La Canadian Broadcasting Corporation (CBC)/SRC (Société Radio-Canada) est l’un des principaux radiodiffuseurs de propriété publique au monde. Société d’État fondée en 1936, elle exploite des réseaux nationaux et régionaux de radio et de télévision en anglais (CBC) et en français (Radio-Canada). Elle diffuse des émissions produites localement en anglais et dans huit langues autochtones pour les populations du Grand Nord. Elle gère également un service multilingue sur ondes courtes destinées pour ses auditeurs à l’étranger, et elle fournit un service de sous-titrage pour les malentendants. Elle tire près de 60 % de son financement actuel de subventions du gouvernement fédéral. Elle obtient également des revenus provenant de commanditaires, de publicités et de la vente d’émissions à d’autres pays. Elle est responsable de sa conduite devant le Parlement. Mais le gouvernement n’a aucun contrôle sur les opérations quotidiennes de la CBC/SRC. Depuis près de 100 ans, elle offre aux Canadiens un large éventail de programmes. Ses critiques continuent de réclamer la suppression de son financement et l’égalisation des conditions de concurrence entre tous les diffuseurs.
Organisation et fonctionnement
La programmation de la CBC/SRC est diffusée sur les 88 stations de radio, 27 stations de télévision et une station numérique seulement que le radiodiffuseur exploite partout au Canada en date de février 2024. Le contenu canadien représente plus de 80 % des grilles horaires aux heures de grande écoute, tant à la télévision qu’à la radio. Le service de radio diffuse 99 % de contenu canadien sur l’ensemble de sa journée de diffusion.
En 2011, le radiodiffuseur employait 8600 personnes. En 2024, il compte environ 6600 employés et près de 2800 travailleurs contractuels.
Présidents de la CBC/SRC
1936–1939 |
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René Morin |
1940–1944 |
Howard B. Chase |
1944–1945 |
1945–1958 |
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1958–1967 |
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George Davidson |
1968–1972 |
Laurent Picard |
1972–1975 |
A.W. Johnson |
1975–1982 |
1982–1989 |
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William T. Armstrong |
1989 |
Gerard Veilleux |
1989–1994 |
Anthony S. Manera |
1994–1995 |
1995–1999 |
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Robert Rabinovitch |
1999–2007 |
Hubert Lacroix |
2008–2018 |
Catherine Tait |
2018–aujourd’hui |
Fondation de la CBC/SRC
La CBC/SRC est créée en tant que société d’État le 2 novembre 1936. Cette création fait suite à deux expériences antérieures de propriété publique de radiodiffusion au Canada. Dans les années 1920, la Compagnie des chemins de fer nationaux du Canada (CN) crée un réseau radiophonique. Elle possède des stations à Ottawa, à Montréal, à Toronto, à Moncton et à Vancouver. Sa programmation se compose de concerts, d’opéras comiques, d’émissions scolaires et de drames historiques. Toutefois, à la fin de 1929, le réseau n’offre que trois heures de programmation par semaine.
En prenant la British Broadcasting Corporation (BBC) comme exemple, les stations de radio du CN contribuent à faire mieux comprendre les mérites de la propriété publique à la Commission royale de radiodiffusion. Cette commission est nommée par le premier ministre William Lyon Mackenzie King le 6 décembre 1928. Elle est présidée par sir John Aird. Les stations canadiennes privées commencent à passer aux mains des Américains. Elles sont également incapables d’offrir une alternative adéquate à la programmation qui afflue en provenance des États-Unis.
L’élément moteur de la Commission Aird est Charles Bowman, rédacteur en chef du Ottawa Citizen. Il est convaincu que la propriété publique de la radiodiffusion est nécessaire pour éviter que le Canada ne soit submergé par la culture américaine. La Commission Aird entend des propositions de partout au pays. Elle visite également d’autres systèmes de radiodiffusion. Elle soumet son rapport le 11 septembre 1929, moins de deux mois avant l’effondrement des marchés boursiers. (Voir aussi La crise des années 1930 au Canada.) Elle recommande la création d’une société nationale de radiodiffusion ayant le statut et les obligations d’un service public afin de développer un service capable de « favoriser un esprit national et d’interpréter la citoyenneté nationale ». Elle recommande également que les stations privées soient supprimées, avec une compensation.
En raison de la crise économique, l’examen du rapport de la Commission Aird est retardé. Ceci permet à certaines des stations privées les plus puissantes et à leur agence de lobbying, l’Association canadienne des radiodiffuseurs, de lancer une campagne d’opposition au rapport. Cependant, les principes fondamentaux du rapport sont défendus par la Canadian Radio League (CRL). Cet organisme non officiel est mis sur pied à Ottawa par Alan Plaut et Graham Spry, à l’automne de 1930. Ceux-ci publient des brochures exposant les arguments favorables à la propriété publique. Ils recrutent d’autres organismes et des représentants du monde des affaires, des banques, des syndicats, de la communauté agricole et des établissements d’enseignement. Ils envoient également une délégation officielle pour rencontrer le ministre des Pêches et des Océans qui, à l’époque, est responsable de l’attribution de licences aux stations de radio.
Commission canadienne de la radiodiffusion (CCR)
En 1932, le gouvernement conservateur nouvellement élu de R. B. Bennett donne suite aux appels de la CRL en adoptant la Loi canadienne sur la radiodiffusion (1932). Il crée la Commission canadienne de la radiodiffusion (CCR) de propriété publique. Son mandat est d’offrir une programmation et une couverture étendue à toutes les régions habitées du pays.
