Grèves au Cap-Breton dans les années 20 | l'Encyclopédie Canadienne

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Grèves au Cap-Breton dans les années 20

Les luttes ouvrières du début des années 20 à l'ÎLE DU CAP-BRETON sont le reflet d'un épisode local intense de conflits entre les classes, semblable à ceux qui ont entraîné la GRÈVE GÉNÉRALE DE WINNIPEG (1919).

Les luttes ouvrières du début des années 20 à l'ÎLE DU CAP-BRETON sont le reflet d'un épisode local intense de conflits entre les classes, semblable à ceux qui ont entraîné la GRÈVE GÉNÉRALE DE WINNIPEG (1919). Dans de tels conflits, des syndicats militants, souvent dirigés par des chefs radicaux, essaient de changer l'équilibre des forces au sein de l'industrie en insistant sur la reconnaissance syndicale et l'amélioration du niveau de vie des travailleurs. Au Cap-Breton, malgré une défaite essuyée en 1909-1910, les mineurs de charbon obtiennent, en 1919, la reconnaissance du district 26 des United Mine Workers of America (UMWA). Ils ont pour principal adversaire la société British Empire Steel Corp. de Montréal, qui domine les industries houillère et sidérurgique des Maritimes après 1920.

Malheureusement, l'entreprise a de la difficulté à conserver ses marchés traditionnels du centre du Canada et à survivre à sa mauvaise gestion financière. Déterminée à réduire les coûts par la baisse des salaires, elle se trouve aux prises avec une résistance féroce de la part de ses employés. Dans les villes à industrie unique du Cap-Breton, où la population est unie, les syndicats profitent des liens de solidarité. Par exemple, la plupart des mineurs sont d'origine écossaise et sont favorables aux partis ouvriers, aux coopératives et au pouvoir ouvrier au sein de l'industrie. Des confrontations impressionnantes s'ensuivent, et trois grèves majeures accumulent à elles seules plus de deux millions de jours-grévistes. En outre, de nombreuses courtes grèves locales sont déclenchées, souvent pour faire opposition aux autorités administratives et à la discipline de travail dans les mines. À la demande de la compagnie, la police provinciale et les troupes fédérales entrent dans les villes minières.

Ces guerres ouvrières durent quatre ans. En 1922, quand la compagnie impose une réduction du tiers des salaires, les mineurs de charbon décident de diminuer aussi leur production du tiers. Quand les métallurgistes de SYDNEY entrent en grève, en 1923, pour revendiquer la reconnaissance syndicale, la police provinciale arrive en force et charge dans les rues de Whitney Pier. Les mineurs font une grève de solidarité, mais celle-ci se termine par l'arrestation de deux chefs syndicaux, soit Dan Livingstone et J.B. MCLACHLAN, accusés de sédition, et la suspension temporaire, par le bureau international de l'UMWA, du district 26 du syndicat. En 1925, les mineurs continuent de faire face aux horaires réduits et aux réductions salariales. Quand la compagnie cesse d'accorder le crédit dans ses magasins, les communautés locales mettent leurs ressources à la disposition des mineurs, et les conditions de vie abominables dans les champs houillers commencent à faire les manchettes des journaux et gagnent la sympathie du pays tout entier. La grève de 1925 dure cinq mois et aboutit à une bataille sanglante à Waterford Lake, où un mineur, William Davis, est tué par un policier de la compagnie le 11 juin.

En 1926, une commission royale d'enquête finit par réprimander la British Empire Steel Corp. pour avoir établi de mauvaises politiques ouvrières. La société s'écroule ensuite sous le poids de la faillite. L'utilisation de forces armées a été un aspect des grèves qui a été très méprisé. Le gouvernement fédéral prend donc des mesures visant à rendre moins facile l'appel aux troupes pour intervenir dans des conflits de travail. Grâce à leur lutte héroïque pour la reconnaissance syndicale, les mineurs ont réussi à conserver leur syndicat et à protéger, en partie, leur niveau de vie. Quant aux métallurgistes, c'est en 1930 qu'ils obtiennent cette reconnaissance, quand le premier ministre de la province, Angus L. MACDONALD, ayant en mémoire le conflit précédent, met en place la première Trade Union Act (1937) de la Nouvelle-Écosse, qui protège le droit de négociation collective.

Toutefois, ce n'est qu'en 1967, après le retrait de la dernière entreprise privée, que les syndicats atteignent enfin leur but soit l'étatisation des industries houillère et sidérurgique, qui, à leur avis, créerait une forme responsable de développement économique pour la région. Les guerres ouvrières du Cap-Breton ont marqué la croissance d'une vive tradition de conscience de classe ouvrière, qui, d'ailleurs, se reflète souvent dans la politique et la culture locales. On commémore encore la mort de William Davis survenue en 1925. Le 11 juin a été consacré Miners' Memorial Day.

Voir aussi TRAVAILLEURS, HISTOIRE DES et d'autres entrées sous POPULATION ACTIVE.