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Donovan Bailey

Donovan Anthony Bailey, OC, O.Ont, sprinter (né le 16 décembre 1967 dans la paroisse de Manchester, en Jamaïque). Donovan Bailey remporte la médaille d’or pour le Canada sur le 100 m homme aux Jeux olympiques d’été et établit du même coup un nouveau record du monde avec un temps de 9,84 s. Il s’octroie ensuite une seconde médaille d’or olympique en faisant gagner Équipe Canada lors du finish du relais 4x100 m homme. Durant sa carrière d’athlète, il engrange également quatre médailles (deux d’or et une d’argent) aux championnats du monde d’athlétisme de l’Association internationale des Fédérations d’athlétisme (AIFA). Il a été intronisé au Temple de la renommée des sports de l'Ontario et au Panthéon des sports canadiens.

Enfance en Jamaïque

Donovan Bailey naît dans la paroisse de Manchester, dans la région montagneuse de la Jamaïque. C’est le quatrième des quatre garçons de George et Daisy Bailey. Avant de se rendre tous les matins à son école primaire de Mount Olivet, Donovan prend soin des cochons, des poulets et des chèvres de la famille.

Il se souvient bien de sa classe de maternelle et de son institutrice, Carmen Swaby. « Madame Swaby insistait sur l’apprentissage et la nécessité de s’entourer de personnes au moins aussi intelligentes que soi », se souvient Donovan Bailey lors d’un entretien enregistré en 2004 par Professionally Speaking, le magazine de l’Ordre des enseignantes et des enseignants de l’Ontario. « Elle parvenait à convaincre chaque enfant que rien ne leur était impossible. Qu’il n’y avait pas de limites ».

Même lorsqu’il n’était encore qu’un enfant, Donovan était déjà rapide. « Il avait un don pour l’athlétisme », se souvient Claris Lambert, un autre instituteur de l’école. « Il a révélé des qualités athlétiques dès la première année. Il arrivait toujours premier des courses. »

Déménagement au Canada

Donovan Bailey visite le Canada à l’âge de sept ans et y déménage plus tard, à l’âge de 12 ans. Il s’installe à Oakville, en Ontario, avec son père et son frère aîné, O’Neil, et poursuit sa scolarité à l’École secondaire Queen Elizabeth Park. O’Neil Bailey est un athlète exceptionnel qui a remporté quatre fois (en 1980, 1981, 1982 et 1984) les championnats provinciaux en extérieur de la Fédération des associations du sport scolaire de l’Ontariodans la discipline du saut en longueur (garçons). Il a également brillé sur le 100 m et était réputé dans l’équipe de football de son lycée au poste de demi. Donovan Bailey est lui aussi un coureur rapide dans son lycée. À 16 ans, il établit un chrono de 10,65 s sur le 100 m homme. Sa passion d’origine est cependant le basketball.

Après ses études secondaires, Donovan Bailey suit les cours offerts par le Collège Sheridan à Oakville, et obtient un diplôme en administration des affaires, spécialisé en marketing et en économie. Durant l’année scolaire 1986-1987, il joue au poste d’avant dans l’équipe de basketball des Bruins de Sheridan, au sein de l’Ontario Colleges Athletic Association.

Carrière dans les affaires

À la sortie du Collège Sheridan, Donovan Bailey travaille comme conseiller en immobilier et en marketing et gère une entreprise d’import-export de vêtements. À 22 ans, il possède déjà une maison et une Porsche 911 décapotable.

« J’aurais pu quitter l’école secondaire et me consacrer immédiatement à la course, mais ce n’était pas ce que je voulais, explique Donovan Bailey à Michael Farber, de Sports Illustrated, en 1996. Je voulais une belle maison, de l’argent et des voitures de sport. On m’a dit de travailler fort, de travailler tout seul ».

Retour à l’athlétisme

En 1990, Donovan Bailey regarde les championnats canadiens d’athlétisme et remarque que certains des compétiteurs sont des athlètes qu’il a battus lorsqu’il était au secondaire. Il n’en faut pas moins pour l’inciter à revenir à temps partiel au sprint de compétition.

En 1991, Donovan Bailey gagne le 60 m aux championnats en salle de l’Ontario et est choisi pour représenter le Canada aux Jeux panaméricains de 1991 à La Havane, à Cuba, où il va remporter une médaille d’argent sur le relais 4x100 m homme.

Lors des championnats canadiens d’athlétisme de 1992, il finit second sur le 100 m homme. L’année suivante, il remporte le bronze sur le 100 m et l’argent sur le 200 m lors des championnats nationaux.

Malgré ses succès au niveau national, Donovan Bailey n’est pas choisi pour représenter le Canada lors des Jeux olympiques de 1992 à Barcelone et n’est que remplaçant pour l’équipe canadienne de relais lors des championnats du monde de 1993 à Stuttgart, en Allemagne.