La CCR prend en charge les installations radiophoniques qu’ont mis en place et que possèdent le CN. La CCR commence la diffusion de sa programmation anglaise et française sous la direction des commissaires Thomas Maher, Hector Charlesworth et le lieutenant-colonel W. Arthur Steel. Les stations privées, dont le sort est laissé entre les mains de la Commission, ne coopèrent pas pleinement. Mais elles contribuent à la diffusion de certains programmes de la CCR à l’échelle nationale. Néanmoins, la CCR leur permet de continuer et même de développer leurs activités. En fin de compte, elles survivent à la Commission elle-même.
La CCR souffre de sous-financement, d’un mandat incertain, de dispositions administratives inappropriées et d’une série d’émissions politiques qui manquent de tact. Mais grâce au lobbying de la CRL, le gouvernement libéral de William Lyon Mackenzie King décide de remplacer la CCR par une agence publique plus forte au lieu d’abandonner la radiodiffusion aux stations privées.
Loi canadienne sur la radiodiffusion (1936) et débuts de croissance
En 1936, la nouvelle Loi canadienne sur la radiodiffusion crée la CBC/SRC en tant que société d’État. Comparée à la CCR, la CBC/SRC est mieux organisée et moins vulnérable aux pressions politiques. Elle dispose également d’un financement plus assuré grâce à des droits de licence de 2,50 $ sur les postes récepteurs. La société reprend les actifs, les dettes et les principales attributions de la CCR. Celles-ci incluent la réglementation des stations privées et la diffusion des émissions nationales à tous les Canadiens.
De 1936 à 1958, la CBC/SRC est dirigée par un conseil d’administration. Il est constitué de neuf membres non rémunérés provenant de différentes régions du Canada. Ce conseil est chargé d’élaborer la politique générale et de réglementer les stations privées. Son premier président est Leonard W. Brockington, un avocat réputé de Winnipeg. En 1939, René Morin lui succède.
En 1944, la Loi canadienne sur la radiodiffusion est amendée pour permettre la nomination d’un président rémunéré à temps plein et rémunéré, pour un mandat de trois ans. Le 14 novembre 1945, A. Davidson Dunton, qui a été directeur général de la Commission d’information en temps de guerre, est nommé à ce poste et il exerce la fonction de président jusqu’au 1er juillet 1958.
Le conseil d’administration est également chargé de nommer un directeur général et un directeur général adjoint. Ceux-ci doivent superviser les opérations quotidiennes de la société. Le premier directeur général est Gladstone Murray. Il a auparavant été directeur des relations publiques de la BBC.
La CBC/SRC commence ses activités avec 8 stations propres et 16 stations privées affiliées. Une enquête technique révèle que ce réseau ne dessert que la moitié des 11 millions d’habitants du Canada, et ce, principalement dans les régions urbaines. Elle confirme également que les habitants des grandes villes subissent de constantes interférences avec les stations américaines. Pour remédier au problème, on construit des émetteurs de 50 kW à Montréal et à Toronto en 1937. Ceci augmente le service pour pouvoir desservir près de 76 % de la population.
La même année, la CBC/SRC prend part à l’organisation d’une conférence nord-américaine à La Havane à Cuba. Le Canada se voit attribuer 6 canaux libres pour des stations de 50 kW ou plus, 8 canaux libres pour des stations de 0,25 à 50 kW ainsi que 41 canaux régionaux et 6 canaux locaux partagés. Afin d’atteindre les régions éloignées, la société ajoute des émetteurs de 50 kW en Saskatchewan et dans les Maritimes en 1939. Elle commence également à construire des émetteurs-relais à faible puissance en Colombie-Britannique, dans le nord de l’Ontario et dans certaines régions du Nouveau-Brunswick. Après la guerre, des stations de 50 kW sont construites au Manitoba et en Alberta. La puissance de la station CJBC, sa tête de réseau à Toronto, augmente également à 50 kW.
Premières programmations
Le développement de la programmation se fait plus lentement que l’extension de la couverture du service. Au début, les émissions de divertissement, de musique et de causeries produites aux États-Unis et au Royaume-Uni sont largement suivies.
À la suite d’une enquête sur la programmation destinée à évaluer l’étendue et l’emplacement des talents canadiens, la CBC/SRC crée lentement son propre service distinct. Il s’agit notamment d’émissions comme The Happy Gang; des émissions agricoles régionales et la Tribune radiophonique agricole de Harry Boyle (pour un pays encore essentiellement rural); des émissions sur les intérêts des femmes comme Femina et des causeries matinales quotidiennes animées par une équipe de commentatrices; des émissions sportives, incluant les matchs de hockey de la LNH le samedi soir animés par Foster Hewitt (voir La Soirée du hockey); des émissions pour enfants comme Just Mary avec Mary Grannan; et une ample couverture d’événements comme le couronnement du roi George VI et de la reine Elizabeth en 1937 et leur tournée royale au Canada en 1939. Un réseau francophone distinct est créé. La production des émissions est décentralisée dans cinq régions : en Colombie-Britannique, dans les provinces des Prairies, en Ontario, au Québec et dans les Maritimes.
