Des groupes d’Antillais commencent à s’installer au Canada vers la fin du 18e siècle. (Voir Marrons de la Jamaïque en Nouvelle-Écosse et Canadiens noirs.) Selon le recensement de 2016, 749 155 Canadiens sont d’origine antillaise, et la plupart d’entre eux ont immigré au Canada depuis les années 1970.
Des groupes d’Antillais commencent à s’installer au Canada vers la fin du 18e siècle. (Voir Marrons de la Jamaïque en Nouvelle-Écosse et Canadiens noirs.) Selon le recensement de 2016, 749 155 Canadiens sont d’origine antillaise, et la plupart d’entre eux ont immigré au Canada depuis les années 1970.
Région des Antilles
La région des Antilles est composée de divers groupes de pays, et est généralement divisée en trois ensembles physiographiques : les Grandes Antilles, les Petites Antilles et certaines îles isolées.
Les Grandes Antilles comprennent Cuba, la Jamaïque, Haïti, la République dominicaine et Puerto Rico. Les Petites Antilles, quant à elle, incluent les îles Vierges, Anguilla, Saint-Kitts-et-Nevis, Antigua-et-Barbuda, Montserrat, la Guadeloupe, la Dominique, la Martinique, Sainte-Lucie, Saint-Vincent-et-les-Grenadines, la Barbade et Grenade. Enfin, les îles isolées des Bahamas, les îles Turques-et-Caïques, Trinité-et-Tobago, Aruba, Curaçao et Bonaire font également partie de la région.
Même si les Bermudes ne font pas partie des Antilles d’un point de vue physiographique, elles possèdent des liens historiques et culturels avec les autres îles antillaises et sont donc souvent incluses dans les définitions de la région.
Aujourd’hui, on parle de nombreuses langues dans les archipels des Antilles, dont l’anglais, l’espagnol et le français, ainsi que le créole haïtien et le créole jamaïcain.
Histoire de l’immigration antillaise au Canada
En 1796, de 550 à 600 Marrons arrivent à Halifax, en Nouvelle-Écosse, après que les Britanniques tentent sans succès de les réduire en esclavage en Jamaïque. De 1800 à 1920, un petit nombre de Jamaïcains et de Barbadiens immigrent aussi au pays pour travailler dans les mines de Cap-Breton et de Sydney. (Voir Histoire des migrations de travail au Canada.) Avant 1960, les quelques immigrants originaires de la région antillaise arrivent des colonies britanniques, particulièrement la Barbade, la Jamaïque, Trinité et les Bermudes.
L’immigration des Antilles prend son plein essor à partir des années 1960 et dès 1973, compte pour presque 13 % de toute l’immigration au Canada. La majorité des 749 155 Canadiens se déclarant d’origine antillaise dans le recensement de 2016 immigre après que le premier ministre Pierre Elliott Trudeau met en place, en 1971, la politique du multiculturalisme. Avant les années 1970, toutefois, la relation du Canada avec les Antilles est somme toute limitée.
On compte trois grandes cohortes d’immigration des Antilles au Canada.
La première cohorte a lieu de 1900 à 1960, une période au cours de laquelle le Canada accepte quelque 21 500 immigrants des Antilles. Le léger pic d’immigration de 1945 à 1960 coïncide avec l’expansion économique d’après-guerre et, de 1955 à 1967, on établit le programme de recrutement de domestiques antillaises, qui vise presque exclusivement à amener aux pays des femmes de la Jamaïque et de la Barbade pour qu’elles y soient aides-domestiques. C’est grâce à ce programme que des femmes comme Jean Augustine, première femme noire à être élue députée et ministre du cabinet, entrent au Canada.
La deuxième cohorte d’immigration, de 1960 à 1971, coïncide avec la libéralisation de la Loi canadienne sur l’immigration. Au cours de cette période, le Canada accueille environ 64 000 personnes antillaises. En effet, en 1962, le Canada applique un nouveau règlement en matière d’immigration (la Loi canadienne sur l’immigration de 1962), qui réduit l’importance accordée à la couleur de la peau et à la nationalité pour les immigrants au Canada et met plus d’accent sur l’éducation et les compétences. En 1967, le Canada instaure le système de points, qui permet aux gens de partout sur la planète d’immigrer au Canada. À partir des années 1970, le Canada connaît une hausse de l’immigration résultant d’un mouvement international visant à ralentir l’émigration européenne, et commence à dépendre de plus en plus de la main-d’œuvre des pays en développement. (Voir Politique d’immigration au Canada.)
