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Cultures médicinales

Dans les pays occidentaux, il existe aussi un marché substantiel sans prescription, « en vente libre », pour les plantes ou leurs extraits qu'on consomme pour favoriser ou rétablir la santé.
Ginseng canadien (Panax quinquefolius)
Image reproduite à partir de Canadian Medicinal Crops de E. Small et P.M. Catling (1999, NRC Research Press); artiste: B. Brookes.
Varech
La côte ouest du Canada est un « point chaud » du globe pour le varech et les autres algues marines; elle en abrite plus de 500 espèces (photo de Don E. McAllister).

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Environ un tiers des 400 000 espèces de PLANTES supérieures ou vasculaires estimées au monde ont probablement été utilisées pour des raisons médicinales par les communautés autochtones, généralement sous forme brute ou minimalement transformée. Dans une grande partie du monde en développement, jusqu'à 80 p. cent des remèdes continuent d'être à base de plantes utilisées sous une forme relativement simple. Au Canada, tout comme dans la majeure partie du monde occidental, la médicine se concentre sur des PRODUITS PHARMACEUTIQUES dispensés sur ordonnance. La plupart de ceux-ci sont synthétisés à partir de produits chimiques de base, mais environ un quart sont au moins partiellement dérivés d'extraits de plantes.

Dans les pays occidentaux, il existe aussi un marché substantiel sans prescription, « en vente libre », pour les plantes ou leurs extraits qu'on consomme pour favoriser ou rétablir la santé. Ces produits peuvent être : a) des formes plutôt brutes de matériau de plante, b) des extraits de plantes sous forme de pilules ou de capsules (souvent appelés « produits nutraceutiques ») et c) des aliments préparés fortifiés avec des extraits de plantes. Les deux premières catégories sont souvent collectivement appelées « phytonutriments » et sont législativement désignées sous les noms de « produits naturels » au Canada et de « suppléments diététiques » aux États-Unis. Les praticiens professionnels de la médecine par les plantes (dont plusieurs naturopathes) emploient souvent de telles préparations. Dans certains pays (en Allemagne notamment), l'utilisation de remèdes à base de plantes est considérable, mais généralement la plupart des médecins comptent sur des remèdes pharmaceutiques qui ne sont pas à base de plantes. Bien que les produits de santé à base de plantes puissent sembler inoffensifs parce qu'ils sont « naturels », plusieurs de ceux offerts sur le marché n'ont pas encore fait leurs preuves. Il est par conséquent indispensable de consulter des professionnels de la santé afin de déterminer si leur utilisation est médicalement recommandée pour prévenir ou traiter des symptômes ou maladies spécifiques.

Les autochtones du Canada ont employé, pour des raisons médicinales, plus de 1000 des 4000 espèces de plantes indigènes estimées au pays (voirUTILISATION DES PLANTES PAR LES AUTOCHTONES). De nos jours, des dizaines de plantes indigènes canadiennes sont collectées pour le marché médicinal. Les espèces particulièrement importantes à cet égard incluent l'hydraste (Hydrastis canadensis), les espèces de graines à chapelet (Caulophyllum), l'actée à grappes noires (Cimicifuga racemosa), le polygale senega (Polygala senega), le podophylle pelté (Podophyllum peltatum), la cascara (Rhamnus purshianus), et la sanguinaire du Canada (Sanguinaria canadensis). Les espèces de plantes indigènes canadiennes qui ont le plus contribué au traitement des maladies sont l'IF de l'Ouest (Taxus brevifolia) et l'if du Canada (Taxus canadensis), à partir desquels on produit le paclitaxel (souvent disponible sous le nom de marque Taxol), un traitement inestimable pour le cancer des ovaires et d'autres formes de CANCER. La collecte des populations indigènes de ces deux espèces et d'autres espèces de plantes canadiennes est régie par des lois visant à assurer leur durabilité. Les plantes cueillies dans la nature ne sont pas des « cultures » au sens strict du terme (c'est-à-dire qu'elles ne sont pas cultivées pour la récolte). Toutefois, plusieurs de ces plantes sont plantées dans la nature (ce qu'on appelle la « culture en forêt ») et un bon nombre d'entre elles sont également cultivées de façon conventionnelle.

Du point de vue commercial, la culture médicinale la plus importante au Canada est le GINSENG canadien (Panax quinquefolius), qui pousse naturellement dans l'est de l'Amérique du Nord. Les plantes telles le ginseng, qui deviennent commercialement populaires, tendent à être collectées en trop grandes quantités dans leur habitat naturel et il devient donc nécessaire d'en cultiver. Au Canada, les quelques populations de ginseng toujours existantes sont protégées et on en fait principalement la culture en Ontario et en Colombie-Britannique. La majeure partie de la récolte est vendue en Chine; elle rapporte jusqu'à 100 millions de dollars de revenus annuellement.

