La
citoyenneté canadienne est créée pour la première fois en 1947, selon la Loi
sur la citoyenneté. La version actuelle de la Loi prévoit que les citoyens
nés au Canada et les citoyens naturalisés sont sur un pied d’égalité en ce qui
a trait aux droits des citoyens, et sont tous soumis aux devoirs des citoyens.
En 2014, la Loi renforçant la citoyenneté canadienne apporte
les premières modifications importantes à la Loi sur la citoyenneté depuis
1977. La Loi adoptée en 2017 abroge ou amende ces modifications.
Droits et responsabilités
de la citoyenneté canadienne
Droits des citoyens canadiens |
|
Droits fondamentaux |
Liberté
de conscience et de religion – le droit de développer, de modifier et de
pratiquer ses croyances personnelles |
Liberté
de pensée, de croyance, d’opinion et d’expression – inclut la liberté
d’expression et de presse |
|
Liberté
de rassemblement pacifique (par exemple, les manifestations) |
|
Liberté
d’association (par exemple, vous êtes libres de vous joindre à un groupe ou
de le quitter) |
|
Droits légaux |
Habeas
corpus — le
droit de contester une détention illégale par l’État Toute
personne accusée est considérée comme innocente jusqu’à ce qu’elle soit
reconnue coupable devant un tribunal |
Droits démocratiques |
Les
adultes (âgés de 18 ans et plus) ont le droit de vote aux élections
fédérales, provinciales et municipales Les
adultes ont le droit de se présenter à des élections |
Droits de mobilité |
Le droit
d’habiter et de travailler partout au Canada Le droit
d’entrer et de quitter le pays en toute liberté Le droit
de faire une demande de passeport |
Droits des Autochtones |
Les
traités ou les autres droits ou les libertés des Autochtones ne peuvent être
affectés négativement par les droits garantis dans la Charte canadienne des
droits et des libertés |
Droits
reliés aux langues officielles et droits scolaires reliés aux langues
minoritaires |
Le
français et l’anglais ont le même statut au Parlement et dans le gouvernement Les
citoyens ont le droit à l’éducation dans l’une ou l’autre langue officielle |
Multiculturalisme |
Tous les
membres de la société canadienne ont le droit de préserver, d’améliorer et de
partager leur héritage linguistique et culturel |
Égalité |
Le droit
d’être traité équitablement sans égard au sexe, à l’âge, au milieu culturel,
à la religion, à la race ou à un handicap mental ou physique |
Responsabilités des citoyens canadiens |
|
Respect des autres |
Respect
des droits et des libertés d’autrui Respect
des deux langues officielles et du multiculturalisme |
Responsabilités légales |
Tous les
individus et les groupes doivent obéir à la loi Les
citoyens sont légalement obligés de servir sur un jury lorsqu’on leur en fait
la demande |
Responsabilités démocratiques |
Il est de
la responsabilité des citoyens de voter dans le cadre des élections
fédérales, provinciales/territoriales et locales |
Responsabilité personnelle |
Il est de
la responsabilité des citoyens de prendre soin d’eux-mêmes, ce qui inclut
travailler fort et veiller au bien-être de leur famille |
Engagement communautaire |
Le
bénévolat dans la communauté joue un rôle important de la citoyenneté
canadienne |
Protection
de l’héritage et de l’environnement |
Il est de
la responsabilité de tout citoyen d’éviter le gaspillage et la pollution afin
de préserver l’héritage naturel, culturel et architectural canadien pour les
générations futures |
Loi sur la citoyenneté
canadienne de 1947
Avant 1947,
les personnes nées au Canada et les immigrants
naturalisés sont considérés
comme des sujets britanniques. La Loi sur la citoyenneté canadienne entre
en vigueur le 1er janvier 1947 ; il s’agit de la première loi
sur la nationalité qui définit les personnes comme étant des Canadiens. La
création de la citoyenneté canadienne est une expression importante de la
perception grandissante de l’identité nationale du pays.
La Loi sur
la citoyenneté établit les grandes lignes du processus et des exigences de
l’obtention de la citoyenneté canadienne, et les raisons pour lesquelles
celle-ci peut être révoquée. Entre autres, la Loi donne aux femmes mariées le
contrôle total sur leur statut de nationalité, car avant 1947, la citoyenneté
d’une femme au Canada était définie par celle de son époux et pouvait être
perdue lorsqu’elle se mariait
.