La troisième cohorte, qui débute au début des années 1970, coïncide avec la récession économique. Hormis les années 1973 et 1974 (inhabituelles en raison du Programme d’évaluation du statut qui aide de nombreuses personnes à régulariser leur statut), l’immigration en provenance des Antilles décline. En 1973, 20 000 personnes d’origine antillaise sont admises au Canada et en 1974, ce nombre monte à 23 885. Du milieu jusqu’à la fin des années 1970, toutefois, une récession économique ralentit la migration des Antilles vers le Canada, qui passe de 10 % de l’immigration totale en 1975 à 6 % en 1979. Ce chiffre se maintient jusqu’en 1996.
De 1996 à 2001, la population canadienne générale croît de 4 %, tandis que la population canadienne d’origine antillaise grandit à un taux plus rapide de 11 %. La plupart des Canadiens provenant des Antilles s’établissent dans les provinces plus populeuses comme l’Ontario et le Québec, notamment dans les grands centres urbains tels que Toronto et Montréal.
La majorité des immigrants des Antilles au Canada parlent au moins une des langues officielles du Canada. Les habitants d’Antigua, de la Grenade, des Bahamas, de la Barbade, de la Jamaïque, de Trinité-et-Tobago, de Montserrat, de Sainte-Lucie, des îles Vierges, de Saint-Kitts-et-Nevis, de la Dominique et de Saint-Vincent parlent généralement l’anglais. La majorité des francophones caribéens, quant à eux, sont d’Haïti, de Martinique et de Guadeloupe. Les hispanophones, quant à eux, sont de Puerto Rico, de Cuba et de la République dominicaine. Dans de nombreux cas, la langue joue un rôle majeur dans le choix du nouveau lieu de résidence de ces immigrants. Les Haïtiens francophones, par exemple, s’établissent traditionnellement au Québec (et à Montréal), tandis que les Antillais anglophones choisissent généralement l’Ontario (et Toronto). (Voir Langue française au Canada; Anglais canadien.)
Vie culturelle et sociale
Ce sont les immigrants jamaïcains qui amènent le rastafarianisme au Canada. Ils introduisent également le reggae, un style de musique alliant les traditions africaines et le rhythm and blues. Né dans les années 1960 dans les ghettos de Kingston en Jamaïque, le reggae s’est ensuite répandu en Angleterre et en Amérique. Les Trinidadiens, quant à eux, introduisent la tradition du carnaval, la musique calypso et la musique soca. La soca est un genre musical issu d’une sous-culture marginalisée à Trinité-et-Tobago au début des années 1970 qui mélange le calypso, le chutney, la cadence, le funk et le soul. (Voir aussi Musique des Antilles au Canada.)
Il existe aussi plusieurs festivals annuels partout au Canada qui célèbrent la culture antillaise, dont le Toronto Caribbean Carnival, le Durham Caribbean Festival, le Jerkfest et le Caribbean Tales International Film Festival à Toronto ; le Cariwest à Edmonton ; les Caribbean Days à North Vancouver ; le Carifest à Calgary ; la Carifiesta à Montréal ; et le Scarborough AfroCarib Fest et le Irie Music Festival à Mississauga. Ces festivals ont généralement lieu au printemps ou à l’été, mais divers organismes et événements soulignent également toute l’histoire des Noirs au Canada (y compris l’histoire des Antillocanadiens) pendant les mois d’hiver (voir Célébration du Mois de l’histoire des Noirs au Canada).
Les Canadiens des Antilles sont également représentés dans les médias écrits, radiophoniques et télévisuels. Les stations de radio mettant la culture antillocanadienne en valeur sont G 98,7, Carib101 Radio, CJTR Regina, CIUT Radio, Radio Haiti on News et Voix Tropicale FM, tandis que leurs homologues télévisuels sont Afroglobal Television, Caribbean Vibrations et WIN Caribbean. Parmi les journaux qui font connaître la culture caribéenne au Canada, mentionnons Toronto Caribbean Newspaper, Pride News, Montreal Community Contact et Our Legacy News.
Vie religieuse
La religion est un élément fort important dans la vie des Antillais sur les îles, mais également pour ceux qui se sont installés au Canada. La foi est principalement maintenue par ceux qui ont émigré directement des Antilles, comparativement à ceux d’origine antillaise nés au Canada. La génération et l’âge jouent également un rôle important dans le maintien des habitudes religieuses chez les Antillocanadiens.
Une grande partie des Canadiens antillais sont de confession chrétienne (catholique, protestante, anglicane, pentecôtiste, adventiste du septième jour), mais certains pratiquent aussi les religions rastafari et islamique.
