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Andrew Scheer

Andrew James Scheer, chef du Parti conservateur du Canada et leader de l’opposition (2017-2020), président de la Chambre des communes, député (né le 20 mai 1979 à Ottawa, en Ontario). Andrew Scheer a été élu à titre de député alors qu’il avait 25 ans. Il a été le plus jeune président de la Chambre des communes lorsqu’il a été élu à ce poste en 2011, à 32 ans. Six ans plus tard, il est devenu le deuxième chef Parti conservateur du Canada depuis sa reconstitution en 2004. Sous Andrew Scheer, les conservateurs remportent 121 sièges aux élections fédérales de 2019, augmentant ainsi leur présence à la Chambre des communes. Cependant, ils n’ont pas réussi à vaincre les libéraux au pouvoir, qui ont remporté un gouvernement minoritaire. Le 12 décembre 2019, Andrew Scheer a annoncé sa démission de son poste de chef du Parti conservateur du Canada.

Andrew Scheer

Andrew Scheer en 2015. Andrew Scheer devient le chef du Parti conservateur en 2017.

(Marcos Oliveira/Agência Senado, Wikimedia Commons)


Jeunesse

Andrew Scheer naît le 20 mai 1979. Il est le deuxième enfant d’une fratrie de trois qui comprend également ses sœurs Catherine et Anne‑Marie. Sa mère, Mary Scheer, est infirmière pédiatrique, et son père, James (Jim) Scheer, travaille comme bibliothécaire à l’Ottawa Citizen , tout en exerçant les fonctions de diacre au sein de l’archidiocèse d’Ottawa .

À l’âge de neuf ans, le jeune Andrew décroche un emploi de camelot dont il dira plus tard qu’il a contribué à faire naître chez lui le goût de la politique et des sujets d’actualité. Il déclarera également se souvenir de ce lendemain de Noël, en 1989, où il a vu la photo du dictateur roumain Nicolae Ceaușescu, en première page du journal, tué par ses propres soldats. Il précisera avoir gardé en mémoire les longues discussions que cet épisode avait suscitées au sein de la famille, non seulement au sujet de l’incident lui‑même, mais également pour savoir si une telle chose pourrait arriver au Canada.

Le jeune Andrew Scheer fréquente l’école secondaire Immaculata à Ottawa, une école catholique  où il suit un programme d’immersion en français. À l’adolescence, il travaille en parallèle dans des kiosques commerciaux lors de manifestations sportives se tenant à Ottawa et comme serveur dans un restaurant de la ville.

Débuts en politique

La première rencontre formelle d’Andrew Scheer avec la politique survient à l’école secondaire; dans le cadre d’un cours sur la programmation en ligne, il s’intéresse au site Web du Parti réformiste . Le contenu du site retient son attention et, curieux, il entre en contact avec ce parti, puis participe, en 1999, au congrès de l’Alternative Unie, une coalition de conservateurs cherchant à former un nouveau parti de droite unifié. Ce processus débouche sur la formation de l’Alliance canadienne .

À cette époque, Andrew Scheer étudie l’histoire et les sciences politiques à l’Université d’Ottawa . Il est également responsable du club universitaire de l’Alliance canadienne et contribue à la campagne de Preston Manning  à la chefferie du parti. Ce dernier perd toutefois cette course face à Stockwell Day  qui devient leader de l’opposition  à la Chambre des communes  et recrute Andrew Scheer pour travailler dans l’unité de la correspondance du Bureau du chef de l’opposition.

À Ottawa, Andrew Scheer rencontre Jill Ryan, une jeune femme originaire de Regina . Il déménage alors en Saskatchewan  afin de continuer ses études à l’Université de Regina . En 2003, il épouse Jill avec laquelle il aura cinq enfants.


32509830 © Sergiy Mashchenko | Dreamstime.com | 32509830 © Sergiy Mashchenko | Dreamstime.com


Parti conservateur

Andrew Scheer travaille dans le domaine des assurances en 2003, mais il quitte l’entreprise qui l’emploie pour se joindre au bureau de circonscription du député  de l’Alliance canadienne Larry Spencer. Fin 2003, l’Alliance fusionne avec les progressistes‑conservateurs pour former le Parti conservateur du Canada  avec à sa tête Stephen Harper . Andrew Scheer décide alors de tenter sa chance dans la course à un siège de député.