Avec le déclenchement de la Deuxième Guerre mondiale, la CBC/SRC crée un service outre-mer. Le service relaie les reportages des correspondants de guerre. Le 1er janvier 1941, le radiodiffuseur cesse de dépendre des bulletins d’informations préparés par la Presse canadienne. Il crée son propre service de nouvelles sous la direction du rédacteur en chef Dan McArthur. Grâce à son journal national, lu par Charles Jenning (le père du présentateur de nouvelles de longue date de la chaine ABC, Peter Jennings), et plus tard par Lorne Greene (la célèbre « Voice of Doom »), le service des nouvelles de la CBC/SRC se bâtit rapidement une réputation d’impartialité et d’intégrité.
Pendant la guerre, la CBC/SRC crée également Radio-Collège au Québec et commence à diffuser des émissions musicales éducatives (1942). En 1944, le réseau anglais du radiodiffuseur se divise entre le réseau du Dominion (une station de CBC et 34 stations affiliées) et le réseau Trans-Canada (6 stations de CBC et 28 stations affiliées). À la fin de la guerre, CBC/SRC s’associe au gouvernement pour établir un service international multilingue en 1945. Il devient éventuellement Radio-Canada International. Les émissions sont transmises par lignes terrestres à partir des studios de la rue Crescent à Montréal jusqu’à Sackville au Nouveau-Brunswick, et elles sont ensuite envoyées outre-mer, par ondes radio.
Au début, les émissions d’affaires publiques ne sont pas très présentes dans la programmation de la CBC Radio. Peu de temps avant de quitter son poste de président, Leonard Brockington prend des mesures pour changer la situation. Il écrit un livre blanc au sujet de la radiodiffusion politique et controversée. Ce document est adopté par le conseil d’administration en juillet 1939. Il stipule que la CBC/SRC s’efforcera de présenter une variété d’opinions sur des questions controversées et s’abstiendra de vendre du temps d’antenne pour défendre des opinions personnelles.
Cependant, avec le déclenchement de la Deuxième Guerre mondiale, la CBC/SRC se retrouve sous la pression du gouvernement pour limiter les discussions d’affaires publiques à l’antenne. Le directeur général Gladstone Murray rejette les propositions du CBC Talks Department d’organiser une série de forums sur des sujets reliés à la guerre. Au lieu, la CBC rediffuse certaines émissions de la BBC qui sont destinées à inspirer l’effort de guerre. Gladstone Murray approuve éventuellement une émission de discussions appelée Citizens All. Mais il exige d’approuver lui-même les participants et les sujets abordés.
Ce n’est qu’en août 1942, lorsque Gladstone Murray est remplacé par J. S. Thomson, que les efforts du Talks Department pour promouvoir des discussions sérieuses sur les questions d’intérêt public commencent à porter fruit. À la fin du mandat d’un an de J. S. Thomson, le département démontre le rôle démocratique que peut jouer la radiodiffusion d’affaires publiques. Il lance des émissions comme Weekend Review, National Labour Forum, CBC Discussion Club et la populaire émission Of Things to Come - An Inquiry into the Post-War World. Cette dernière émission, présidée par l’auteur Morley Callaghan, se transforme ensuite et devient le populaire Citizen’s Forum. L’émission utilise des groupes d’écoute et elle perdure jusqu’à l’ère de la télévision.
Dramatiques au Canada
Après la guerre, la programmation d’émissions d’affaires publiques est développée. La diffusion d’émissions sur les arts, comme Critically Speaking, et de dramatiques augmente également. En 1940, la CBC/SRC introduit l’émission Canadian Theatre of the Air. En 1944, la très populaire série Stage d’Andrew Allan fait ses débuts.
Mais l’apogée des dramatiques radiophoniques canadiennes survient au début de la période d’après-guerre. Une compagnie de répertoire d’acteurs et actrices du Canada est formée. Un important programme de formation de jeunes auteurs est lancé. Durant la saison 1947-1948, on compte 320 productions dramatiques en anglais, dont 97 % sont écrites par des auteurs canadiens. En plus d’Andrew Allan, des producteurs comme Esse Ljungh, Rupert Caplan et Fletcher Markle ouvrent la voie à la programmation de fictions sérieuses en Amérique du Nord.
Cependant, à cette époque, les jours des dramatiques radiophoniques sont déjà comptés. Les Canadiens commencent à faire pression pour l’introduction de la télévision. Elle est devenue accessible aux États-Unis après la guerre. Initialement, la CBC/SRC et le gouvernement fédéral choisissent tous deux de faire preuve de prudence par rapport à ce nouveau média très coûteux. Augustin Frigon est un ancien membre de la Commission Aird et il est directeur du réseau français avant de remplacer J. S. Thomson à titre de directeur général en 1943. En 1946, il déclare à la Commission parlementaire de la radio que « ce serait une erreur d’encourager l’introduction de la télévision au Canada sans un soutien financier suffisant et, par conséquent, de prendre le risque que des émissions peu satisfaisantes donnent, au départ, une mauvaise impression de ce nouveau moyen de communication ».
Augustin Frigon refuse de « se laisser entrainer dans une action prématurée ». Au lieu, la CBC/SRC et des diffuseurs privés entreprennent une formation dans le domaine de la télévision aux studios de la CBC/SRC à Montréal et à Toronto.
