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Bobby Breen

Isadore Borsuk (alias Bobby Breen), acteur et chanteur (né le 4 novembre 1928 à Montréal, au Québec; décédé le 19 septembre 2016 à Pompano Beach, en Floride). Bobby Breen était l’un des enfants vedettes les plus célèbres de Hollywood dans les années 1930. Son apparence de chérubin, sa voix angélique de soprano et sa personnalité innocente lui valent le surnom « the boy Shirley Temple ». Sa carrière hollywoodienne prend fin quand il a 12 ans. À l’âge adulte, il donne des spectacles dans des boîtes de nuit, joue du piano et dirige une agence de spectacles. Son statut culte est confirmé quand il apparaît sur la couverture de l’album Sgt. Pepper’s Lonely Hearts Club Band, des Beatles, en 1967.
Bobby Breen en Rainbow on the River (1936).

Jeunesse

Les parents de Bobby Breen (né Isadore Borsuk) sont des réfugiés juifs qui avaient quitté leur Ukraine natale afin d’échapper au chaos de la révolution russe. Il est encore enfant quand sa famille s’installe à Toronto, où ses parents ouvrent une confiserie.

Sa sœur aînée, Sally Borsuk (1918-2002), se fait connaître dans les environs grâce à son talent de chanteuse. En 1931, elle amène son frère à un concours de talents. Bobby Breen chante seul, sans accompagnement musical. Il reçoit une ovation debout. Une semaine plus tard, il chante au Silver Slipper Club, à Toronto. C’est le début d’un contrat de deux ans au célèbre restaurant Savarin, où le petit garçon à la magnifique voix soprano est une sensation qui se produit à salle comble. Bobby Breen reçoit des leçons de chant de la spécialiste vocale Madame de Monterey, qui enseigne aussi à sa sœur, Sally.

Début de carrière

Accompagné de sa sœur de 17 ans, qui est aussi sa gardienne et son impresario, Bobby Breen voyage à Chicago et chante au Oriental Theatre. Le directeur leur remet une lettre d’introduction destinée à Boris Morros, le directeur musical de Paramount Theatres et l’un des hommes les plus importants de la communauté du divertissement new-yorkaise. À l’époque, les cinémas avaient coutume de présenter de courtes productions théâtrales avant le film principal. Boris Morros offre à Bobby Breen un contrat de deux semaines pour chanter au cinéma Paramount le plus populaire de New York. Avec l’argent du contrat et ses revenus en tant que serveuse de banquet, Sally Breen enrôle son frère à la Professional Children’s School, à New York.

En 1934, Harry Richman, une vedette musicale de premier plan à Broadway, visite l’école dans l’espoir de trouver un enfant acteur pour sa nouvelle production, Say When, mettant en vedette Bob Hope. Après avoir passé des auditions à une quarantaine d’élèves, il choisit Bobby Breen. Say When reste à l’affiche pendant seulement six semaines, mais cette brève expérience lui permet d’impressionner des géants de l’industrie des loisirs tels qu’Eddie Cantor, dont les éloges encouragent Sally Breen à amener son frère à Hollywood.

Henry Armetta (gauche) et Bobby Breen en Let's Sing Again (1936).

Célébrité hollywoodienne

À Los Angeles, Sally Breen embauche le docteur Mario Marafioti en tant que professeur vocal pour son frère. Sol Lesser, un producteur à RKO Studios, entend Bobby Breen chanter chez Mario Marafioti et lui fait signer un contrat. Après avoir discuté avec sa sœur et ses parents, qui avaient rejoint leurs enfants à Los Angeles, Sol Lesser donne au nouvel enfant vedette le nom de scène Bobby Breen. Plus tard, ce dernier remplira les démarches pour en faire son nom légal.

En 1936, Bobby Breen fait ses débuts au cinéma avec le film Let’s Sing Again. Le film est un succès retentissant, et est suivi l’année même par Rainbow on the River. Presque du jour au lendemain, Bobby Breen devient l’un des enfants vedettes les plus populaires des États-Unis, à l’égal de Mickey Rooney, Freddie Bartholomew et Shirley Temple. Il chante lors d’émissions de radio animées par Eddie Cantor et Jack Benny, et il reçoit tant de courrier de la part de ses admirateurs que toute sa famille doit l’aider à y répondre. Il gagne environ 50 000 $ par année et joue dans huit films de 1936 à 1939, partageant la scène avec des vedettes telles que Basil Rathbone, Charlie Ruggles, Margaret Hamilton et Ned Sparks, ce dernier qui est comme lui d’origine canadienne. Cependant, l’arrivée de la puberté lui enlève sa voix angélique et met effectivement fin à sa carrière. Son dernier rôle au grand écran est une apparition éclair en compagnie de deux autres enfants vedettes, Carl « Alfalfa » Switzer et George « Spanky » McFarland dans Johnny Doughboy en 1942.

Lorsqu’il participe au tournage d’un film, Bobby Breen est éduqué par des tuteurs, et fréquente des écoles ordinaires quand son horaire le permet, avec une attention particulière pour son entraînement musical. Il devient un pianiste de talent et se produit en soliste à l’Orchestre philharmonique de Los Angeles. Pendant la Seconde Guerre mondiale, il s’enrôle dans l’armée américaine et divertit les troupes en compagnie de vedettes telles que Mickey Rooney, Red Buttons et Broderick Crawford. Il se voit décerner la Médaille de l’étoile de bronze pour son service pendant la guerre.

Bobby Breen

Carrière après Hollywood

Après la guerre, Bobby Breen se donne en spectacle dans les salles de théâtre et dans les boîtes de nuit, et y remporte un certain succès. Il anime des émissions de télévision, monte sur scène lors d’événements caritatifs et joue du piano pour l’orchestre de NBC Radio. Lui et sa femme finissent par emménager à Tamarac, en Floride, et fondent la Bobby Breen Talent Agency, qui organise des spectacles pour des croisières et des maisons de retraite. En 1964, il devient le premier artiste blanc à être enregistré sur le label Motown, de Berry Gordy, même si l’enregistrement n’est jamais publié. En 1967, Bobby Breen entre dans l’histoire de la culture populaire quand les Beatles placent son visage derrière l’épaule de George Harrison dans le collage sur la couverture de leur album Sgt. Pepper’s Lonely Hearts Club Band.