Historiographie de langue anglaise | l'Encyclopédie Canadienne

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Historiographie de langue anglaise

Le premier exemple est une publication anonyme parue à Londres en 1749, A Geographical History of Nova Scotia. D'autres comptes rendus similaires suivent, dont le plus important est celui de T.C.
Creighton, Donald Grant
Recevant un dipl\u00f4me honorifique, en 1974. Un des plus illustres historiens canadiens, il est reconnu particuli\u00e8rement en raison de la qualité de son écriture (avec la permission des Biblioth\u00e8que et Archives Canada/123984).

Historiographie de langue anglaise

L'historiographie canadienne de langue anglaise apparaît presque en même temps que la colonisation de l'Amérique par les Britanniques. Exercée par d'enthousiastes amateurs, elle se développe régionalement, par nécessité. Elle tente moins d'examiner le passé (car prévaut alors l'idée, empreinte d'eurocentrisme, que le Canada a peu d'histoire « véritable ») que de dépeindre la géographie du pays, de compiler des statistiques sociales et économiques, et de noter les progrès politiques de façon à encourager la colonisation et les investissements. Elle est surtout considérée comme un genre littéraire descriptif plutôt qu'analytique, visant à promouvoir le développement des colonies.

Le premier exemple est une publication anonyme parue à Londres en 1749, A Geographical History of Nova Scotia. D'autres comptes rendus similaires suivent, dont le plus important est celui de T.C. HALIBURTON's, An Historical and Statistical Account of Nova Scotia (1829), un « tract » destiné à encourager les relations suivies avec la mère patrie.

D'autres colonies et régions de l'Amérique du Nord britannique contribuent à ce genre littéraire pendant leur stade embryonnaire. Lorsque les Européens entreprennent la colonisation des PRAIRIE WEST, durant les années 1870, des ouvrages comme Red River (1871), de Joseph James Hargrave, et Manitoba (1882), de George Bryce, font de la propagande pour les colonies, mais traduisent en plus un sentiment encore naissant d'appartenance. D'une certaine façon, le fait d'insister sur l'existence d'un passé distinct de l'Ouest est une réaction à la prolifique historiographie écrite au XIXe siècle par des historiens de l'Ontario.

Dans ce qui est l'Ontario d'aujourd'hui, la première publication équivalant à l'Histoire du Canada, de François-Xavier Garneau, est The History of Canada from Its First Discovery to the Present Time (1855), de John Mercier McMullen. À la différence de Garneau, ce dernier met l'accent sur les aspects « positifs » des implications du DURHAM REPORT de 1839 : le bien-fondé et la nécessité du progrès matériel, du développement commercial, des institutions parlementaires britanniques et de l'autonomie politique des colonies. Dans cette perspective, le Canada-Ouest (l'Ontario) est perçu à la fois comme le précurseur et le gardien de telles vertus; d'autres régions sont mises en marge, car on considère qu'elles y font obstacle, le Québec par exemple, ou qu'elles sont le lieu d'une possible expansion de l'Ontario (l'Ouest canadien). On ignore presque totalement les colonies des Maritimes.

Vers la fin du XIXe siècle, le progrès de l'Ontario prête une certaine légitimité à cette vision d'un Canada central. La CONFÉDÉRATION, en 1867, fait du passé de l'Ontario celui de la nation. Les auteurs ontariens, obsédés par le progrès matériel, la préservation des liens avec la Grande-Bretagne et la quête d'un GOUVERNEMENT RESPONSABLE, poursuivent leur propagande, mais leurs écrits adoptent désormais la perspective de la destinée nationale. Au milieu des années 1880, le journaliste John Charles DENT compte à son actif deux livres louangeant le progrès né de la modération politique : The Last Forty Years (1881) et The Story of the Upper Canadian Rebellion (1885).

Au cours de la décennie suivante, un autre grand amateur, l'ingénieur William Kingsford, publie un imposant ouvrage en dix volumes, History of Canada (1887-1898), qui met l'accent sur le développement d'un gouvernement autonome local en dehors des structures du pouvoir impérial. À la fin du siècle, l'écriture de l'histoire canadienne reste en grande partie l'apanage des passionnés de littérature comme William KIRBY (The Golden Dog, 1877), Charles MAIR(Tecumseh, A Drama, 1886) et Charles G.D. ROBERTS (History of Canada, 1897).