Avènement de la télévision
En 1947, l’ingénieur en chef adjoint Joseph-Alphonse Ouimet publie une étude intitulée Rapport sur la télévision. Joseph-Alphonse Ouimet a lui-même construit son propre réseau de télévision et a tenté de le commercialiser à Montréal au début des années 1930. Son rapport sert de tremplin pour son propre réseau de télévision. Joseph-Alphonse Ouimet est nommé coordonnateur de la télévision. Il remplace éventuellement Augustin Frigon en tant que directeur général. Il est sans doute le personnage le plus important de l’histoire de la radiodiffusion canadienne. C’est à lui qu’on doit une grande partie du mérite pour l’introduction et l’expansion rapides de la diffusion de la télévision au Canada. Pour financer son développement, le gouvernement impose une taxe d’accise sur les téléviseurs.
Le service de télévision commence sur la chaine CBFT de Montréal, le 6 septembre 1952. Deux soirs plus tard, il commence sur la chaine CBLT à Toronto. À l’époque, la télévision n’est accessible qu’à 26 % de la population. Mais en 1954, ce chiffre passe à 60 %. Le Canada se classe au deuxième rang mondial pour la production d’émissions de télévision en direct. Des stations de la CBC/SRC sont installées à Ottawa, à Vancouver, à Winnipeg et à Halifax. Des stations privées commencent déjà à apparaitre dans d’autres villes.
En 1957, les réseaux anglais et français diffusent chacun jusqu’à 10 heures par jour. Leur couverture atteint 85 % de la population. Cette couverture est assurée par des stations appartenant à la CBC/SRC ainsi qu’à des stations affiliées privées.
Cependant, l’avènement de la télévision crée des problèmes majeurs pour le service de radio de CBC. Les talents créatifs et les fonds d’investissement sont siphonnés par le nouveau média. Les parts d’auditoire des émissions de radio s’effondrent. Les revenus commerciaux et l’offre d’émissions de divertissement américaines sont tous deux considérablement réduits. Le service de radio doit faire concurrence aux informations locales et aux formats de musique pop américaine sur les stations privées. Par conséquent, le service de radio devient de plus en plus démoralisé et déconnecté de son auditoire canadien.
Révolution radiophonique
Au cours des années 1960, quelques pas sont franchis pour reconquérir la fidélité des auditoires de la radio. Quelques nouvelles émissions sur l’actualité sont introduites. Les émissions de dramatiques et de musique sérieuse canadiennes deviennent plus nombreuses. Mais ce n’est que dans les années 1970 que le service de radio de CBC connait une révolution qui en fait la fierté de la société.
En 1970, une étude exhaustive sur la radio est publiée. Par conséquent, le service de radio procède à un changement fondamental de son mandat. Les ressources sont redistribuées de la programmation de soirée (période où la télévision est l’attraction principale) vers les matins et les après-midis. Les émissions d’informations locales sont développées. Des formats de programmation en bloc sont conçus. Les nouvelles nationales et les affaires courantes sont renforcées avec le début d’émissions telles que This Country in the Morning et As It Happens. En même temps, le potentiel de la radio FM est enfin exploité sérieusement après deux décennies d’expérimentations. En 1975, un réseau stéréo FM est mis en place et les publicités sont éliminées à la fois sur les chaines AM et FM.
Éventuellement, la couverture AM et FM se développe grâce au programme de rayonnement accéléré qui commence en 1974. Les deux réseaux émergent ensuite en offrant deux types distincts de services d’émissions. Le réseau AM se concentre sur les nouvelles, l’information, les divertissements légers et les affaires locales. Le réseau FM met l’accent sur la musique sérieuse, les dramatiques, les documentaires, les arts et la culture.
Essor de la télévision
Pendant la même période, la télévision de la CBC/SRC s’adapte moins bien à ses propres problèmes. Durant les années 1950, une nouvelle génération de producteurs relève le défi de développer une programmation pour ce média avec toute son énergie, son enthousiasme et une grande créativité. Parmi ces producteurs se trouvent des personnalités comme Ross McLean, Norman Campbell, Norman Jewison, Bob Allen, Jean-Paul Fugère, Sydney Newman et Mario Prizek. Ils créent un ensemble impressionnant d’émissions d’informations et de divertissement. Parmi les exemples, on trouve Tabloid, G.E. Showcase, Les Plouffe, Front Page Challenge, Festival, Don Messer’s Jubilee (voir Don Messer), Les Idées en marche et Cross Canada Hit Parade.
Mais les remarquables options de programmation au cours des années 1950 n’éliminent pas le désir des Canadiens d’écouter des émissions américaines. La CBC/SRC ne se contente pas de produire des émissions canadiennes. La société est également censée relayer les populaires émissions américaines au public canadien, surtout dans les régions où les signaux américains ne peuvent être captés à l’aide des antennes qui sont sur leurs toits.
Éventuellement, avec la câblodistribution et les satellites, la nécessité pour la CBC/SRC de retransmettre des émissions américaines est éliminée. Cependant, à cette époque, son service de télévision développe une forte tendance à l’écoute de la programmation américaine. Ce processus est enclenché à la fin des années 1950, alors que la télévision en direct cède la place à la production de séries dramatiques et humoristiques coûteuses et filmées à l’avance. Le radiodiffuseur est rapidement pris dans un cercle vicieux. Il doit diffuser une programmation populaire américaine pour obtenir les revenus publicitaires qui sont nécessaires à la production d’émissions nationales comparables. Après l’attribution d’une licence à la chaine CTV en 1961, la CBC/SRC constate qu’elle doit également utiliser des émissions américaines pour générer des téléspectateurs vers ses propres émissions, par l’intermédiaire de ce qu’on appelle le « facteur d’héritage ».
