Charles Cecil Merritt, VC | l'Encyclopédie Canadienne

Article

Charles Cecil Merritt, VC

Charles Cecil Ingersoll Merritt, récipiendaire de la croix de Victoria, avocat, soldat, député fédéral (né le 10 novembre 1908 à Vancouver, en C.-B.; décédé le 12 juillet 2000 à Vancouver). Au cours de la Deuxième Guerre mondiale, le lieutenant-colonel Cecil Merritt est le premier Canadien à se voir décerner en Europe la croix de Victoria (CV), la plus prestigieuse décoration pour bravoure parmi les soldats de l’Empire britannique.

Jeunesse

Le père de Cecil Merritt, le capitaine Cecil Mack Merritt, trouve la mort en 1915 lors de la deuxième bataille d’Ypres, durant la Première Guerre mondiale. Il est alors membre du 16e Bataillon (Canadian Scottish). Une fois ses études secondaires terminées à Victoria, Cecil Merritt est admis au Collège militaire royal (CMR) de Kingston, en Ontario, à l’âge de 16 ans. Il y décrochera un diplôme avec distinction en 1929. Il fait ses études en droit, puis est admis au Barreau de la Colombie-Britannique en 1932, après être entré en service comme soldat des Seaforth Highlanders of Canada à Vancouver.

Service de guerre

Lorsque les Seaforth Highlanders sont mobilisés lors de la Deuxième Guerre mondiale en 1939, Cecil Merritt est promu au grade de major. Il s’embarque pour l’Angleterre avec son unité, incorporée à la 1re Division canadienne, en décembre. Là-bas, il occupe différents postes régimentaires et d’état-major, puis suit le cours d’état-major de la guerre en juin 1941. En mars 1942, pendant son mandat d’officier d’état-major des opérations au quartier général de la 3e Division canadienne, il est promu au grade de lieutenant-colonel pour le South Saskatchewan Regiment.

Deuxième front

Début 1942, la guerre n’est pas en faveur des Alliés. La Russie, les États-Unis et une grande partie de la population générale demandent l’ouverture d’un deuxième front contre l’Allemagne. Les Britanniques ne sont toutefois pas encore prêts, en raison de pénuries de main-d’œuvre et de matériel. On espère alors qu’un raid de grande envergure – plus important que tout autre raid mené jusque-là – satisfera les appels à l’action des Alliés contre les Allemands dans la France occupée.

En Grande-Bretagne, le quartier général des opérations combinées, sous la supervision de lord Louis Mountbatten, assume la responsabilité de ces raids et met au point l’opération Rutter, une attaque de grande ampleur contre le port de Dieppe, situé sur la Manche. On offre alors aux hauts commandants de l’Armée canadienne l’occasion de participer, et l’on sélectionne la 2e Division canadienne, qui englobe le South Saskatchewan Regiment de Cecil Merritt.

Après une vaste formation de type commando et de nombreux exercices de débarquement d’assaut – lesquels ne se déroulent pas toujours sans heurts –, l’opération Rutter est prévue pour le 5 juillet 1942. On doit toutefois la reporter en raison de mauvais temps, puis l’annuler. Lord Mountbatten réorganise le raid pour le 19 août, cette fois-ci sous le nom d’opération Jubilee. Le soutien naval et aérien essentiel est restreint, et on planifie le raid pour l’aube (plutôt que dans la nuit), ce qui compromet sérieusement son succès.

Une grande audace à Dieppe

Le South Saskatchewan Regiment débarque sur le segment de plage que l’on a désigné « plage verte », dans le village de Pourville, sur le flanc droit des plages principales de Dieppe. Par erreur, on débarque les soldats du mauvais côté de la rivière Scie, enjambée par un seul pont, exposé aux tirs constants des Allemands. Lorsque les soldats coincés à l’ouest du pont tentent de le traverser, on leur fait immédiatement obstacle.

Son régiment ainsi piégé, Cecil Merritt se lève et agite son casque dans les airs en s’écriant : « Venez! Il n’y a rien à craindre ici! » Il mène avec succès plusieurs groupes de soldats de l’autre côté de la rivière. Malgré ce geste courageux, la situation à Dieppe est désespérée et les Canadiens reçoivent l’ordre de se retirer. Bien que blessé, Cecil Merritt ordonne à ses hommes de se retirer, restant derrière pour couvrir leur fuite.

Cecil Merritt est fait prisonnier, mais s’échappe de son premier camp de prisonniers de guerre. Il est capturé de nouveau, puis transféré en Allemagne, à la célèbre prison de Colditz. Il est libéré en 1945. On lui décerne la croix de Victoria pour la bravoure dont il a fait preuve à Pourville.

Dieppe, plages de
Les corps des soldats canadiens du régiment de Calgary, après \u00ab l'Operation Jubilee \u00bb, le 19 août 1942 (Avec la permission de Bibliothèque et Archives Canada/C-14160).
Croix de Victoria
Instituée en 1856 par la Reine Victoria, la Croix de Victoria est la première décoration militaire du Commonwealth récompensant des actes de courage. Elle honore des actes de bravoure exceptionnels face à l'ennemi.

La vie après la guerre

Cecil Merritt est devenu député progressiste-conservateur pour la circonscription de Vancouver-Burrard de 1945 à 1949. Il déménagera plus tard d’Ottawa à Vancouver pour y reprendre sa pratique du droit. Il s’éteint à Vancouver à l’âge de 91 ans.

Commémoration

Des plaques rendant hommage à Cecil Merritt ont été installées sur le mur d’honneur du Collège militaire royal à Kingston, ainsi qu’au parc Victoria Cross à Calgary. À Windsor, en Ontario, la promenade Merritt est ainsi nommée en l’honneur du personnage militaire. La croix de Victoria et les autres médailles de Cecil Merritt sont aujourd’hui conservées au Musée canadien de la guerre.

Lecture supplémentaire