En vue des élections de 2004, Andrew Scheer bat un ancien joueur de ligne de la Ligue canadienne de football  et obtient l’investiture des conservateurs dans la circonscription de Regina‑Qu’Appelle. Toutefois, les observateurs estiment alors que ses chances seront plutôt minces, lors des élections elles‑mêmes, face au néo-démocrate  Lorne Nystrom qui détient cette circonscription, en totalité ou en partie, depuis 32 ans. Pourtant, le 28 juin 2004 (à 25 ans), il remporte le siège avec une marge de 861 voix et devient l’un des 99 députés conservateurs, provenant de tout le Canada, élus à la Chambre à Ottawa, qui formeront l’opposition officielle.

Député

Andrew Scheer fait son premier discours au Parlement  en réponse au discours du Trône  du gouvernement libéral . Il y expose notamment la façon dont il conçoit le rôle du gouvernement : « J’estime qu’il y a certaines limites à l’étendue du pouvoir du gouvernement, que certains problèmes doivent être réglés par des Canadiens individuellement, des collectivités ou des organismes de la base. Nous avons besoin d’un gouvernement qui admet ses propres limites. »

La Chambre des communes

(photo de Roy Grogan, avec la permission du Bibliothèque du Parlement, Gouvernement du Canada)


En 2005, Andrew Scheer s’oppose farouchement à la légalisation sur le mariage entre personnes du même sexe . À l’occasion de débats particulièrement vifs, il soutient que puisque les couples de même sexe ne peuvent pas procréer naturellement, ils ne peuvent pas non plus se marier, avant de voter contre le projet de loi à l’étude. Il ajoute qu’en tant que catholique , le fait que l’on ait dit aux prêtres qu’il leur était interdit de faire part de leur opposition au mariage entre personnes du même sexe, le répugne profondément.

En dépit de ses opinions, Andrew Scheer fera partie de ceux qui, lors du congrès d’orientation du Parti conservateur de 2015, estimeront que le moment est venu d’éliminer l’opposition explicite au mariage entre personnes du même sexe du document d’orientation stratégique du parti. Ils expliquent qu’il faut désormais que les politiques conservatrices traduisent mieux les valeurs de la société canadienne.

Président de la Chambre

Andrew Scheer est réélu député en 2006. Les conservateurs forment alors un gouvernement minoritaire  et il devient vice‑président  adjoint de la Chambre des communes, puis vice‑président après les élections de 2008. Il explique que ce poste l’a attiré parce qu’il avait observé la façon dont les libéraux  avaient exploité, à leur avantage, le processus et les procédures de la Chambre des communes au cours de leurs années de gouvernement minoritaire .

Lors des élections de 2011, les conservateurs obtiennent un gouvernement majoritaire et, réélu député, Andrew Scheer prend le meilleur sur sept autres députés et décroche le poste de président de la Chambre des communes. Il devient, à 32 ans, le plus jeune titulaire du poste de l’histoire. Deux ans plus tard, il prend l’une de ses plus importantes décisions de président lorsqu’il statue que les députés devraient être libres de faire des déclarations à la Chambre ou de poser des questions sans être inscrits sur une liste d’intervenants établie par un parti, une pratique qui était devenue habituelle dans le cadre d’un contrôle de plus en plus étroit exercé par les chefs et les whips des partis.

Andrew Scheer

Andrew Scheer a été président de la Chambre des communes de 2011 à 2015.

(avec la permission de la Chambre des communes)


Chef du Parti conservateur

En 2015, Andrew Scheer est réélu député une nouvelle fois; toutefois, à l’échelon national, les conservateurs perdent le pouvoir au profit des libéraux, ce qui met fin à son poste de président de la Chambre . Lorsque Stephen Harper  démissionne de son poste de chef conservateur, Andrew Scheer envisage d’être nommé chef intérimaire du parti. Toutefois, encouragé par des amis, il se lance plutôt dans la course pour obtenir le poste permanent. En attendant le choix d’un chef titulaire, Rona Ambrose, qui exerce les fonctions de chef intérimaire à la suite du départ de l’ancien premier ministre, le nomme leader de l’opposition à la Chambre .