Durant les années 1960, CBC crée de nouvelles dramatiques télévisées comme Wojeck et Quentin Durgens MP (v.f. Quentin Durgens M.P.). On trouve des émissions d’informations stimulantes telles que This Hour Has Seven Days, Man Alive et The Nature of Things. Il y a également les émissions préférées des enfants comme Mr. Dressup, The Friendly Giant et Chez Hélène.
Néanmoins, le fait que le radiodiffuseur continue de s’appuyer sur un nombre élevé d’émissions américaines conduit certains à l’accuser de ne pas remplir son mandat en vertu de la Loi canadienne sur la radiodiffusion. Entre les années financières de 1967-1968 et de 1973-1974, la société réagit aux critiques croissantes du public. Elle augmente son contenu télévisuel canadien de 52 % à environ 68 %. Une multitude de nouvelles émissions canadiennes sont créées, dont Marketplace, The Beachcombers (v.f. Sur la côte du pacifique), Performance et The Fifth Estate.
Pendant la même période, la société tente d’améliorer l’équilibre entre la programmation du réseau et la programmation régionale, et d’accroître son efficacité. Le réseau anglophone, le réseau francophone et les systèmes de diffusion régionaux sont fusionnés en deux divisions. Le service de distribution anglophone a son siège social à Toronto, et le service francophone a son siège social à Montréal.
La consolidation se poursuit et permet la « canadianisation » de la programmation télévisuelle. Entre 1983-1984 et 1985-1986, par exemple, le contenu canadien passe de 74 % à 77 % sur le réseau de télévision anglophone. Il passe également de 69 % à 79 % sur le réseau francophone. Cependant, les compressions budgétaires écrasantes faites par le gouvernement de Brian Mulroney au milieu des années 1980 remettent à plus tard le rêve d’éliminer à la fois la programmation étrangère et la publicité sur les services de télévision de la CBC/SRC.
Programmation télévisuelle
Les services de télévision de la CBC/SRC accueillent depuis longtemps des célébrités internationales. Le premier film dans lequel joue l’acteur Jim Carrey, Introducing… Janet (1983), est produit pour CBC TV. Alex Trebek anime Music Hop (1963-1964) et Reach for the Top (1966-1973) avant de devenir l’animateur de l’émission Jeopardy!. L’acteur Michael J. Fox commence sa carrière d’acteur dans les émissions de CBC TV The Magic Lie (1977) et Leo and Me (1978). Un des premiers rôles de Keanu Reeves est dans l’émission pour enfants Going Great (1984-1985). La série documentaire de longue durée The Nature of Things (1960-aujourd’hui), animée par David Suzuki (animateur de 1979 à 2023), est l’une des émissions les plus acclamées par la critique de l’histoire de la télévision.
Au fil des années, la division des sports de CBC TV devient l’un des principaux producteurs d’émissions sportives au pays. Son émission phare est Hockey Night in Canada (1952-aujourd’hui; v.f. La Soirée du Hockey). Elle est l’émission la plus regardée au pays pendant des décennies (elle a commencé sur CBC Radio en 1931), et elle est l’émission de télévision ayant duré le plus longtemps au Canada. Elle détient le record du monde Guinness de l’émission sportive télévisée la plus durable. L’émission est tellement ancrée dans le tissu culturel du pays que la chanson du générique est devenue un hymne national non officiel.
En tant que diffuseur des Jeux olympiques au Canada, la CBC/SRC retransmet également les événements internationaux. Toutefois, certains groupes critiquent l’utilisation des fonds publics pour miser sur l’un des événements sportifs les plus populaires du monde.
Émissions télévisées originales notables de la CBC/SRC
Émissions pour enfants |
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Maggie Muggins |
1955–1962 |
1957–1985 |
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Nursery School Time |
1958–1963 |
The Friendly Giant (voir Robert Homme) |
1958–1985 |
Chez Hélène |
1959–1973 |
Razzle Dazzle |
1961–1966 |
Mr. Dressup (voir Ernie Coombs) |
1967–1996 |
Sol et Gobelet (voir Marc Favreau) |
1968–1971 |
1977–1992 |
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Traboulidon |
1983–1986 |
Fraggle Rock * |
1983–1987 |
Sharon, Lois & Bram’s Elephant Show (voir Sharon, Lois & Bram) |
1984–1989 |
Owl/TV |
1985–1990 |
The Raccoons (v.f. Les amis ratons) |
1985–1991 |
Fred Penner’s Place (voir Fred Penner) |
1985–1997 |
Under the Umbrella Tree |
1986–1993 |
Le Club des 100 Watts |
1988–1995 |
Babar * |
1989–1992 |
Bo on the Go! |
2007–2016 |
The Adventures of Napkin Man! |
2013–2017 |
The Studio K Show |
2017–aujourd’hui |
Émissions jeunesse |
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The World of Man |
1970–1975 |
What’s New |
1972–1989 |
1979–1984 |
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The Edison Twins (v.f. Paul et les jumeaux) |
1982–1986 |
Wonderstruck |
1986–1992 |
Degrassi Junior High (v.f. Degrassi) |
1987–1989 |
Degrassi High (v.f. Degrassi) |
1989–1991 |
Street Cents |
1989–2006 |
Watatatow |
1991–2005 |
The Rez (voir Jennifer Podemski) |
1996–1998 |
Jonovision |
1996–2001 |
Edgemont |
2001–2005 |
Émissions familiales |
|
The Beachcombers (v.f. Sur le côté du Pacifique) |
1972–1990 |
Spirit Bay |
1984–1986 |
Danger Bay |
1985–1990 |
Road to Avonlea * |
1990–1996 |
Wind At My Back |
1996–2001 |
2007–aujourd’hui |
|
Anne with an E * |
2017–2019 |
Émissions musicales/de variétés |
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General Motors Theatre |
1952–1961 |
The Eleanor Show (voir Eleanor Collins) |
1955 |
Country Hoedown |
1956–1965 |
Juliette (see Juliette) |
1956–1966 |
Don Messer’s Jubilee (voir Don Messer) |
1959–1969 |
Singalong Jubilee |
1961–1974 |
Music Hop |
1963–1967 |