Toutefois, on assiste à l'émergence d'institutions qui favorisent une professionnalisation graduelle qui empiète sur cette approche romantique de l'écriture historique, ce qui, en définitive, provoquera un profond changement. L'accent n'est alors plus mis sur la qualité littéraire, mais sur la discipline professionnelle. Créée en 1882, la Société royale du Canada offre à ses membres une première occasion de lire des articles savants et d'en publier à l'intention de leurs pairs. Le développement rapide des cours offerts par les universités canadiennes anglaises, de 1880 à 1920, contribue aussi à la formation de professionnels.

En 1880, le directeur de l'université McGill, J.W. DAWSON, écrit qu'un homme instruit peut acquérir une connaissance générale sur l'histoire « de façon agréable et facile par des lectures individuelles ». Les chemins qui mènent à la spécialisation, pense-t-on, peuvent passer par une connaissance plus approfondie des langues et de la littérature, et non obligatoirement par l'étude de documents historiques. Dès 1900, cependant, l'étude de l'histoire est dissociée de l'étude des lettres classiques, de la littérature anglaise et de l'économie politique, auxquelles elle était associée auparavant.

Dans les années 1890, des chaires d'histoire canadienne existaient déjà à l'université de Toronto et à l'université Queen. Ailleurs, des professeurs d'histoire enseignaient également la discipline, notamment à l'université du Manitoba et à l'université Dalhousie. Les romans historiques de l'historien américain Francis Parkman (comme Montcalm and Wolfe, 2 vol., 1884) et l'analyse critique de Goldwin SMITH (Canada and the Canadian Question, 1891) ont alors déjà démontré que l'histoire du Canada ne fait pas nécessairement preuve d'étroitesse ou n'est pas forcément dénuée d'importance.

À l'université de Toronto, George WRONG combine le récit moraliste avec l'examen sérieux des sources originales, en particulier dans A Canadian Manor and its Seigneurs (1908). George Bryce, à l'Université du Manitoba, fait de même dans Remarkable History of the Hudson Bay's Company (1900).

Les efforts continus de Wrong et de Bryce pour séparer l'écriture historique du simple attachement au passé sont probablement tout aussi importants. Bryce joue un rôle positif dans la Historical and Scientific Society of Manitoba (fondée en 1879) et, en 1897, Wrong a déjà créé la Review of Historical Publications Relating to Canada à l'université de Toronto. Les deux hommes consacrent leur énergie à introduire les principes de la critique des sources dans l'historiographie canadienne. L'approche de Kingsford est maintenant jugée fondamentalement inadéquate, à cause du peu de références aux documents d'archives et de sa perspective interprétative insuffisante.

Après la création, en 1872, des Archives publiques du Canada (voirARCHIVES NATIONALES DU CANADA) sous la direction de Douglas Brymner, il existe encore moins d'excuses de ne pas consulter les sources manuscrites et officielles de base. Ce nouveau souci de vérifier les données empiriques est aussi exprimé dans les ouvrages d'Adam SHORTT, professeur d'histoire canadienne à l'université Queen du début des années 1890 à 1907.

D'abord dans une série d'études sur les institutions économiques et financières du Canada, puis dans l'ouvrage CANADA AND ITS PROVINCES (23 vol. publiés de 1913 à 1917), qu'il conçoit et dont il dirige la rédaction avec Arthur DOUGHTY, successeur de Brymner comme archiviste national, Shortt refuse de s'engager dans la morale nationaliste qui caractérise les publications de Bryce et de Wrong. De plus, Canada and its Provinces, qui porte principalement sur la croissance du Canada en tant qu'État-nation, demeure sensible au régionalisme historique et à l'« histoire provinciale ». Comme ses professeurs, philosophes idéalistes qui l'ont influencé à l'université Queen, Shortt cherche à concilier la multiplicité et l'unité, sans chercher à diminuer l'importance de l'une ou de l'autre.

