Peu de gens savent que des Canadiens d’origine sikhe ont servi dans l’Armée canadienne au cours de la Première Guerre mondiale. Les dossiers militaires de la Grande Guerre recensent dix de ces hommes, qui se sont portés volontaires pour défendre un pays qui leur refusait la citoyenneté. Parmi eux, huit, dont deux sont morts au combat, ont servi en Europe. Un autre, Buckam Singh, a été blessé, puis est mort après son retour au Canada; son histoire est mieux connue que celle des autres.
Le soldat Buckam Singh
Buckam (Bukkan) Singh, né à Mahilpur, dans la région du Punjab, en Inde, en décembre 1893, arrive au Canada en 1907, à l’âge de 14 ans. Il devient mineur en Colombie-Britannique avant de s’installer à Toronto en 1912 ou 1913. Malgré son très jeune âge lorsqu’il émigre au Canada, il est déjà marié, mais en raison des lois sévères sur l’immigration, il ne peut amener son épouse avec lui. En 1915, il s’enrôle dans le Corps expéditionnaire canadien. Il travaille comme ouvrier agricole en Rosebank, en Ontario, lorsqu’il est appelé en service actif et il rejoint le 20e Bataillon. Selon sa pierre tombale, il meurt pendant son service au sein du 28e Bataillon.
Singh est blessé deux fois, dans différentes batailles, et il aurait été traité par le Dr John McCrae, auteur du poème « In Flanders Fields » (v.f. « Au champ d’honneur »). Il est envoyé dans un hôpital d’Angleterre pour être rapatrié au Canada. En Angleterre, il contracte la tuberculose et il meurt à l’hôpital de Kitchener, en Ontario, en août 1919. Il est enterré au cimetière Mount Hope de Kitchener, dans la seule tombe connue au Canada d’un soldat canadien d’origine sikhe de la Première Guerre mondiale.
La commémoration des soldats canadiens d’origine sikhe
Peu d’information a été publiée sur le rôle des sikhs dans le service militaire canadien au cours de la Première Guerre mondiale. La découverte de la Médaille de la victoire de Buckam Singh a incité sa communauté à tenter de le récupérer, et elle le commémore désormais par un service tenu le jour du Souvenir. Cette découverte a aussi fait naître un intérêt pour l’histoire des soldats sikhs du Canada.
L’histoire des soldats canadiens d’origine sikhe, sur laquelle il n’existe presque pas de documents, fait l’objet d’un film du cinéaste David R. Gray. Le documentaire Canadian Soldier Sikhs: A Little Story in a Big War, réalisé pour la chaîne OMNI, présente l’histoire de ces hommes oubliés.
Les soldats canadiens d’origine sikhe de la Première Guerre mondiale
- John Baboo de Winnipeg, originaire du Punjab, en Inde. Il est blessé sur la crête de Vimy.
- Sunta Gougersingh, originaire du Punjab, en Inde. Il s’enrôle à Montréal, sert dans le Régiment de Québec, puis meurt au combat le 19 octobre 1915.
- Buckam Singh de la Colombie-Britannique, originaire du Punjab, en Inde. Il sert dans le 20e Bataillon d’infanterie canadien, est blessé deux fois, puis meurt à Kitchener, en Ontario, le 27 août 1919.
- Hari Singh de Toronto, originaire du Punjab, en Inde. Il sert dans le 3e Bataillon de réserve et les Royal Canadian Dragoons.
- Harnom Singh, alias Harry Robson, de Chilliwack, en Colombie-Britannique, peut être originaire de Juarez, au Mexique, de parents peut être originaires de Singapour et de l’Inde. Il sert dans le 143e Bataillon (Railway Construction Battalion).
- John Singh de Winnipeg, originaire de l’Inde. Il sert dans le 108e Bataillon, Corps expéditionnaire canadien.
- Lashman Singh, originaire de l’Inde. Il s’enrôle à Smiths Falls, en Ontario, sert dans le 75e Bataillon, puis meurt au combat le 24 octobre 1918.
- Ram Singh de Grand Forks, en Colombie-Britannique, originaire du Punjab, en Inde. Il s’enrôle à Vancouver.
- Sewa Singh de Vancouver, originaire de Dinjutah, en Inde. Il sert dans le 1er Bataillon canadien de réserve.
- Waryam Singh, originaire du Punjab, en Inde. Il s’enrôle à Smiths Falls, en Ontario et sert dans le 38e Bataillon (Eastern Ontario Regiment).