Enfance
Guy Lafleur naît le 20 septembre 1951 dans la ville papetière de Thurso, au Québec, sur la rivière des Outaouais. Il a quatre sœurs et est le seul fils de Réjean et Pierrette Lafleur.
À l’âge de cinq ans, il reçoit pour Noël sa première paire de patins et un bâton de hockey. Tous les hivers, son père installe une patinoire derrière la maison familiale. Les autres enfants de la commune sont autorisés à venir y jouer au hockey s’ils respectent une condition obligatoire : celle de toujours intégrer le petit Guy aux parties.
La passion de Lafleur pour le hockey vient de fort loin. À l’âge de sept ans, il se couche le soir vêtu de son équipement de hockey de façon à pouvoir aller jouer dès le matin, au réveil. Il joue au hockey avant de se rendre à l’école, puis le midi contre des joueurs d’autres classes, puis après l’école, encore contre d’autres équipes de la région. Dans l’ouvrage Lions in Winter (1987), les auteurs Chrys Goyens et Allan Turowetz rapportent le commentaire suivant de Lafleur : « Tout ce que je sais, c’est que lorsque j’avais environ sept ans, je prenais le hockey au sérieux pas mal plus qu’un certain nombre de mes amis. »
À l’âge de neuf ans, Lafleur travaille sur la ferme d’un ami dans le but de se maintenir en bonne forme physique. Il pratique la course à pied, pour améliorer son endurance. Son père lui fabrique même des barres à disques pour qu’il travaille sa force.
Lafleur est élevé au sein d’une communauté qui partage pleinement sa passion du hockey. Les enseignants et le principal de son école sont aussi des mordus de hockey. Un de ses enseignants lui donne congé de devoirs chaque fois qu’il doit aller jouer un match dans une autre ville. Quand Lafleur a 10 ans, le gérant d’un aréna local lui offre du temps de glace en échange de corvées qu’il effectue pour lui, dans l’aréna.
Tournoi international Pee-Wee de Québec
En 1962, à l’âge de 10 ans, Lafleur participe à son tout premier Tournoi international de hockey Pee-Wee de Québec. Ce tournoi québécois existe depuis 1960 et est considéré aujourd’hui comme le plus prestigieux tournoi de jeunes hockeyeurs au monde. En 1962, il implique déjà environ 1 200 joueurs des quatre coins de l’Amérique du Nord.
Lafleur évolue alors avec une équipe itinérante basée à Rockland, en Ontario (à environ 30 kilomètres au sud de Thurso, sur l’autre rive de la rivière des Outaouais). Il joue souvent contre des joueurs qui sont de deux ans ses aînés. Lors du tournoi, Lafleur compte 30 des 48 buts de son équipe. Il compte même sept buts en une seule partie, le 5 février 1962.
Vu cette extraordinaire performance, Lafleur est nommé le joueur le plus utile de tout le tournoi. Un autre moment mémorable de ce tournoi pour Lafleur est sa rencontre avec Jean Béliveau, alors capitaine des Canadiens de Montréal. Au cours d’une des parties du tournoi, Lafleur réalise un tour du chapeau et Jean Béliveau pose alors un chapeau sur la tête du jeune joueur.
Lafleur participera deux autres fois au Tournoi international de hockey Pee-Wee de Québec, en 1963 et en 1964. Il évolue alors avec une équipe de Thurso. Il compte au total 64 buts en trois années, permettant à son équipe de remporter le titre du championnat « C », à chacune de ces trois saisons.
Hockey junior
À 15 ans, Lafleur déménage à Québec, pour se joindre aux As de Québec Junior, de la Ligue de hockey junior A du Québec. Les As ont des vues sur Lafleur depuis qu’ils l’ont vu évoluer au Tournoi international de hockey Pee-Wee de Québec. Paul Dumont, le directeur du tournoi Pee-Wee, est aussi dépisteur pour les As. La première fois qu’il voit Lafleur jouer, il note : « Excellent patineur. Tir droitier puissant et précis. Style de jeu intéressant. Peut se déplacer et feindre sur sa droite comme sur sa gauche. Excellent joueur d’avant, pouvant aussi évoluer en défensive. »
Lafleur jouera pendant trois saisons pour les As. Ensuite, il évoluera pendant deux saisons avec les Remparts de Québec, de la Ligue de hockey junior majeur du Québec. Lors de sa première saison avec les Remparts (1969-1970), il établit le record du plus grand nombre de buts comptés (103) au cours d’une saison régulière d’une ligue de hockey junior majeur au Canada. La saison suivante, il fracasse son propre record en comptant 130 buts et il établit le record du plus grand nombre de points (209) – Aujourd’hui, c’est Mario Lemieux qui détient le record du plus grand nombre de buts (133) et de points (282) obtenus au cours d’une saison régulière d’une ligue de hockey junior majeur (record établi quand Lemieux évoluait avec les Voisins de Laval en 1983-1984). Lafleur termine sa seconde saison avec les Remparts en leur faisant gagner le premier titre de la Coupe Memorial de leur histoire.
Les Canadiens de Montréal aiment ce qu’ils voient fleurir en Lafleur. Le 22 mai 1970, ils le sélectionnent comme premier choix au repêchage amateur de la LNH, pour 1971.