Par contre, cet engouement des nouveaux historiens universitaires pour la vérification empirique et le jugement « objectif », durant les deux premières décennies du 20ième e siècle, ne marque aucunement la fin de la méthode littéraire. Les « hommes de lettres » se tournent plutôt vers la BIOGRAPHIE, encouragés qu'ils sont par la décision de l'éditeur torontois George Morang de créer une série de biographies en plusieurs volumes, THE MAKERS OF CANADA SERIES.

La première série et l'index, publiés de 1903 à 1911, sont écrits à la fois par des universitaires et des non-spécialistes. Ces textes marquent l'apogée du culte du héros prôné par Carlyle et du progressisme whig. Ceux qui font l'objet de ces biographies sont presque tous, d'une certaine manière, les Founding Fathers (les Grands Ancêtres) du Canada, généralement dans le domaine politique. On les décrit comme des « artisans » de l'indépendance et de l'avenir du Canada en tant que nation et non comme des personnages de son passé colonial. Egerton RYERSON peut donc faire partie des personnalités de la série, mais pas l'évêque anglican John STRACHAN.

On n'admet pas davantage de textes critiquant sérieusement ces « artisans ». Lorsque William Dawson LESUEUR, un des rédacteurs de la série, soumet un manuscrit critiquant le leader rebelle William Lyon MACKENZIE, son texte est rejeté sans ambages. Il faudra attendre 71 ans pour que soit publié ce texte représentant la première biographie historique « moderne » du Canada, intitulée William Lyon Mackenzie : a Reinterpretation (1979).

Au début des années 20, malgré le grand intérêt émotionnel suscité par la série The Makers of Canada, ce genre d'histoire biographique ne correspond déjà plus au travail des historiens professionnels, formés de plus en plus aux écoles d'études supérieures britanniques et américaines. En 1922 sont fondées la SOCIÉTÉ HISTORIQUE DU CANADA et sa revue, CANADIAN HISTORICAL REVIEW, laquelle supplante celle de Wrong, Review of Historical Publications.

À cette époque, les Canadiens anglais sortent de la Première Guerre mondiale avec un détachement nouveau à l'égard de l'Empire britannique. Un attachement affectif existe encore, mais le sentiment que le Canada devra bientôt déclarer son indépendance complète, mis à part son allégeance à la monarchie britannique, se fait jour. La relation entre l'empire et la nation deviendra la préoccupation de la prochaine génération d'historiens professionnels de langue anglaise et de plusieurs autres qui suivront.

L'entre-deux-guerres voit la publication de plusieurs livres importants dont les auteurs tentent de comprendre le statut complexe du Canada sur le plan international. Deux des plus remarquables sont The Constitution of Canada (1922), de W.P.M. KENNEDY's et Empire and Commonwealth (1929), de Chester Martin. La montée des formes autonomistes du nationalisme et la reconnaissance des États-Unis comme véritable puissance mondiale représentent deux éléments de l'héritage de la Première Guerre mondiale.

Ainsi, certains historiens entreprennent l'étude des RELATIONS CANADO-AMÉRICAINES. De jeunes historiens canadiens, tels qu'Arthur LOWER et F.H. UNDERHILL, influencés par des historiens progressistes américains comme Frederick Jackson Turner et Charles A. Beard, font ressortir les traits géographiques, politiques et économiques communs à ces deux pays qui partagent le même continent.

L'interdépendance économique et culturelle croissante des deux pays renforce la crédibilité de ce point de vue. Des livres à caractère internationaliste et à structure comparative sont publiés, notamment ceux de John Barlet BREBNER, New England's Outpost (1927), The Explorers of North America, 1492-1806 (1933) et The Neutral Yankees of Nova Scotia (1937). La recherche de liens continentaux prend une tournure populaire avec la série d'essais du journaliste J.W. DAFOE's intitulée Canada : An American Nation (1935).

De plus en plus, on se sert des différentes catégories d'analyse de l'histoire américaine pour donner une nouvelle dimension au passé du Canada. Cette tendance s'accentue lorsque des universitaires américains entreprennent l'étude des relations canado-américaines. L'expression la plus volumineuse de ce CONTINENTALISME est sans doute la série de 25 volumes de la société Carnegie sur les relations canado-américaines, préparée par des universitaires des deux pays, sous la direction de James T. Shotwell, et publiée de 1936 à 1945. En 1945, Brebner en publie un résumé intitulé The North Atlantic Triangle.