Il est contrarié par ces décisions et à Stuttgart, il se plaint à qui veut bien l’entendre, notamment auprès de Dan Pfaff, qui a entraîné Glenroy Gilbert, un de ses camarades de lycée. Dan Pfaff, un entraîneur adjoint de course à pied à la Louisiana State University (LSU), confie à Kenny Moore, de Sports Illustrated, en 1995 : « Je n’ai jamais vu quelqu’un courir aussi vite et aussi mal ». Il invite alors Donovan Bailey à venir s’entraîner avec Glenroy Gilbert à la LSU.

Selon Dan Pfaff, Donovan Bailey n’est pas en bonne forme physique et sa technique est atroce. Après trois mois d’entraînement, d’haltérophilie et de préparation au sprint associés à un meilleur régime alimentaire, Donovan Bailey parvient à diminuer son temps sur 100 m d’un tiers de seconde et il réalise un chrono de 10,03 s lors de la rencontre d’athlétisme de Duisburg en Allemagne, en juin 1994.

En 1994, Donovan Bailey représente le Canada lors de deux événements sportifs multidisciplinaires internationaux prestigieux : les Jeux de la Francophonie, à Paris, en France, et les Jeux du Commonwealth à Victoria, en Colombie-Britannique. À Paris, Donovan Bailey remporte la médaille d’or sur le relais 4x100 m homme et la médaille d’argent sur le 100 m homme. À Victoria, il fait partie de la deuxième équipe de l’histoire de l’athlétisme canadien à remporter l’or sur le 4x100 m homme aux Jeux du Commonwealth avec un chrono de 38,39 s, un record pour les Jeux.

Le 22 avril 1995, il établit un nouveau record pour le stade Bernie Moore avec un chrono de 9,99 s qui lui vaut la victoire lors de cette rencontre d’athlétisme à Bâton Rouge, en Louisiane. Ce faisant, Donovan Bailey établit un nouveau record canadien, 3 centièmes de seconde plus rapide que le record de Bruny Surin (10,02 s), établi lors des championnats du monde de 1993.

Donovan Bailey améliore son record canadien en gagnant le 100 m en 9,91 s lors des championnats canadiens d’athlétisme de 1995 à Montréal, le 16 juillet, et en battant Bruny Surin de 6 centièmes de seconde. C’est la première fois que deux Canadiens passent au-dessous des 10 s sur le même 100 m.

Champion du monde, 100 m et relais (1995)

​Donovan Bailey se présente comme un prétendant crédible aux championnats du monde de 1995 à Göteborg, en Suède. Ses principaux rivaux sur le 100 m sont Bruny Surin, Linford Christie (l’actuel champion olympique et champion du monde de la Grande-Bretagne) et le champion américain Michael Marsh.

Lors de la finale du 100 m homme, Donovan Bailey fait jeu égal avec ses concurrents sur la première moitié de la course, mais finit en force et réalise un chrono de 9,97 s qui lui permet d’empocher la médaille d’or (Bruny Surin décroche l’argent). Il est le premier Canadien à remporter l’or lors de championnats du monde. (Ben Johnson de Markham, en Ontario, s’est vu retirer sa médaille d’or acquise aux championnats du monde de 1987 pour avoir pris des stéroïdes.)

Donovan Bailey est également le dernier relayeur de l’équipe canadienne à courir sur le 4x100 m homme (après Bruny Surin, Glenroy Gilbert et Robert Esmie), le chrono vainqueur étant de 38,31 s.

Médaillé d’or olympique sur 100 m et relais (1996)

Donovan Bailey démarre en trombe la saison d’athlétisme 1996 en établissant un nouveau record du monde en salle pour le 50 m homme (5,56 s) en février, aux Reno Air Games, dans le Nevada. En juin, il gagne le 100 m homme durant les sélections de l’équipe canadienne olympique à Montréal, avec un temps de 9,98 s. En juillet, il finit deuxième, derrière Frankie Fredericks, de la Namibie, au Grand Prix de l’Athletissima, à Lausanne, en Suisse, où il enregistre le second temps le plus rapide de sa carrière (9,93 s).

Aux Jeux olympiques d’été de 1996 à Atlanta, Donovan Bailey est un compétiteur solide sur la ligne de départ du 100 m homme qui promet d’être très disputé. En plus de Bruny Surin, Michael Marsh et Linford Christie, s’alignent en effet au départ Frankie Fredericks (qui a battu Donovan Bailey à Lausanne), Ato Boldon de Trinité-et-Tobago (le dernier médaillé de bronze aux championnats du monde), Michael Green de la Jamaïque (le dernier médaillé d’argent aux Jeux du Commonwealth) et Dennis Mitchell, des États-Unis (le dernier vainqueur des Jeux Goodwill).

Donovan Bailey gagne la première manche des Jeux Olympiques le 26 juillet 1996 mais finit deuxième derrière Linford Christie en quart de finale et une nouvelle fois deuxième derrière Frankie Fredericks en demi-finale. Pendant ce temps, Bruny Surin crée la surprise en ne finissant que cinquième de sa demi-finale et ne parvient donc pas en finale. Lors de la finale du 100 m olympique le 27 juillet 1996, Linford Christie est disqualifié pour deux faux départs. Au départ d’une course ne réunissant plus que sept sprinters, Donovan Bailey démarre une nouvelle fois plus doucement que les autres, mais parvient en milieu de course avec le plus d’énergie. Il parvient ainsi à dépasser à mi-course Ato Boldon et Dennis Mitchell qui dominent jusqu’alors, puis bat Frankie Fredericks sur le poteau, de 5 centièmes de seconde, et remporte la médaille d’or olympique.

