Houde, Camillien | l'Encyclopédie Canadienne

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Houde, Camillien

Tandis que Duplessis impose sa suprématie sur le Québec, Houde fait de même à la mairie de Montréal, où il règne de 1928 à 1932, puis de 1934 à 1936, avant d'être réélu en 1938.

Houde, Camillien

 Camillien Houde, homme politique (Montréal, 13 août 1889 -- id., 11 sept. 1958). Sa carrière s'oriente dans plusieurs directions. En effet, il se lance tour à tour dans les affaires bancaires et la confiserie, et siège au Parlement de Québec, puis à la Chambre des communes. Toutefois, à partir de sa première élection comme maire le 2 avril 1928 jusqu'à sa retraite le 18 septembre 1954, il incarne sa ville au point d'être surnommé « Monsieur Montréal ». Il se fait d'abord connaître en tant que candidat conservateur provincial dans la circonscription de Sainte-Marie, dont il est élu député en 1923. Il se fait battre en 1927, mais la courte victoire de son opposant est renversée par les tribunaux et Houde regagne son siège l'année suivante à la faveur d'une élection complémentaire. Il remporte la course à la chefferie du Parti conservateur du Québec la même année, mais perd son siège quand son parti est défait à l'élection générale de 1931. Houde abandonne son poste de chef en 1932, laissant le champ libre au nouvel homme fort du parti, le nationaliste conservateur Maurice DUPLESSIS.

Tandis que Duplessis impose sa suprématie sur le Québec, Houde fait de même à la mairie de Montréal, où il règne de 1928 à 1932, puis de 1934 à 1936, avant d'être réélu en 1938. Événement sans précédent, il est suspendu le 5 août 1940 lorsque, après un discours contre l'enrôlement pour le service militaire, des agents de la Gendarmerie royale l'arrêtent à l'hôtel de ville. Il est ensuite interné en Ontario durant quatre ans. À l'instar de nombreux nationalistes canadiens-français de l'époque, il appuie l'idéologie du régime de Mussolini en Italie et celui de Vichy en France. Il demeure pourtant loyal à la couronne britannique, qui le fait Commandeur de l'Ordre de l'Empire britannique en 1935. À sa libération, le 18 août 1944, au moins 50 000 Montréalais l'accueillent en triomphe et il est bientôt réélu maire, poste qu'il conserve sans difficulté aux élections de 1947 et de 1950.

Sa mainmise sur Montréal et sa longévité à la mairie ne seront dépassées que par son successeur, Jean DRAPEAU. Houde est élu en 1949 député fédéral de la circonscription montréalaise de Papineau, mais il ne s'intéresse guère à cette fonction. Homme très corpulent doté d'un nez à la Cyrano et d'un sens de l'humour remarquable, ayant un penchant pour les cigares noirs Tueros, Houde pratique la favoritisme et dispense généreusement ses largesses depuis son bureau à l'hôtel de ville durant les pires années de la Crise des années 30 et même par la suite. Il considère avec une certaine bienveillance les bordels et les débits de boisson clandestins ainsi que la pègre et les bandits de la ville. C'est alors le règne de Duplessis et Houde considère la corruption qui entache une bonne partie des membres du conseil municipal, de la police et de la presse comme une réalité incontournable. Il est bien plus obsédé par l'immortalité que par l'argent. Son style flamboyant et passionné se reflète dans la crypte où il est enterré au cimetière de Côte-des-Neiges à Montréal, une réplique en marbre d'Italie du tombeau de Napoléon.

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