Loi sur la citoyenneté de
1977
La Loi
sur la citoyenneté de 1977 (qui reçoit la sanction royale en 1976)
entre en vigueur le 15 février 1977. La plupart des dispositions de cette
Loi s’appliquent encore aujourd’hui. Elle définit « citoyen » comme « un
citoyen canadien ». Elle prévoit aussi que les personnes nées dans le pays
et les citoyens naturalisés ont les mêmes droits de citoyenneté et sont
soumises à tous les devoirs d’un citoyen. Ces droits et devoirs sont régis par
les lois provinciales
et fédérales,
et par la Loi constitutionnelle de 1982
. Les citoyens bénéficient de droits
démocratiques, y compris le droit de
voter aux élections
de la Chambre
des communes et des assemblées législatives, et de se porter candidat à des
élections.
La nouvelle
Loi élimine la distinction faite auparavant entre les sujets britanniques et
les étrangers. Cela représente un changement important pour la population
canadienne non britannique, qui augmente rapidement au cours des décennies qui suivent
la Deuxième Guerre mondiale
. Beaucoup de nouveaux immigrants
venant de l’Europe et d’ailleurs avaient été frustrés par le traitement inégal
reçu par rapport à ceux qui arrivent de la Grande-Bretagne et du Commonwealth
. C’est pour répondre à cette
frustration que la Loi sur la citoyenneté met toute personne qui désire devenir
citoyen sur un pied d’égalité.
La Loi
permet également aux Canadiens de détenir une double nationalité ; auparavant,
ils auraient perdu leur citoyenneté s’ils obtenaient la citoyenneté d’un autre
pays.
Aujourd’hui,
selon la Loi, toute personne née au Canada est un citoyen canadien dès la
naissance, avec quelques exceptions mineures, par exemple les enfants de diplomates
nés en pays étrangers. Généralement, les enfants nés à l’extérieur du Canada
sont citoyens si l’un des deux parents est citoyen canadien au moment de la
naissance de l’enfant, à moins que le parent soit également né à l’extérieur du
Canada.
Les adultes
ayant immigré au Canada sont admissibles pour la citoyenneté s’ils détiennent
le statut de résident permanent, s’ils vivent au Canada depuis un certain
nombre d’années, s’ils maîtrisent suffisamment le français
ou l’anglais, s’ils possèdent une connaissance suffisante du Canada et s’ils
remplissent certaines autres conditions. Les enfants de moins de 18 ans
dont au moins un parent est devenu citoyen (ou qui fait une demande de
citoyenneté en même temps que l’enfant) sont admissibles pour obtenir la
citoyenneté, à condition qu’ils soient résidents permanents et que leur parent
fasse une demande de citoyenneté en leur nom.
Le ministre
de la Citoyenneté et de l’Immigration détient les pouvoirs discrétionnaires
dans ce domaine. Parmi ces pouvoirs figure celui d’assouplir certaines
exigences pour l’attribution de la citoyenneté, d’accorder la citoyenneté à
toute personne qui se trouve dans une situation particulière et inhabituelle de
détresse, ou de la récompenser pour des services d’une valeur exceptionnelle
rendus au Canada. La citoyenneté peut aussi être révoquée selon ces pouvoirs si
elle a été obtenue par fraude, fausse déclaration ou « dissimulation
intentionnelle de faits essentiels ».
Immigration
Les
citoyens canadiens ont le droit absolu de quitter le Canada, d’y retourner (par
exemple de revenir d’un voyage à l’étranger) et d’y résider. Les personnes
autochtones inscrites selon la Loi sur les Indiens
ont aussi le droit d’entrer et
de demeurer au Canada. Les résidents permanents et les réfugiés
au sens de la Convention ont
certains de ces droits au Canada. Ils sont toutefois soumis à certaines
réserves. Par exemple, seulement les citoyens canadiens peuvent être titulaires
d’un passeport canadien. Les résidents permanents et les réfugiés peuvent cependant
obtenir des documents de voyage. (Voir aussi Politique d’immigration
.)
Modifications de 2009 et
de 2014 à la Loi sur la citoyenneté
Plusieurs
modifications importantes sont apportées à la Loi sur la citoyenneté
sous le gouvernement conservateur
de Stephen
Harper. En 2014, pour la première fois depuis 1977, des modifications significatives
sont apportées à la Loi sur la citoyenneté. Des modifications importantes entrent
également en vigueur en 2009.