Le désir de connaître l'impact des facteurs environnementaux sur l'histoire du Canada domine les études historiques de l'entre-deux-guerres. Ainsi, Underhill insiste sur l'axe nord-sud des liens politiques et économiques continentaux, tout comme Goldwin Smith, son mentor intellectuel, l'a fait avant lui.

Une forme différente de déterminisme environnemental est lancée par un économiste politique de l'Université de Toronto, Harold INNIS. Dans une série d'études détaillées sur l'histoire de l'économie canadienne (surtout dans The Fur Trade in Canada, 1930), ce dernier formule peu à peu ce qui deviendra la THÉORIE DES PRINCIPALES RESOURCES. Selon ce raisonnement complexe, élaboré avec un minutieux souci du détail historique, les déterminants matériels et économiques fondamentaux de l'histoire canadienne sont ceux qui lient l'économie de l'arrière-pays canadien aux principales métropoles européennes, surtout la britannique (voirMETROPOLITAN-HINTERLAND THÈSE).

Les rapports de réciprocité entre l'exploitation des produits canadiens et la demande européenne ont créé un axe économique transatlantique est-ouest qui transcende les impératifs nord-sud de la réalité continentale. Les autres aspects de l'évolution historique comme la culture, la politique et la croissance urbaine sont, à ses yeux, secondaires.

L'interprétation d'Innis apporte un argument important aux historiens canadiens en désaccord avec le point de vue continentaliste voulant qu'on puisse demeurer environnementaliste tout en insistant sur les liens économiques et culturels avec l'Europe, surtout avec la Grande-Bretagne. THE COMMERCIAL EMPIRE OF THE ST. LAWRENCE, de Donald CREIGHTON, publié en 1937, en constitue une preuve éloquente. Cet ouvrage qui fera école doit beaucoup à l'attention portée par Innis au caractère transatlantique de l'exploitation des produits essentiels, mais l'ouvrage s'attarde principalement à la position centrale occupée par le système commercial du FLEUVE SAINT-LAURENT et les marchands coloniaux qui ont façonné, après la conquête, l'économie transcontinentale.

Ainsi est née la THÈSE LAURENTIENNE, une interprétation qui dominera l'histoire canadienne jusque dans les années 60. D. Creighton s'étend davantage sur le sujet, plus particulièrement dans sa magistrale biographie intitulée John A. Macdonald (2 vol., 1952-1955), dans laquelle monsieur Macdonald devient l'incarnation même de la volonté nationale et où la grande réalisation de celui-ci, la construction du CHEMIN DE FER DU CANADIEN PACIFIQUE, marque le prolongement intercontinental de l'empire du Saint-Laurent jusqu'au Pacifique. Une grande partie de l'intérêt de l'oeuvre de D. Creighton, durant les années 40 et 50, vient de ce qu'il réussit à combiner avec habileté les manifestations d'initiative et de volonté avec les facteurs sociaux et économiques ou, pour employer ses termes, à combiner le « caractère » avec les « circonstances ».

D. Creighton a profondément influencé ses contemporains. Avec Dominion of the North (1944), Canada's First Century (1970) et d'autres ouvrages, la thèse laurentienne demeure au premier plan des interprétations du processus d'édification du Canada. Sa biographie de John A. Macdonald redonne à ce genre littéraire sa valeur historique. D'autres universitaires produisent des études majeures portant sur des personnages négligés, notamment J.M.S. CARELESS (Brown of the Globe, 2 vol., 1959-1963) et Roger Graham (Arthur Meighen, 3 vol., 1960-1965).

De fait, en 1960, la biographie politique est devenue le genre littéraire dominant en histoire, au Canada anglais, d'une part grâce à la force littéraire extraordinaire du Macdonald de D. Creighton et, d'autre part, à cause de la réaction de la génération d'après-guerre à l'austérité et aux restrictions du déterminisme économique mis de l'avant dans les sciences sociales. Au milieu du siècle, l'histoire du Canada se rattache encore fortement aux sciences humaines.

