Cadieux, Anne-Marie | l'Encyclopédie Canadienne

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Cadieux, Anne-Marie

Anne-Marie Cadieux, comédienne (Montréal 23 septembre 1963). Après un baccalauréat en théâtre de l'Université d'Ottawa, Anne-Marie Cadieux monte sur les planches pour la première fois en 1983, dans Les Belles-Sœurs, mise en scène par André Brassard (CNA/NCT).

Cadieux, Anne-Marie

Anne-Marie Cadieux, comédienne (Montréal 23 septembre 1963). Après un baccalauréat en théâtre de l'Université d'Ottawa, Anne-Marie Cadieux monte sur les planches pour la première fois en 1983, dans Les Belles-Sœurs, mise en scène par André Brassard (CNA/NCT). Celui-ci la dirige à nouveau dans L'Année de la grosse tempête d'André Ricard (CNA, 1984), puis dans Les Bonnes de Genet (CNA, 1985).

En 1990, Anne-Marie Cadieux fait deux rencontres déterminantes: celle de Brigitte Haentjens, qui lui confie le rôle de la louve dans Soirée bénéfice pour ceux qui ne seront pas là en l'an 2000 de Michel Marc Bouchard (Atelier du CNA), et celle de Robert Lepage, qui en fait sa lady Capulet dans Roméo et Juliette (Nightcap Productions). Avec ces deux metteurs en scène, elle établira une longue et féconde complicité. Avec Lepage, d'abord, elle jouera la trilogie shakespearienne (Macbeth, Coriolan, La Tempête, 1992-93), qui sera présentée en tournée internationale, comme le seront aussi Les Sept Branches de la rivière Ota (1994-97). Puis, elle devient un peu l'actrice fétiche de Brigitte Haentjens, à partir de Quartett de Heiner Müller (Espace Go, 1996). Les spectateurs médusés découvrent, dans cet impitoyable pas de deux avec Marc Béland, sa force de composition exceptionnelle. Suivront Combat de nègre et de chiens de Bernard-Marie Koltès (Théâtre Nouveau Monde, 1997), Marie Stuart de Dacia Maraini (TNM, 1999; prix Gascon-Roux, meilleure interprète de l'année) et, coup sur coup, Électre, Malina et Mademoiselle Julie (Espace Go, 2000). Anne-Marie Cadieux joue, par ailleurs sous la direction de Martine Beaulne (Roméo et Juliette, TNM, 1999), Lorraine Pintal (L'Hiver de force, TNM, 2001; Théâtre de l'Odéon, Paris, 2002) et Serge Denoncourt (Gertrude (le Cri), Espace Go, 2005). Impudique, elle se place dans des états de vulnérabilité extrême, et compose des personnages écorchés, chancelants, au bord de l'abîme, se mettant parfois littéralement à nu pour afficher, à même son corps, les souffrances de l'âme. Mais Haentjens a aussi exploité le talent comique de la comédienne dans les Farces conjugales de Feydeau (Théâtre du Rideau Vert, 2003).

On retrouvera également Anne-Marie Cadieux dans un registre plus léger à la télévision (Cover Girl) et au cinéma: Le Cœur au poing de Charles Binamé (1997; prix Jutra, actrice de soutien, 1999); Comment ma mère accoucha de moi pendant sa ménopause de Sébastien Rose (2001) ou Maman Last Call de François Bouvier (2004). Robert Lepage l'avait aussi entraînée chez Feydeau dans , où elle incarnait une comédienne de vaudeville. Par ailleurs, Anne-Marie Cadieux lui doit son premier rôle au grand écran, celui de Manon, la danseuse nue du Confessionnal (1994; prix Luce-Guilbeault, révélation de l'année). Après La Face cachée de la lune (2002) du même Robert Lepage, elle crève l'écran en cinéaste amateur qui traque le bonheur des passants dans Le bonheur est une chanson triste de François Delisle (2003).

Elle est l'auteure de La Nuit (Théâtre de la Vieille 17), qu'elle a également mise en scène et interprétée, une œuvre noire qui offre un tableau troublant du rapport que l'on puisse avoir avec la violence. Ce spectacle a été un électrochoc au Carrefour international de théâtre de Québec en 1994, puis au FTA l'année suivante, avant d'être présenté à Bruxelles en 1995.