Les
modifications de 2009 concernent un groupe de résidents connus sous
l’appellation « Canadiens perdus
». Ce terme désigne les
personnes qui n’ont jamais obtenu la citoyenneté canadienne ou qui ont cessé
d’être citoyens à cause d’une législation périmée, malgré une connexion
importante avec le Canada ; par exemple, une personne qui a obtenu la
citoyenneté dans un autre pays avant que la citoyenneté double ne soit
introduite en 1977.
Le 19 juin
2014, un ensemble de modifications à la Loi, appelé Loi renforçant la
citoyenneté canadienne, reçoit la sanction royale. Les modifications portent
sur la question moderne du terrorisme
, clarifient la définition de
résidence au Canada et rationalisent le processus d’obtention de la
citoyenneté.
Les
modifications de 2014 rendent plus difficile l’acquisition de la citoyenneté.
L’amendement augmente la durée de résidence exigée des candidats à la
citoyenneté de trois ans sur quatre à quatre ans sur six. De plus, le temps
passé au Canada avant l’obtention du statut de résidence permanente ne compte
plus pour l’exigence de résidence. Les antécédents criminels des candidats, par
exemple certaines infractions commises à l’extérieur du Canada, sont désormais
l’objet d’une étude plus attentive.
Avant les
modifications, la demande de citoyenneté était examinée par un juge de la
citoyenneté. Selon la nouvelle Loi, les juges de la citoyenneté n’ont plus de
rôle à jouer dans l’approbation des demandes de citoyenneté, sauf dans les cas
où le respect des exigences de résidence était remis en question. Le rôle
principal des juges est de faire prêter le serment de citoyenneté aux nouveaux
Canadiens. Dorénavant, les demandes seront en grande partie approuvées par les
fonctionnaires de Citoyenneté et Immigration Canada.
Révocation de la
citoyenneté
Les
modifications de 2014 à la Loi sur la citoyenneté élargissent
aussi le champ des motifs pour lesquels la citoyenneté peut être révoquée.
Selon la Loi de 1977, les seuls motifs pour révocation étaient la fraude ou
une fausse représentation dans une demande de citoyenneté ou d’immigration.
Selon les modifications de 2014, la citoyenneté canadienne peut être révoquée
en fonction d’une déclaration de culpabilité au Canada ou à l’étranger. Des
exemples de telles condamnations sont le terrorisme,
la violation des droits de la personne
, les crimes de guerre
et le crime organisé
. La citoyenneté peut également être
révoquée si un individu a servi en tant que membre d’une force armée lors d’un
conflit armé contre le Canada.
Selon les
modifications de 2014, le ministre de la Citoyenneté et de l’Immigration a le
pouvoir de révoquer la citoyenneté dans les cas de fraude. Il confiera la
décision de révoquer la citoyenneté d’un individu à la Cour fédérale
seulement dans des cas qui
impliquent des questions de sécurité (comme le terrorisme), de violation des
droits de la personne, de crimes de guerre ou de criminalité organisée. La
révocation de la citoyenneté ne rend pas à la personne le statut de résident
permanent. Elle la considère comme un étranger, sans aucun droit de résider au
Canada. Cela signifie qu’elle pourrait donc être déportée
. Les demandeurs peuvent exiger une
révision judiciaire de leur cause, mais les motifs pour ce faire sont très
restreints.
Opposition aux
modifications de 2014
Les
critiques des modifications de 2014 disent que celles-ci rendent la citoyenneté
canadienne « plus difficile à obtenir et plus facile à perdre ». Les
motifs élargis de révocation sont remis en question par l’Association du Barreau canadien
(ABC). Selon les obligations
internationales, le Canada n’aurait pas le droit de rendre une personne
apatride. Cela implique que les personnes à double citoyenneté ou qui
pourraient être admissibles pour obtenir la citoyenneté d’un autre pays sont
les seules qui seraient à risque de révocation, à la différence des personnes
qui sont uniquement des citoyens canadiens. L’ABC et les avocats qui
représentent les réfugiés affirment
que cela crée une distinction entre les citoyens naturalisés et ceux qui sont
nés dans le pays qui est injuste et discriminatoire. Ils déclarent de plus que ça
pourrait contrevenir à la Charte canadienne des droits et
libertés
.
L’ABC fait valoir que la Loi « semble imposer l’exil comme une forme
supplémentaire de châtiment ».
En juin
2014, un groupe d’avocats, qui comprend Rocco Galati, Manuel Azevedo et le
Centre des droits constitutionnels, s’adresse aux tribunaux pour contester
la Loi renforçant la citoyenneté canadienne, la catégorisant
d’inconstitutionnelle.
