeunesse de Jacques Cartier est très mal documentée. Selon l’historien Marcel Trudel, il serait né entre le 7 juin et le 23 décembre 1491. Aucun acte de baptême n’est retrouvé, et donc une date de naissance précise est impossible. Cependant, les déclarations faites par Jacques Cartier lui-même permettent aux historiens d’identifier une période d’années et de dates. (Voir Marcel Trudel, Histoire de la Nouvelle-France, volume I [1963], p. 68, note 7).
Il semblerait que Jacques Cartier ait été employé dans le commerce et la navigation à un très jeune âge. Il navigue probablement le long des côtes de France, de Terre-Neuve et de l’Amérique du Sud (Brésil) en tant que matelot, et ensuite officier. À la suite du rattachement de la Bretagne au royaume de France, le roi François Ier choisit Jacques Cartier pour remplacer l’explorateur Giovanni da Verrazano, décédé lors de son dernier voyage.
Premier Voyage (1534)
Les ordres de Jacques Cartier pour sa première expédition sont de rechercher un passage vers l’océan Pacifique dans les environs de Terre-Neuve, et d’y trouver possiblement des métaux précieux. Il quitte Saint-Malo le 20 avril 1534 avec deux navires et 61 hommes. Vingt jours plus tard, ils atteignent la côte de Terre-Neuve. Lors de son périple, Jacques Cartier passe par plusieurs endroits connus des pêcheurs européens. Il renomme ces lieux ou les note sur ses cartographies. Après avoir contourné la côte nord de Terre-Neuve, Jacques Cartier et ses navires entrent dans le golfe du Saint-Laurent par le détroit de Belle-Isle et descendent vers le Sud, longeant les Îles-de-la-Madeleine le 26 juin. Ils atteignent ce qui est aujourd’hui les provinces de l’Île-du-Prince-Édouard et du Nouveau-Brunswick trois jours plus tard. Il navigue ensuite vers l’ouest, traversant la baie des Chaleurs et atteignant Gaspé, où il rencontre des peuples autochtones iroquoiens de la région de Québec. Ceux-ci sont dans la région pour leur pêche au phoque annuelle. Après avoir planté une croix, et avoir effectué du marchandage et quelques négociations, Jacques Cartier et ses navires repartent le 25 juillet. Avant de partir, Jacques Cartier enlève deux des fils du chef iroquoien Donnacona. Ils retournent en France en longeant l’île d’Anticosti et en retraversant le détroit de Belle-Isle.
Deuxième Voyage (1535-1536)
L’expédition de 1535 est plus importante que la première. Elle comprend 110 personnes et trois navires de taille moyenne. Les navires sont nommés Grande Hermine, Petite Hermine et Émérillon. L’Émérillon est adapté pour la navigation fluviale. Ils quittent la Bretagne à la mi-mai 1535 et atteignent Terre-Neuve après une longue traversée de 50 jours. Ils suivent le même itinéraire que l’année précédente; ils entrent dans le golfe et remontent la « rivière du Canada » (nommée plus tard fleuve Saint-Laurent). Un des fils du chef Donnacona les guide jusqu’au village de Stadaconé sur le site de ce qui est maintenant ville de Québec. Compte tenu des explorations prévues, les Français décident de passer l’hiver sur place et ils s’installent à l’embouchure de la rivière Saint-Charles. Contre l’avis du chef Donnacona, Jacques Cartier décide de continuer sa remontée du fleuve vers Hochelaga, qui est maintenant la ville de Montréal. Il atteint Hochelaga le 2 octobre 1535. Sur place, il rencontre d’autres Iroquoiens qui lui font miroiter l’existence d’une mer située au milieu du pays. Lorsque Jacques Cartier retourne à Stadaconé (Québec), les relations avec les peuples autochtones se sont dégradées. Ces derniers aident toutefois les Français mal organisés à survivre au scorbut grâce à un remède à base de conifères (voir aussi Médecine traditionnelle des Premières Nations au Canada). Le printemps venu, les Français décident de rentrer en Europe. Cette fois-ci, Jacques Cartier enlève le chef iroquoien Donnacona lui-même, ses deux fils et sept autres personnes iroquoiennes. Les Français ne ramènent jamais Donnacona et son peuple en Amérique du Nord. (Voir aussi Esclavage des Autochtones au Canada.)
Troisième Voyage (1541-1542)
La guerre en Europe retarde le retour au Canada. De plus, les plans pour le voyage sont changés. L’expédition doit inclure 800 personnes et impliquer une tentative majeure de colonisation dans la région. Les explorations sont confiées à Jacques Cartier, mais la logistique et la gestion coloniale de l’expédition est confiée à Jean-François de La Rocque, sieur de Roberval. Le sieur de Roberval est un officier militaire supérieur qui est chargé du recrutement, du chargement des armes sur les navires et de l’embarquement des artisans et d’un certain nombre de prisonniers. Au moment où l’expédition doit partir, des retards dans les préparatifs et les aléas de la guerre avec l’Espagne font en sorte que seulement la moitié du personnel (dirigé par Jacques Cartier) est envoyé au Canada en mai 1541 par le sieur de Roberval. Ce dernier vient les rejoindre l’année suivante. Jacques Cartier et ses hommes établissent la nouvelle colonie à plusieurs kilomètres en amont de Québec au confluent de la rivière du Cap-Rouge et du fleuve Saint-Laurent. Pendant que les colons et artisans construisent les forts, Jacques Cartier décide de remonter vers Hochelaga. Lorsqu’il en revient, il arrive au milieu d’un conflit sanglant qui a éclaté avec les Iroquoiens à Stadaconé.
Retour en France
En état de siège relatif durant l’hiver, et n’attendant l’arrivée de Jean-François de La Rocque, sieur de Roberval, qu’au printemps, Jacques Cartier décide d’abandonner la colonie à la fin de mai. Il remplit une dizaine de barils avec ce qu’il croit être des pierres et des métaux précieux. Cependant, lors d’une halte à St. John’s à Terre-Neuve, Jacques Cartier rencontre la flotte de La Rocque de Roberval et il reçoit l’ordre de retourner à Cap-Rouge. Jacques Cartier refuse d’obéir et il repart vers la France sous le couvert de la nuit. Les pierres et métaux qu’il rapporte se révèlent sans valeur et Jacques Cartier n’est jamais remboursé par le roi pour l’argent qu’il a emprunté aux marchands bretons. Après cette mésaventure, il retourne travailler en affaires. Jacques Cartier meurt 15 ans plus tard dans son domaine de Limoilou près de Saint-Malo. Il conserve sa réputation d’avoir été le premier Européen à avoir exploré et cartographié cette partie de l’Amérique qui devient plus tard l’axe de puissance français en Amérique du Nord.