Au printemps 2016, on commence à parler ouvertement d’Andrew Scheer comme d’un candidat potentiel au poste de chef conservateur. À l’automne, il démissionne de son poste de leader de l’opposition à la Chambre pour se lancer officiellement dans la course à la chefferie.

Andrew Scheer gagne rapidement le soutien de plusieurs membres du caucus conservateur. Malgré tout, il ne parvient pas, lors de sa campagne, à décoller de la troisième place jusqu’à ce que le célèbre homme d’affaires Kevin O’Leary abandonne la course en avril 2017. On estimait alors que ce dernier terminerait en seconde position derrière le député québécois  Maxime Bernier qui faisait la course en tête. Le retrait de Kevin O’Leary fournit toutefois une ouverture à Andrew Scheer. Il met notamment en place une stratégie concertée de séduction des agriculteurs québécois. En effet, ces derniers sont rebutés par la position de Maxime Bernier qui s’est prononcé en faveur de l’abolition de la gestion de l’offre dans l’industrie laitière , une politique que de nombreux acteurs de cette industrie considèrent comme vitale pour sa survie.

Andrew Scheer bénéficie également du soutien de nombreux conservateurs sociaux. Cela étant dit, certains d’entre eux suggèrent de ne pas l’appuyer compte tenu de son refus, s’il devenait premier ministre, de rouvrir les débats sur des enjeux comme l’avortement  ou le mariage entre personnes de même sexe , et ce, en dépit de son opposition personnelle sur ces deux sujets.

La plateforme politique de l’ancien leader de l’opposition comprend, par ailleurs, un engagement d’éliminer les taxes fédérales sur le chauffage domestique, d’annuler les financements fédéraux pour les universités qui ne garantissent pas la liberté d’expression sur leur campus et d’offrir des crédits d’impôt pour les parents qui assurent la scolarisation de leurs enfants à domicile ou les envoient dans des écoles privées.

Pendant sa campagne, Andrew Scheer se voit souvent comparé à Stephen Harper, sans que cela ne lui pose aucun problème. En effet, il explique que si les conservateurs ont été battus lors des élections précédentes, c’était uniquement pour des raisons de forme et non pas de fond : « Nous devons juste tout faire pour que nos politiques trouvent, à l’échelon le plus concret, un écho favorable auprès des simples citoyens. »

Lors du vote, le 27 mai 2017, Andrew Scheer est finalement déclaré vainqueur avec près de 63 000 voix lors du dépouillement du dernier tour de scrutin. Maxime Bernier, arrivé en deuxième position, rassemble sur son nom pratiquement 56 000 voix. Il s’agit d’une victoire par la plus faible des marges, le vainqueur ne récoltant que 50,95 % des « points pondérés » disponibles en vertu des règles de cette élection.

En tant que chef, Andrew Scheer promet de ne pas bouleverser les orientations du parti par rapport aux positions et aux politiques de l’ère Harper. Cette promesse pousse certains commentateurs à décrire le politicien comme un « émule de Stephen Harper, mais souriant ».

Chef de l’Opposition officielle

En tant que leader du parti d’opposition, Andrew Scheer critique fréquemment et sévèrement les décisions du premier ministre Justin Trudeau . À l’instar des premiers ministres conservateurs, il dénonce l’introduction de la taxe sur le carbone . Il promet d’ailleurs de l’abroger si le parti est élu aux élections de 2019. Il décrie également l’acquisition et la gestion par le gouvernement du projet d’oléoduc Trans Mountain, et s’oppose à la décision du gouvernement d’indemniser Omar Khadr . Andrew Scheer prétend enfin qu’il aurait mieux fait que Justin Trudeau pour ce qui est de la renégociation de l’Accord de libre-échange nord-américain. (Voir aussi Accord Canada-États-Unis-Mexique.)