Plusieurs espèces médicinales se trouvent dans les régions boisées sous forme de vivaces à croissance lente. C'est le cas pour toutes les espèces mentionnées ci-dessus. De telles plantes développent des composantes pour se défendre contre les insectes et d'autres formes de vie, et ces produits chimiques ont fait leur preuve en tant qu'agents médicinaux. Néanmoins, ils sont souvent très toxiques et requièrent un usage professionnel.

Les ALGUES MARINES ne sont pas apparentées de près aux plantes terrestres, mais on pense que certaines algues marines canadiennes présentent un potentiel important en tant que sources de nouveaux éléments médicinaux. Cela est particulièrement vrai pour certaines « algues brunes » appelées varechs. Le Canada possède le plus long littoral de toutes les nations : près de 244 000 km bordant les océans Atlantique, Pacifique et Arctique, où les algues marines peuvent être récoltées. Dans bien des parties du monde (spécialement en Asie), les algues marines sont cultivées dans les régions côtières, et le varech est aussi cultivé au Canada sur une petite échelle.

Certaines plantes médicinales d'origine étrangère sont également cultivées au Canada. L'espèce la plus publicisée est la marijuana (Cannabis sativa) que l'on cultive avec autorisation. Le gouvernement fédéral pourvoit de la marijuana non pas parce que celle-ci est considérée comme thérapeutique, mais plutôt à cause de décisions du tribunal stipulant que les Canadiens ont le droit d'y avoir accès pour usage médicinal. En 2003, la marijuana médicinale était pour la première fois dispensée aux patients canadiens pour usage officiel, et des milliers d'entre eux ont depuis obtenu un permis pour acheter de la marijuana sous prescription. L'utilisation non-autorisée de la marijuana est toujours défendue.

Plusieurs plantes médicinales d'origine étrangère sont cultivées au Canada sur une base commerciale. L'argousier (Hippophae rhamnoides) par exemple, un arbuste d'origine chinoise, est planté extensivement. L'huile provenant de ses fruits est incorporée dans des onguents commerciaux pour traiter plusieurs types de lésions cutanées, dont les brûlures, les escarres, l'eczéma et les radiolésions. L'espèce de bourrache eurasienne (Borago officinalis) est cultivée au Canada pour l'huile de ses graines, qui contient de l'acide gamma linolénique (AGL), un acide gras reconnu pour améliorer certains problèmes cutanés. L'échinacée, qui est considérée comme ayant des propriétés qui renforcent le système immunitaire et contribuent ainsi à réduire les symptômes du rhume, est produite à partir d'espèces d'Echinacea (l'une d'entre elles pousse naturellement au Canada) cultivées au Canada et ailleurs.

Au cours des dernières années, les cultures conventionnelles ont été génétiquement manipulées pour la production de produits médicinaux désirés. Ces substances de valeur peuvent être produites dans des cultures microbiennes, des cultures de cellules animales, et des animaux transgéniques, mais les plantes sont souvent préférables. La production de produits médicinaux dans des plantes génétiquement transformées est maintenant connue sous le nom de « moléculture végétale ». Certaines inquiétudes concernant la possible toxicité pour les humains et la faune, qui pourrait résulter de la culture extérieure de ces plantes génétiquement manipulées, ralentissent le développement de l'industrie, mais la moléculture végétale gagne malgré tout en importance.

Le TABAC (Nicotiana tabacum) est devenu l'espèce la plus importante pour la production de substances médicinales par moléculture. Cela est plutôt ironique, puisque c'est la plante la plus dommageable au monde. En fait, sa seule valeur médicinale reconnue est en tant que source de nicotine qu'on utilise dans la gomme de nicotine et le timbre cutané, des produits sur ordonnance qui ont pour but d'aider les fumeurs à se débarrasser graduellement de leur dépendance au tabac. Parmi les différentes classes de produits biochimiques qui constituent le corps humain, les protéines sont l'une des principales préoccupations dans le domaine de la médecine. La moléculture utilisant le tabac a produit une grande variété de protéines thérapeutiques de valeur. Les plus importantes sont les « anticorps monoclonaux », qui sont des molécules de protéines utilisées pour diagnostiquer de façon précise les infections bactériennes et virales (les bactéries et virus invasifs s'attachent à des anticorps spécifiques). Les anticorps sont également utilisés en médecine comme agents préventifs ou curatifs, pour prévenir la carie dentaire, diminuer le rejet des greffes de rein ou traiter le cancer par exemple. D'autres protéines médicinales qui ont été produites dans le tabac incluent des vaccins, de l'INSULINE pour traiter le diabète, des hormones de croissance pour traiter le nanisme pituitaire, et une protéine appelée « facteur IX » qu'on emploie pour la coagulation sanguine. On a même produit, dans le tabac, de l'hémoglobine humaine, une protéine complexe qui transporte de l'oxygène vers différentes parties du sang.

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