Carrière dans la LNH
Pendant ses trois premières saisons à Montréal, Lafleur est un joueur moyen. Ses statistiques le sont aussi (175 points en 215 parties de la saison régulière) et il peine à satisfaire les attentes élevées qu’il avait suscitées. Par contre, lors de sa quatrième saison, en 1974-1975, Lafleur fracasse le record du club Canadiens pour le plus grand nombre de buts (53), d’assistances (66) et de points (119), en une saison. Le 7 mars 1975, lors d’une victoire de 8 à 4 contre les Capitals de Washington, Lafleur devient le premier joueur de toute l’histoire du club Canadiens à atteindre les 100 points en une seule saison.
Lors des cinq saisons suivantes (1976-1980), Lafleur continue d’être un excellent ailier droit et il est renommé pour son coup de patin fluide, son sens vif des constitutions de jeux et son tir précis. Entre 1976 et 1980, Lafleur produit au moins 50 buts et 125 points par saison. Il détient toujours le record, qu’il a établi en 1976-1977, du plus grand nombre de points en saison régulière (136), pour le club Canadiens. Et il est à égalité avec Steve Shutt pour le record, établi en 1977-1978, du plus grand nombre de buts en saison régulière pour un joueur du club Canadiens (60).
Au cours de ces cinq saisons, Lafleur remporte le trophée Art Ross trois fois (1976-1978), le trophée Hart deux fois (1977-1978), le Prix Lester B. Pearson (aujourd’hui Prix Ted Lindsay) trois fois (1976-1978), le trophée Conn Smythe (1977), le trophée Lou Marsh (1977) et le Prix Lionel Conacher (1977). Il guide aussi les Canadiens de Montréal lors des campagnes les menant à quatre Coupes Stanley consécutives, de 1976 à 1979.
À l’époque où il évolue avec le club Canadiens, Lafleur fait partie à six reprises (1975-1980) de la première équipe d’étoiles de la LNH. Il joue dans cinq matchs des étoiles. Il est en tête des compteurs de la LNH en séries éliminatoires à deux reprises (1975 et 1978). Il produit le plus grand nombre d’assistances en séries éliminatoires à deux reprises (1977 et 1979) et le plus grand nombre de points en séries éliminatoires à trois reprises (1977, 1978 et 1979). En 1977, Lafleur établit le record pour le club Canadien du plus grand nombre d’assistances dans une série éliminatoire unique (17) – ce record est égalisé l’année suivante par le défenseur Larry Robinson.
Le 26 novembre 1984, Lafleur prend sa retraite de la LNH. Le 16 février 1985, le club Canadiens retire son chandail (le dossard numéro 10). Le 7 septembre 1988, il est intronisé au Temple de la renommée du Hockey. Et pourtant, un peu après cette intronisation, Lafleur décide d’interrompre sa retraite et de revenir au jeu. Le 26 septembre 1988, il signe un contrat avec les Rangers de New York. Il jouera encore trois saisons dans la LNH, une saison avec les Rangers de New York et deux saisons avec les Nordiques de Québec. Lors de sa dernière saison dans la LNH, Lafleur participe à son sixième match des étoiles de la LNH. Il termine sa carrière avec 560 buts, 793 assistances et 1 353 points.
Jouer pour le Canada
Lafleur jouera pour le Canada à trois reprises dans sa carrière. Il participe deux fois au tournoi de la Coupe Canada (en 1976 et en 1981) et il participe une fois au Championnat mondial de hockey sur glace de l’IIHF à Gothenburg, en Suède. Même s’il fait partie de l’équipe canadienne qui remporte la Coupe Canada en 1976, Lafleur s’en tire mieux lors du tournoi de la Coupe Canada de 1981. Il est alors en tête de l’équipe canadienne pour le nombre d’assistances (9) et il est à égalité avec un autre joueur dans la seconde position du tournoi pour le plus grand nombre de points obtenus (11) – un point derrière Wayne Gretzky.
Honneurs
En 1985, le Prix d’excellence Guy-Lafleur et le Mérite Guy-Lafleur sont établis. Ils récompensent les joueurs de hockey qui combinent au mieux l’excellence de la performance au hockey et de la réussite académique. Les joueurs de la Ligue de hockey junior majeur du Québec, de la Ligue de hockey junior du Québec et d’une école québécoise de sport interuniversitaire canadien sont éligibles. Le prix s’accompagne d’une bourse de 6 000 $ allouée sur une période de trois ans.
Lafleur devient Officier de l’Ordre du Canada en 1980. Il devient chevalier de l’Ordre National du Québec en 2005. Il est intronisé au Temple de la renommée du hockey en 1988 et au Panthéon des sports canadiens en 1996. En 2002, la Société canadienne des postes émet un timbre de 48 cents en son honneur.
Lafleur a aussi des liens avec l’armée canadienne. Entre 2005 et 2008, il sert comme colonel honoraire au 12e Escadron de radar de l’Aviation royale canadienne. Et en 2013, il est nommé colonel honoraire de la 3e Escadre Bagotville. Il a aussi visité les troupes canadiennes en Afghanistan.