L'« école laurentienne » a cependant ses critiques. L'essai de W.L. MORTON, Clio in Canada : The Interpretation of Canadian History, paru en 1946, s'avère une véritable mise en accusation des implications d'hégémonie et d'exploitation du « laurentianisme » pour les régions autres que le centre du Canada. Par ses écrits comme The Progressive Party in Canada (1950) et Manitoba (1957), monsieur Morton contribue largement à l'histoire d'une région négligée par les historiens de l'école laurentienne (mis à part son rôle en tant qu'arrière-pays), tout comme G.F.G. STANLEY l'a fait plus tôt dans The Birth of Western Canada (1936).

Cependant, pendant les années 60, les hypothèses de l'école laurentienne sont codifiées pour la nouvelle génération dans la Canadian Centenary Series, sous la direction de W. L. Morton et de D. Creighton, dont les 18 volumes prévus traiteront en détail de l'histoire du Canada. La plupart des volumes de la série (augmentée à 20) sont déjà parus.

Pendant les années 60 et au début des années 70, l'augmentation phénoménale du nombre d'universités et particulièrement des facultés d'études supérieures modifie radicalement l'orientation de l'historiographie canadienne. L'aide financière du CONSEIL DES ARTS DU CANADA (et plus tard celle du CONSEIL DE RECHERCHES EN SCIENCES HUMAINES DU CANADA) facilitent grandement la recherche, la rédaction de travaux et la publication universitaires. Les diplômés des universités « régionales » se dirigent de plus en plus vers l'étude de la classe urbaine, ethnique ou ouvrière ou vers l'historiographie féministe et ce, en se situant souvent dans un cadre régional. La production historienne à l'échelle internationale, notamment celle de la « nouvelle histoire sociale » des années 60, influence sensiblement ces universitaires dont les études adoptent souvent un cadre analytique qui remet en question les relations sociales et économiques du système capitaliste.

Des revues spécialisées comme Acadiensis, B.C. Studies, Labour / Le Travail et Urban History Review / Revue d'histoire urbaine reçoivent un accueil enthousiaste de la part de la communauté des chercheurs. À la fin des années 70, les tentatives antérieures de « synthèse nationale » deviennent la cible de nombreuses critiques. On leur reproche de ne pas rendre compte des caractéristiques régionales et d'accorder une importance démesurée aux anglophones et aux francophones de la classe moyenne ainsi qu'à leurs représentants politiques. L'étude de Carl Berger sur les historiens nationaux, intitulée The Writing of Canadian History (1976), constitue un éloquent point d'orgue à l'historiographie de cette époque antérieure.

Depuis le milieu des années 70, les historiens se penchent sur l'existence de nombreuses « identités restreintes », phénomène déjà signalé par J.M.S. Careless et Ramsey Cook. L'historiographie des régions, des classes sociales, des villes et des communautés ethniques, ou celle basée sur les rapports sociaux entre hommes et femmes, sont toujours florissantes. Celle de la nation, quel que soit le sens que les historiens donnent maintenant à ce mot, est largement délaissée. Peu d'oeuvres d'histoire « nationale », politique ou constitutionnelle, sont écrites et même un thème comme la « Confédération », sujet fondamental de la profession dans les années 50 et 60, ne réussit pas à susciter l'intérêt d'interprètes historiques importants.

Les résultats sont équivoques et ironiques. Les étudiants de l'histoire du Canada connaissent beaucoup mieux les particularités de leur passé collectif, mais l'absence de toute nouvelle synthèse majeure de ce savoir important signifie que l'engouement des chercheurs pour les « identités restreintes » dans les universités donne, à l'occasion, des « perspectives limitées » aux lecteurs de l'histoire du Canada.

À la fin des années 80, des « vulgarisateurs » comme Pierre Berton et Peter C. Newman ont accusé les historiens universitaires d'avoir abandonné le grand public dans leur quête de l'ésotérique. Les historiens universitaires ont riposté de manière aussi virulente en déclarant aux « vulgarisateurs » que les tentatives de ces derniers de vendre des livres en mettant l'accent sur l'insaisissable identité nationale les avaient menés à des interprétations réductionnistes et stéréotypées du passé du Canada.

Voir aussiHISTORIOGRAPHIE.

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