The Tommy Hunter Show (voir Tommy Hunter) |
1965–1992 |
Les Beaux Dimanches |
1966–2004 |
The Irish Rovers (voir Irish Rovers) |
1971–1978 |
Good Rockin’ Tonite |
1983–1993 |
Video Hits |
1984–1993 |
Rita and Friends (voir Rita MacNeil) |
1994–1997 |
CBC Arts: Exhibitionists |
2015–2020 |
Émissions humoristiques |
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The Wayne and Shuster Show (voir Wayne and Shuster) |
1954–1989 |
1976–1984 |
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Royal Canadian Air Farce |
1980–1984, 1993–2007 |
1983–aujourd’hui |
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1987–1992 |
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1988–1994 |
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1992–aujourd’hui |
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The Red Green Show (voir Steve Smith) * |
1997–2006 |
Kenny vs. Spenny * |
2003–2004 |
The Rick Mercer Report (voir Rick Mercer) |
2004–2018 |
The Ron James Show |
2009–2014 |
Baroness Von Sketch Show |
2016–2021 |
Comédies de situation |
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King of Kensington (voir Al Waxman) |
1975–1980 |
Hangin’ In |
1981–1987 |
The Newsroom (voir Ken Finkleman) |
1996–1997, 2003–2005 |
Twitch City (voir Don McKellar) |
1998, 2000 |
Made in Canada (voir Rick Mercer) |
1998–2003 |
Les Bougon : C’est aussi ça la vie |
2004–2006 |
Little Mosque on the Prairie (v.f. La petite Mosquée dans la prairie) |
2007–2012 |
Mr. D (voir Gerry Dee) |
2012–2018 |
2015–2020 |
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2016–2021 |
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Workin’ Moms |
2017–2023 |
Run the Burbs |
2022–aujourd’hui |
Son of a Critch (voir Mark Critch) |
2022–aujourd’hui |
Jeux télévisés |
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1957–1995 |
|
1961–1985 |
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Flashback |
1962–1968 |
What on Earth |
1971–1975 |
This Is the Law |
1971–1981 |
Quiz Kids |
1978–1982 |
Smart Ask! |
2001–2004 |
Family Feud Canada |
2019–aujourd’hui |
Émissions de téléréalité |
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A Way Out |
1970–1977 |
Celebrity Cooks |
1975–1979 |
Wok with Yan |
1980–1982 |
La Course destination monde |
1988–1999 |
The Greatest Canadian |
2004 |
Dragon’s Den |
2006–aujourd’hui |
Battle of the Blades |
2009–2013, 2019–aujourd’hui |
Canada’s Smartest Person |
2012–2018 |
Qui êtes-vous? |
2013–aujourd’hui |
The Great Canadian Baking Show |
2017–aujourd’hui |
Émissions de débats |
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Tout le monde en parle |
2004–aujourd’hui |
The Hour |
2005–2010 |
George Stroumboulopoulos Tonight (voir George Stroumboulopoulos) |
2010–2014 |
Émissions d’affaires publiques |
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Tabloid |
1953–1960 |
Viewpoint |
1957–1976 |
Take Thirty |
1962–1984 |
1964–1966 |
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1972–aujourd’hui |
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The Watson Report (voir Patrick Watson) |
1975–1981 |
1975–aujourd’hui |
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The Journal |
1982–1992 |
Midday |
1985–2000 |
Venture |
1985–2007 |
Adrienne Clarkson Presents (voir Adrienne Clarkson) |
1988–1999 |
Undercurrents |
1994–2001 |
Mansbridge One on One (voir Peter Mansbridge) |
1999–2017 |
Power & Politics |
2009–aujourd’hui |
Rosemary Barton Live |
2020–aujourd’hui |
Émissions de sciences et documentaires |
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The Nature of Things (voir David Suzuki) |
1960–aujourd’hui |
Telescope |
1963–1973 |
Land and Sea |
1964–aujourd’hui |
Klahanie |
1967–1978 |
Witness |
1992–2004 |
The Passionate Eye |
1992–aujourd’hui |
Absolutely Canadian |
1998–2009, 2012–aujourd’hui |
Doc Zone |
2006–2016 |
Firsthand |
2015–2017 |
CBC Docs POV |
2017–aujourd’hui |
Dramatiques d’une heure |
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Quentin Durgens, M.P. |
1965–1969 |
Wojek |
1966–1968 |
Seeing Things |
1981–1987 |
Lance et Compte/He Shoots, He Scores |
1986–1989 |
Street Legal |
1987–1994 |
North of 60 |
1992–1997 |
Da Vinci’s Inquest (v.f. Coroner Da Vinci) |
1998–2005 |
This is Wonderland |
2004–2006 |
Intelligence |
2006–2007 |
The Tudors |
2007–2010 |
Being Erica |
2009–2011 |
Republic of Doyle (voir Allan Hawco) |
2010–2014 |
Arctic Air |
2012–2014 |
2013–aujourd’hui |
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The Porter |
2022 |
Miniséries |
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Duplessis |
1977 |
1980 |
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Anne of Green Gables (v.f. Anne, la maison aux pignons verts) |
1985 |
Émissions canadiana |
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Images of Canada |
1972–1976 |
Canadian Reflections |
1978–aujourd’hui |
On the Road Again |
1987–2007 |
Life and Times |
1996–2007 |
2000–2001 |
|
Still Standing (voir Jonny Harris) |
2015–aujourd’hui |
* Diffusée également sur/coproduite par un autre réseau
Programmation radio
L’une des émissions les plus populaires de la CBC/SRC est l’émission artistique et culturelle de longue durée Q. Elle est diffusée dans le monde entier et est largement distribuée aux États-Unis par Public Radio International. L’émission, créée en 2007, devient l’émission la plus populaire de tous les temps dans son créneau horaire du matin sur CBC Radio. Pendant plusieurs années, elle compte le plus grand auditoire de toutes les émissions d’affaires publiques au Canada. Ce titre est récemment remporté par Marketplace, l’émission phare de CBC, consacrée aux affaires de consommation.