Les
critiques disent également que la perte de flexibilité dans la Loi modifiée
rendra certaines personnes inéligibles pour la citoyenneté, malgré leurs liens
étroits avec le pays. Selon eux, cette situation affecterait la capacité du
Canada d’attirer des immigrés qualifiés et désirables.
Projet de loi C-6 et
modifications de 2017 à la Loi sur la citoyenneté
En juin
2017, le Parlement
adopte un nouveau projet de loi au sujet de la citoyenneté. Le projet de loi C-6
abroge ou amende les modifications présentées en 2014. Elle inclut l’annulation
de la révocation du statut de citoyen pour des raisons de sécurité. Sous cette
nouvelle Loi, les individus qui ont une double citoyenneté et qui ont été
inculpés pour terrorisme,
espionnage
ou trahison,
ou qui se sont joints à des forces armées en conflit avec le Canada, ne perdent
plus leur citoyenneté. La Loi crée également un nouveau processus pour la
révocation. Tous les cas de révocation se décident désormais en Cour fédérale
, sauf si l’individu exige que son
cas soit entendu par le ministre de la Citoyenneté et de l’Immigration.
La
condition de résidence est également réduite de quatre ans sur six à trois ans
sur cinq. Les demandeurs peuvent à nouveau comptabiliser le temps qu’ils ont
passé au Canada avant de devenir résidents permanents dans le cadre des
conditions de résidence. D’autres modifications facilitent l’accès à la
citoyenneté pour les mineurs.
Non-citoyens
Les
personnes qui ne sont pas citoyens du Canada n’y jouissent pas de droits
politiques comme le droit de vote et le droit de se présenter à des élections. Ils
bénéficient toutefois de droits généraux et sont soumis à la loi, tout comme
les citoyens. Parmi les non-citoyens, on compte les réfugiés
, les résidents permanents, les
étudiants internationaux, les travailleurs étrangers et les visiteurs. Les
résidents permanents sont autorisés à travailler au Canada, contrairement aux
visiteurs, à qui ce n’est habituellement pas permis.
Citoyenneté active
Les
citoyens canadiens jouissent de plusieurs droits, dont celui de vivre et de
travailler partout au pays, le droit à un procès équitable et le droit de
vote aux élections.
La citoyenneté vient également avec des responsabilités. Par exemple, voter aux
élections fédérales,
provinciales
et municipales
est non seulement un droit, mais aussi une responsabilité. Les Canadiens se
doivent de jouer un rôle actif dans la communauté. C’est ce qu’on appelle la
« citoyenneté
active ». Elle inclut le vote, mais aussi le bénévolat (par exemple
dans les écoles, les banques
alimentaires ou d’autres organismes
de bienfaisance) et la protection de l’environnement (par exemple recycler
ou prendre part à des corvées de nettoyage de secteurs pollués). (Voir aussi
Citoyenneté
active : résumé en termes simples.)
Citoyenneté honoraire
Le
gouvernement du Canada peut accorder la citoyenneté honoraire à des personnes
étrangères. Cela permet de reconnaître leur contribution et leur importance au
sein de la communauté internationale. Cette mesure est purement symbolique. Les
citoyens honoraires ne jouissent d’aucun des droits ou privilèges conférés par
la citoyenneté canadienne. La décision d’accorder à une personne la citoyenneté
honorifique est purement politique ; elle n’est pas soumise à des exigences ou
des procédures formelles. Au fil des ans, il a été suggéré d’introduire un
système plus formel, comme la création d’un comité multipartite pour approuver
les récipiendaires.
Le Canada a
accordé la citoyenneté honoraire à six personnes : le diplomate suédois
Raoul Wallenberg (1985) ; le dirigeant politique sud-africain Nelson Mandela
(2001); le 14e Dalaï Lama (2006) ; la dirigeante politique du
Myanmar Aung San Suu Kyi (2007); l’Aga Khan (2010); et la défenseure des droits
des femmes pakistanaises Malala Yousafzai (2014). (La citoyenneté honoraire de
Suu Kyi a été révoquée à l’unanimité par la Chambre
des communes et le Sénat en
2018 en réponse aux actions violentes de son pays à l’encontre des musulmans
rohingyas.)
Voir
aussi Citoyenneté :
collection; Citoyenneté
(quiz facile); Citoyenneté
(quiz intermédiaire); Citoyenneté
(quiz difficile).