En 2019, Andrew Scheer accuse Justin Trudeau d’ingérence politique dans l’affaire SNC-Lavalin  et demande la mise sur pied d’une enquête par la GRC. Lorsque Trudeau le menace de poursuite pour diffamation, Andrew Scheer l’encourage, déclarant qu’il a l’intention de défendre ses positions.

Controverses

Andrew Scheer est la cible de nombreuses critiques de la part des libéraux, et d’autres, pour son refus de participer aux défilés de la fierté LGBTQ. Au cours de la campagne électorale fédérale de 2019, il est également critiqué pour avoir dit qu’il n’exclurait pas les candidats conservateurs ayant fait des remarques « inappropriées » sur la communauté LGBTQ ou tout autre groupe dans le passé, pourvu qu’ils présentent leurs excuses. À la fin d’août 2019, une vidéo de 2005 fait surface dans laquelle on voit Andrew Scheer débattre contre le mariage gai au Parlement. Ces événements et déclarations, couplées à son indéfectible soutien des conservateurs sociaux, poussent certains à croire qu’il voudrait peut-être rouvrir le débat sur l’avortement et le mariage gai. Andrew Scheer déclare toutefois qu’il n’a pas l’intention de revoir la loi sur ces questions.

Pendant la campagne électorale de 2019, on révèle que Andrew Scheer a auparavant menti sur son expérience professionnelle; il a prétendu avoir travaillé comme courtier en assurances, alors qu’en fait il travaillait comme commis pour une société de courtage et n’était pas agréé comme courtier. Il a également été rapporté que Scheer possède la double nationalité canadienne et américaine – son père étant originaire des États-Unis. Les critiques accusent Scheer de cacher ce fait, surtout après avoir exprimé ses inquiétudes quant à la nomination de Michaëlle Jean au poste de gouverneure générale en 2005 en raison de sa double nationalité canadienne et française. (Michaëlle Jean a renoncé à cette dernière avant d’être assermentée.) Andrew Scheer a déclaré aux médias : « Je n’ai jamais essayé de cacher cela. Je n’ai jamais été interrogé à ce sujet par des Canadiens ». Il a déclaré pendant la campagne qu’il était en train de renoncer à sa citoyenneté américaine. Toutefois, après sa défaite électorale, il a annoncé qu’il conserverait sa citoyenneté américaine puisqu’il ne serait pas premier ministre.

Élections fédérales de 2019

Sous le leadership d’Andrew Scheer, les conservateurs remportent 121 sièges aux élections fédérales du 21 octobre 2019. Le parti renforce sa présence à la Chambre des communes et remporte le vote populaire, obtenant plus de 34 % des suffrages contre 33 % pour les libéraux. Cependant, les libéraux remportent 157 sièges, assez pour obtenir un gouvernement minoritaire. Bien que les conservateurs fassent des progrès considérables en Saskatchewan, en Alberta et au Manitoba, ils ne réussissent pas à persuader suffisamment d’électeurs dans le reste du pays. Andrew Scheer conserve son siège à Regina-Qu’Appelle ainsi que son poste de chef de l’opposition.

Immédiatement après l’élection, Andrew Scheer est critiqué au sein de son parti pour ne pas avoir réussi à détrôner le premier ministre Justin Trudeau. Nombreux sont ceux qui considéraient le chef libéral comme extrêmement vulnérable à la suite de l’affaire SNC-Lavalin. Cette situation était d’ailleurs aggravée par les révélations faites pendant la campagne selon lesquelles Trudeau s’était maquillé en blackface à plus d’une occasion. Peter MacKay a déclaré que la défaite électorale d’Andrew Scheer était « comme avoir une échappée devant un filet ouvert et manquer le but ». Les appels à la démission d’Andrew Scheer s’intensifient. Le 12 décembre 2019, il annonce sa démission de son poste de chef du Parti conservateur du Canada. Il est resté à la tête du parti jusqu’à l’élection d’Erin O’Toole lors du congrès de direction en ligne du parti conservateur, le 23 août 2020.