Parmi les autres émissions reconnues, on trouve As It Happens, qui couvre les nouvelles et l’actualité; Definitely Not the Opera (1994-2016), une émission d’histoires de culture pop; les émissions Wiretap et The Debaters, qui présentent des sketches humoristiques; Cross Country Checkup, une tribune téléphonique nationale; The Vinyl Café, l’émission acclamée à l’échelle internationale des récits du regretté Stuart McLean;, et The Current, une émission d’affaires publiques.
La CBC/SRC exploite ICI Musique et CBC Music, une plateforme de musique digitale gratuite à partir de laquelle les usagers peuvent écouter de la musique en ligne et avoir accès au contenu de CBC Radio 2 et de CBC Radio 3. Le service vise à mettre en valeur le talent canadien et la musique internationale, et fait la promotion des interprètes et des auteurs-compositeurs canadiens. Le premier CBC Music Festival a lieu en 2013.
En plus des émissions de télévision et de radio, CBC News est un important organisme d’informations qui diffuse des mises à jour de nouvelles toutes les heures à la radio, et qui offre des émissions d’informations télévisées et un site web de nouvelles en ligne. La CBC/SRC exploite 14 bureaux à l’étranger qui contribuent à sa couverture journalistique des événements mondiaux. Le réseau télévisé de nouvelles 24 heures sur 24, soit CBC News Network (lancé à l’origine sous le nom de CBC Newsworld) est détenu et exploité par CBC, et est principalement financé par les frais d’abonnement et d’autres revenus commerciaux. Les sondages démontrent que la société se classe au-dessus de toutes les autres chaines d’informations similaires au Canada.
La programmation locale est incluse dans les grilles horaires de tout le pays, y compris les informations régionales à la télévision, à la radio et en ligne. CBC News Online couvre les événements de l’actualité régionale, nationale et internationale, en plus de couvrir les sports, les sciences et les arts. La plupart des reportages sont accompagnés d’extraits télévisés ou d’options de baladodiffusions. CBC Aboriginal rapporte en ligne les actualités de partout au Canada qui concernent les affaires des Premières Nations.
Perte des fonctions de réglementation
Le Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC) exige que les chaines d’information de CBC TV soient diffusées dans tous les foyers canadiens qui ont la télévision par câble ou par satellite. Cependant, la force de la présence culturelle de la CBC/SRC continue de s’affaiblir depuis les années 1980. On pourrait dire que certains problèmes de la société sont aggravés par le fait qu’elle ne joue plus le rôle de réglementation que lui a assigné la Loi canadienne sur la radiodiffusion de 1936.
En 1956, la Commission royale sur la radiodiffusion, présidée par Robert Fowler, recommande la création d’une agence de régulation distincte. En 1958, le gouvernement conservateur de John Diefenbaker adopte la nouvelle Loi sur la radiodiffusion. La tâche de réglementer le système de radiodiffusion est retirée à la CBC/SRC et confiée au Bureau des gouverneurs de la radiodiffusion (BGR), une agence distincte.
Au même moment, le Conseil des gouverneurs de la CBC/SRC est remplacé par un conseil d’administration de 15 personnes. La gestion de la société est confiée à un président nommé par le gouvernement fédéral. Le BGR est remplacé par le Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC) en 1968. Mais le principe d’une agence de réglementation séparée demeure intact.
Le retrait de la fonction de réglementation du mandat de la CBC/SRC est probablement inévitable. En fin de compte, cela lui permet de se consacrer à sa tâche principale, qui est d’offrir à la population canadienne une programmation radiophonique et télévisuelle de haute qualité. Mais il réduit également la capacité de la société à influencer l’environnement dans lequel elle doit fonctionner.
Soumise aux principes de l’économie de marché, la CBC/SRC ne peut empêcher l’entrée de réseaux rivaux spécialisés dans la programmation étrangère. Elle ne peut rien faire pour s’assurer que l’expansion rapide des systèmes de câblodistribution diffusant des signaux étrangers génère des fonds pour la programmation canadienne. Elle assiste, impuissante, au siphonnage des maigres ressources de programmation par la télévision payante. Elle ne peut pas non plus obtenir pour elle-même de deuxièmes chaines en anglais et en français pour augmenter sa part d’auditoire. Le mieux qu’elle puisse faire, c’est d’introduire la chaine Newsworld en 1989, et la chaine RDI en 1995.