Avec son temps de 9,84 s, Donovan Bailey établit aussi à l’époque un nouveau record du monde. Même s’il ne détient plus le record du monde du 100 m homme, Donovan Bailey est aujourd’hui ex aequo avec Bruny Surin comme détenteur de records canadien sur la distance. Donovan Bailey devient le deuxième Canadien à gagner la médaille d’or olympique sur le 100 m homme, après Percy Williams, de Vancouver, en Colombie-Britannique, qui remporte cette médaille aux Jeux olympiques de 1928 à Amsterdam.

Donovan Bailey s’octroie une deuxième médaille d’or à Atlanta sur le relais 4x100 m homme. Donovan Bailey, Bruny Surin, Glenroy Gilbert et RobertRobert Esmie effectuent un relais exceptionnel le 3 août 1996, battant l’équipe américaine, favorite, qui compte dans ses rangs deux sprinters (Dennis Mitchell et Michael Marsh) qui ont participé à la finale du 100 m homme.

L’équipe canadienne entame bien la course, et lorsqu’il passe le bâton à Donovan Bailey, Bruny Surin lève les mains au ciel, sûr de la victoire imminente du Canada. Juste avant que Donovan Bailey passe la ligne d’arrivée, Don Wittman, de CBC Sports s’exclame dans son micro : « Si vous êtes Canadiens, vous allez adorer les samedis soir en Georgie! »

Victoire sur Michael Johnson (1997)

Le 1er juin 1997, Donovan Bailey court contre le sprinter américain Michael Johnson au SkyDome (aujourd’hui le Rogers Centre) de Toronto à l’occasion d’une course de démonstration sur 150 m visant à déterminer qui est « l’homme le plus rapide du monde ». Michael Johnson a gagné la médaille d’or sur le 200 m et le 400 m homme aux Jeux olympiques de 1996 à Atlanta. Donovan Bailey gagne la course avec un temps de 14,99 s, tandis que Michael Johnson abandonne aux 80 m à cause d’une blessure aux quadriceps (cuisse).

Champion du monde de relais (1997)

Lors des championnats du monde de 1997, le 3 août, Donovan Bailey remporte la médaille d’argent avec un temps de 9,91 s, soit 50 centièmes de seconde derrière le médaillé d’or américain, Maurice Greene. Lors du relais 4x100 m homme, le 10 août 1997, Équipe Canada défend son titre de champion du monde avec un temps record de 37,86 s.

Blessures et fin de carrière de sprinter

Entre 1998 et 2001, Donovan Bailey continue à courir en compétition mais est accablé par plusieurs blessures. En août 1998, il finit deuxième (en 9,93 s) derrière Bruny Surin aux championnats d’athlétisme canadiens à Montréal et deuxième (en 9,96 s) derrière Ato Boldon à la Golden League de l’IAAF, à Monaco.Mais en septembre 1998, il déchire son tendon d’Achille, une blessure qui va le forcer à rester au repos pendant neuf mois. Plus tard, en juin 2000, il gagne la rencontre Spitzen Leichtathletik Luzern à Lucerne, en Suisse, avec un temps de 9,98 s. Aux Jeux olympiques d’été de 2000 à Sydney, il contracte cependant une pneumonie et ne parvient pas à se qualifier pour la finale olympique du 100 m homme. Donovan Bailey fait sa dernière apparition en compétition lors des championnats du monde de 2001 à Edmonton, où il ne parvient pas à se qualifier pour la finale, à cause d’une blessure sérieuse au genou.

Activités caritatives

Donovan Bailey a donné bénévolement son temps à Right To Play, à la Société canadienne du cancer, à l’Association pulmonaire de l’Ontario, à Grands Frères Grandes Sœurs du Canada, à ParticipACTION et à Nine Miles of Smiles. En 2002, il fonde la Donovan Bailey Foundation pour soutenir les athlètes amateurs.

Distinctions honorifiques et prix

  • Trophée Lou Marsh du meilleur athlète canadien de l’année (1996)
  • Trophée Lionel Conacher du meilleur athlète canadien de l’année décerné par la presse canadienne (1996)
  • Prix de la meilleure équipe de l’année décerné par la Presse canadienne, en tant que membre de l’équipe de relais olympique de 1996 (1996)
  • Intronisé à titre individuel au Panthéon des sports canadiens (2004)
  • Intronisé au Temple de la renommée des sports de l’Ontario (2005)
  • Intronisé au Panthéon des sports canadiens en tant que membre de l’équipe olympique de relais 4x100 m de 1996 (2008) Ordre de l’Ontario (2016)
  • Ordre du Canada (2022)