Selon le recensement de 2011 de Statistique Canada, 265 035 immigrants canadiens sur un total de 3 669 430 s’identifient comme chrétiens et originaires des îles antillaises de la Jamaïque, de la Guyane, de Trinité-et-Tobago et d’Haïti. Un petit nombre de ces Canadiens d’origine antillaise, soit 36 120, déclare n’avoir aucune appartenance religieuse, tandis que 15 645 autres déclarent qu’ils sont musulmans et pratiquent l’islam.
Vie politique
Au Canada, les batailles politiques des Antillais portent sur l’amélioration des conditions de travail ; le racisme omniprésent dans l’emploi, l’éducation et le logement ; le droit à l’immigration et le droit de participer à la vie politique de leur mère patrie et du Canada. Les Canadiens antillais anglophones luttent également contre la discrimination raciale qui empêchait à l’époque les travailleurs noirs d’obtenir un emploi sur le chemin de fer. L’un de leurs premiers succès est la création de l’Ordre des porteurs de voitures-lits, une organisation syndicale maintenant affiliée à la Fraternité internationale des porteurs de voitures-lits (voir Porteurs de voitures-lits au Canada).
Depuis le début du 20e siècle, les Canadiens antillais se battent pour la cause des femmes par l’entremise du Coloured Women’s Club, fondé en 1902. Le Congrès des femmes noires du Canada, une organisation plus récente, regroupe des femmes anglophones et francophones du Canada, des pays des Antilles et d’autres pays.
Dans un effort pour défendre les intérêts des personnes noires et lutter contre le racisme à tous les niveaux, un certain nombre d’organisations visant à unir les Noirs d’origine antillaise sont mises sur pied. Une des premières organisations vouées à la défense des droits des Canadiens noirs est la Canadian League for the Advancement of Colored People, inspirée par la NAACP. Entre les deux grandes guerres mondiales, l’Universal Negro Improvement Association est fondée par un des grands leaders noirs aux États-Unis, le Jamaïcain Marcus Garvey. Celui-ci dirige un mouvement noir différent qui prône un retour en Afrique et la non-intégration. Cette association donne naissance à une série d’organismes satellites au Canada.
À la fin des années 1960, les organisations d’étudiants et de jeunes se mobilisent contre le système scolaire en place. Ces organisations sont inspirées par le mouvement des Black Panthers aux États-Unis et les luttes de libération nationale dans le monde entier. L’incident survenu à l’Université Sir George Williams de Montréal (aujourd’hui l’Université Concordia) en 1968-1969 a également une grande influence sur le mouvement. Au cours de cet incident, plusieurs étudiants noirs et autres partisans occupent et endommage le laboratoire informatique de l’établissement pour protester contre le système de notation raciste d’un professeur. (Voir Affaire Sir George Williams.) C’est aussi dans ce contexte plus large qu’est fondé, en Nouvelle-Écosse, le Black United Front.
Des organisations haïtiennes au Québec luttent activement contre le régime Duvalier à Haïti et la déportation des Haïtiens en 1974 et 1979, en plus d’établir des services d’information, d’urgence, d’alphabétisation et autres. Les Haïtiens exercent également des pressions sur le gouvernement pour qu’il accorde plus facilement le statut de réfugié politique aux immigrants haïtiens et latino-américains. (Voir Politique canadienne sur les réfugiés.)
D’autres organisations canadiennes vouées aux intérêts et aux besoins des Canadiens d’origine antillaise voient le jour au fil des ans. Parmi elles, on compte l’Ontario Black History Society (OBHS), la Thornhill African Caribbean Canadian Association (TACCA), le Council of Caribbean Associations Canada, la Jamaican Canadian Association, la Trinidad and Tobago Association of Ontario et le Caribbean Community Council of Calgary. On trouve également Black Lives Matter Canada, un organisme canadien qui représente les Canadiens noirs dans la lutte contre l’inégalité, la brutalité policière, la discrimination et le racisme systémique.
Relations internationales entre le Canada et la région des Antilles
Le Canada entretient des relations positives avec les pays des Antilles, rassemblés sous le sigle CARICOM. Ensemble, ils collaborent dans les domaines de l’investissement et du tourisme, ainsi que sur une foule d’enjeux sociaux, économiques et de sécurité.
Canadiens notables d’origine antillaise
Parmi cette communauté, on compte la députée Celina Caesar-Chavannes ; Donovan Bailey, ancien sprinteur professionnel et médaillé d’or olympique ; Bruny Surin, athlète retraité et médaillé d’or olympique ; Lincoln Alexander, ancien lieutenant-gouverneur de l’Ontario ; Anne Cools, première sénatrice canadienne noire (et plus ancienne membre du Sénat) ; Michaëlle Jean, ancienne gouverneure générale ; et Afua Cooper, autrice, historienne et poète.