Financement gouvernemental
La CBC/SRC est souvent critiquée pour sa lourde bureaucratie. Toutefois, des études démontrent que son efficacité et sa productivité sont comparables à celle d’autres radiodiffuseurs dans le monde. Le rapport du groupe de travail sur la politique de la radiodiffusion (1986), coprésidé par Gerald Lewis Caplan et Florian Sauvageau, est encourageant pour ceux qui soutiennent la radiodiffusion publique. Mais ni le gouvernement de Brian Mulroney ni celui de Jean Chrétien ne donnent suite aux recommandations. La société fait l’objet d’autres études en 1995, notamment le rapport du président de la CBC/SRC (mis en veilleuse) et un rapport du Comité permanent de la Chambre des communes. Aucune de ces études ne permet de clarifier les objectifs souvent contradictoires établis pour la société ni de résoudre ses difficultés financières persistantes.
Les coupes budgétaires effectuées durant l’ère Jean Chrétien-Paul Martin du milieu des années 1990 entrainent 2400 mises à pied au sein du radiodiffuseur. Des centaines de millions de dollars sont supprimées de son budget annuel. En 1999, les dépenses fédérales consacrées à la CBC/SRC tombent à 748 millions de dollars.
Une étude commandée par la CBC/SRC en 2011 révèle que le Canada se classe au 16e rang sur 18 pays occidentaux en ce qui concerne les contributions des contribuables à la radiodiffusion publique. Avec 34 $ par personne, le niveau de financement par habitant du Canada est inférieur de 60 % à la moyenne de 87 $, et il n’est supérieur qu’à celui des États-Unis et de la Nouvelle-Zélande. En Norvège, le pays où le niveau de financement est le plus élevé, l’équivalent de 164 $ par habitant est consacré au financement du radiodiffuseur public.
À la fin de l’année financière de 2012, la société reçoit environ 1,1 milliard de dollars en financement gouvernemental, en plus de 689 millions de dollars de recettes provenant de la publicité et d’autres ressources. Cette année-là, les dépenses du radiodiffuseur s’élèvent à 1,8 milliard de dollars. En février 2024, son budget annuel demeure à 1,8 milliard de dollars par année. Environ 70 % de ce montant provient du gouvernement. Les 29 % restants proviennent de revenus commerciaux, incluant la publicité et les frais d’abonnement.
Opposition et soutien
La CBC/SRC continue d’unir et de diviser le pays. Certains considèrent le radiodiffuseur comme une utilisation inutile des fonds publics et une distorsion du marché de la radiodiffusion. D’autres considèrent qu’il est souvent la seule source de nouvelles et d’autres informations dans les régions isolées du Canada, et ils apprécient son rôle d’important promoteur des arts.
Au printemps 2012, le gouvernement conservateur de Stephen Harper décide de réduire de 10 % le financement de la CBC/SRC qui était de 1,1 milliard de dollars. Ceci suscite à la fois les applaudissements et la réprobation du public canadien. Le budget prévoit une réduction de 115 millions de dollars au financement du radiodiffuseur, sur une période de trois ans.
En 2012, lors d’un débat sur l’importance du financement fédéral pour un radiodiffuseur public, certains font valoir que le radiodiffuseur n’est plus pertinent dans un marché de nouveaux médias numériques qui offrent un large éventail de choix aux consommateurs. On suggère que l’auditoire de la CBC/SRC paie directement pour le service, par opposition au modèle basé sur tous les contribuables. Toutefois, plusieurs soutiennent que le radiodiffuseur joue un rôle crucial en tant que producteur et payeur unique de contenu canadien, en plus de son importance majeure dans les régions éloignées du Canada, et qu’il constitue donc une utilisation précieuse des fonds publics. Une étude commandée par la CBC Radio en 2011 démontre que pour chaque dollar dépensé par le radiodiffuseur, quatre dollars de retombées économiques sont créés.
Comme indiqué plus haut, les dépenses publiques par habitant de la CBC/SRC sont relativement peu élevées. Malgré cela, son financement par le gouvernement fait l’objet de nombreux débats. Certains se demandent même si un radiodiffuseur devrait exister. Des accusations de gaspillage sont souvent invoquées pour justifier de mettre fin au financement de la société.
Au cours des dernières décennies, une variété d’organismes sont mis sur pied pour protester contre le maintien du financement public de la CBC/SRC ou pour le soutenir. De nombreuses pétitions circulent pour la « libérer » (de la présumée ingérence politique) ou pour la « sauver » des coupes budgétaires que plusieurs considèrent comme idéologiques. À l’opposé du spectre, des campagnes qui qualifient le radiodiffuseur de « jeteur d’argent par les fenêtres » ou qui cherchent à exposer une prétendue utilisation abusive des fonds attirent également de nombreux partisans.
Ce débat est loin d’être terminé. Au contraire, il contribuera probablement à affiner le rôle important que joue la CBC/SRC dans le tissu social du Canada. Entre-temps, elle annonce son intention d’accroître davantage son contenu canadien et sa portée dans les régions éloignées, tout en multipliant les plateformes numériques et en ligne et en respectant les restrictions budgétaires.
(Voir aussi Radiodiffusion et télédiffusion; Politique culturelle; Théâtre de langue anglaise à la radio; Dramatiques de langue anglaise à la télévision; Dramatiques à la télévision québécoise.)